Expert financier et ancien inspecteur général d’État et président de l’ONG Aca (Alliance contre le crime organisé en Afrique ) Ngouda Fall Kane puisque c’est de lui qu’il s’agit accordé une priorité à la sécurité et à la stabilité. Avec la déclaration attendue de la part de Macky Sall ce lundi ce dernier est d’avis que la stabilité du pays est entre ses mains.
Comment analysez-vous cette projection record de 7000 milliards en 2024 dans un contexte économique particulier ?
Le budget c’est une autorisation et des prévisions. Il s’agit de recettes et de dépenses et il est bâti sur la base d’hypothèses raisonnables. Le budget est bâti sur une projection de croissance de 10% et de mobilisation de ressources de l’État car les services financiers en matière de recouvrement ont évolué en termes de procédures et de digitalisation. De 2022 à 2023 le taux de mobilisation de ressources fiscales à augmeté par rapport au Pib. Il y a aussi malgré le contexte il y’a quand même au plan international autant de ressources avec le forum de Paris etc. Des engagements et la mise en œuvre des promesses du Fmi avec les 100 milliards comme la dit le ministre du Budget. 100 milliards de Dts à distribuer aux pays pauvres. Mais si nos revenons au plan interne, les ressources fiscales doivent augmenter. De notre position pétrolière et gazière, on progresse vers un stade en 2024. Le Sénégal sera une économie pétrolière et gazière avec ses ressources. Les fonctionnaires du ministère ont bien travaillé et on verra en 2024 en termes de réalisations. Je félicite le ministre du budget en disant que tout ce que nous projetons ne peut se faire que dans la stabilité et la sécurité, c’est important.
On parle de budget et d’impact. Mais il y’a un problème car la pauvreté augmente au regards de l’inflation ?
Mais je suis d’accord avec vous car il faut que la croissance économique soit ressentie et que l’accroissement important du budget soit ressenti. Mais il ne faut pas oublier que son rôle est de les redistribuer à travers les salaires. Un fonctionnaire à des personnes derrière lui et l’état de certains pays est le principal employeur. Donc à ce niveau il faut une appréciation importante de redistribution des salaires. Mais une bonne partie doit aller vers la couverture fondamentale de l’état d’où la réduction de la pauvreté. Tout ce qui est réalisé peut aider les gens à faire face aux difficultés quotidiennes. L’indice de pauvreté a augmenté et ce qui est bizarre ce sont les produits locaux. À ce niveau l’action de l’État doit être accrue et que les Ics servent à quelque chose aussi. Que l’engrais et les intrants aussi soient accessibles. Il faut juste un rôle mais c’est vrai aussi que les subventions il y’a une limite car elles creusent le déficit budgétaire. Et c’est un paradoxe mais les Isc doivent faire des efforts. Comment expliquer que le sac d’engrais coûte 25 milles pour quelqu’un qui peine à tirer de sa production 100 mille francs. Il faut donc être conscient malgré les infrastructures. Mais il faut que le volet social soit appuyé.
Il a été recommandé l’exonération et les subventions non ciblées.
Oui cela rentre dans la maîtrise des recettes. Pour cela il faut optimiser les rendements et donc il faut revoir tout cela et donc faire une évaluation. Il faut aussi le faire et optimiser le rendement de l’impôt et c’est le rôle des autorités. Il faut lutter contre la fraude, l’ évasion fiscale car ce sont des dépenses. C’est un manque à gagner important. L’impôt est un instrument de politique économique. Moi je ne suis pas pour une projection exagérée du budget. 7000 milliards c’est raisonnable et bâtie sur des hypothèses que personne ne peut en doute. Il faut garder des hypothèses économiques et extra économiques mais tout cela soit s’adosser sur une stabilité interne et externe. Si le pays est instable, on ne pourra rien faire.
Alors par rapport à ces institutions financières les gens sont pressés de nous prêter de l’argent mais le taux d’endettement est élevé ?
Oui car quand le taux d’endettement dépasse 65%Il faut être prudent. Nous sommes à 75% au-delà des critères de l’Uemoa et donc il faut que l’état dégage une stratégie de désendettement. Mais nous sommes dans un environnement de soutenabilité mais que l’on soit regardant car il faut une c’est un prudentiel. Nous ne sommes pas comme les USA qui créent leur propre monnaie. Nous ne pouvons pas faire non plus comme la France qui ne peut plus creuser son déficit et donc il faut une gestion prudentielle de cet endettement et trouver un stratège de désendettement. Comme nous allons vers une économie pétrolière mais il faut faire attention aussi et gérer tout cela. Ce qui est important c’est que si l’endettement soit orienté vers le financement d’activités productives mais ce qui ce qui est dangereux c’est de s’endetter pour financer des activités non productives et de valeurs ajoutée. Il faut bien encadrer tout cela.
La stabilité on en parle car ce pays a été secoué par des événements violents. Que faut il faut de pour protéger l’économie sénégalaise ?
Des gens ont perdu des biens mais on ne fait pas une résolution en s’attaquant aux infrastructures. Une révolution mais on ne détruit pas ce qui nous appartient. Mais regardez l’université, au Cesti etc. Mais des lieux de formation mais personne n’aurait cru que ces lieux seraient un jour attaqués. Mais ce n’est pas une révolution. Il faut que les jeunes aient un esprit de discernement et que les hommes politiques se parlent. La seule solution c’est le dialogue et la concertation. Que les gens parlent et trouvent une solution. Mais le jusqu’au boutiste ne mène à rien. Il faut discuter et dans la franchise et faire des concessions des deux côtés. Un dialogue sans concession est un monologue. Et aussi comme je le dis souvent le président a l’obligation d’inscrire son nom dans l’histoire de ce pays et il lui appartient de mettre en place tout le dispositif nécessaire pour parvenir à la stabilisation interne et externe. Il faut que les thuriféraires de ces partis politiques et de la société civile arrêtent de mettre le feu. Ça ne marche pas. Car cela contribue à détruire ce pays. Nous sommes pris en otage par des politiques. Nous sommes pris en otage car 63% des citoyens ont peur selon une étude. On n’ose pas parler. On te manque de respect pourquoi ? On te menace ! Que les gens comprennent que nous ne sommes pas à leur merci et c’est désolant.
Il semble que nous sommes dans la politique business. D’où ce manque de tolérance de part et d’autres ?
Mais vous avez raison car la politique est de nos jours dévoyée. La politique m’a permis de connaître les hommes. Nous avons une politique sale, sans projet, des gens qui ne connaissent rien de l’administration et nous plongent dans des situations extrêmes. Mais les gens doivent débattre sereinement mais de nos jours on nous parle de vieilles choses. Aucun d’eux n’a un projet pertinent pour que ce pays sorte de cette situation car l’État fait de son mieux. Ici les politiciens nous prennent en otage par leurs ambitions personnelles. Il faut aujourd’hui dépolitiser certains secteurs. L’administration doit être dépolitisée. Comme l’armée, la police et la gendarmerie. Ceux là aussi de l’administration décentralisée preuve d’une neutralité positive. Je crois qu’il y a un excès de zèle et il faut revenir aux fondamentaux de l’administration. L’éthique est importante et donc il faut une refonte de cette administration. C’est important. Il y a la fermeté et la courtoisie. Il y a aussi la sauvegarde du bien public et qu’il faut aussi qu’on dépasse la corruption dans la politique.
Le dialogue national a eu lieu et boycotté par quelques-uns et à quoi s’attendre en attendant le discours de Macky ?
Moi je suis la politique de la chaise vide. La politique de la chaise vide n’est pas bien. C’est le cas du Ps. Mais le dialogue devait être inclusif et tout le monde devait participer. Les propositions qui en résultent aussi devraient être incisives. Mais on ne peut dialoguer avec des absents mais il appartient à Macky de prendre toutes les dispositions pour un pays stable. Il doit sécuriser ce pays, le sécuriser etc. Mais que les hommes politiques aient un langage stabilisateur. Il faut défendre la république. Le dialogue est un moyen pour discuter.
Cette question du 3ème mandat suscite bien des craintes.
Il y a eu un débat juridique extrêmement important et riche. Les Constitutionnalistes ont parlé et invalidé d’autres ont validé. Mais ce qui est important c’est sa position qu’il prendra demain et celle qui revient au conseil constitutionnel pour la validation de sa candidature. Le débat juridique est déjà dit. Sans oublier aussi que la stabilité du pays est entre ses mains.
Vous ne redoutez pas des manifestations si Macky Sall se présente ?
Je ne peux pas être à la place de Dieu. Macky doit prendre ses responsabilités historiques et il faut qu’il prenne ses responsabilités. Comme il dit « vous me demandez de partir mais avec la manière. » En tout cas moi je ne voudrais pas trancher dans ce débat là. Je l’ai dit. La réalisation de projets et la stabilité du pays tout dépend de la sécurité d’un pays et il a les armes politiques et réglementaires pour apaiser ce pays.
Il y’a des arrestations, l’agression des institutions mais aussi un harcèlement d’un chef de parti. Pourquoi ne pas poser des jalons en vue de pacifier l’espace politique ?
Il a les armes politiques je l’ai dit. Mais pas dans la confrontation. Il faut parvenir à une réconciliation nationale. On ne peut pas aller en 2024 dans ces conditions et que les gens arrêtent d’attiser le feu ce n’est pas bon.
Justement vous avez travaillé sur la corruption. Aujourd’hui êtes-vous découragé car nous sommes sur la ligne rouge ?
Oui elle a atteint un niveau dans ce pays. C’est la vérité. Mais c’est une infraction difficile à tracer car entre deux personnes toutes sont coupables et chacune protège l’autre. Dire qu’il n’y a pas d’avancée non. Il yen a bien sûr. Il y a eu des conventions sur le crime transnational et l’Ofnac, l’Onrac ont été créés . Une proposition mise en œuvre et l’intervention des forces de police qui doivent être le maillon de la justice . Mais le problème qui se pose est celui de l’efficacité. Il faut réformer le système et le rendre beaucoup plus efficace. Il faut une haute autorité de la bonne gouvernance qui aura sous sa responsabilité l’Ofnac, une commission qui va s’occuper des déclarations de patrimoine et un dialogue avec les organes de contrôle qui ont un rôle statutaire. L’Ofnac aura la mission d’enquête administrative et renforce ses moyens et prérogatives comme la Centif. Mais soustraire l’examen des déclarations qui sera soumis à une commission, réutiliser les Forces de l’ordre levier d’enquête. Et faire ce qu’on appelle de l’enquête administrative. Je réfléchis sur la question et ce qui nous manque c’est l’action judiciaire aussi. Les magistrats ont un rôle important mais en amont il faut des réformes administratives et que la Haute autorité soit l’ancrage de l’Ofnac et de la Centif. Il y a une connexion.
Si est ce que l’organisation Aca peut apporter comme réponse ?
L’alliance contre le crime organisé en Afrique (Aca) est passée d’association à une Ong. Notre mission demeure et c’est d’apporter notre soutient à l’autorité pour une sensibilisation dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Ce que les gens oublient c’est que nous avons dépassé le stade de simple sécurité. Nous en sommes à une sécurité globale. Il faut une cyber défense et donc on se positionne pour la prévention et sur l’information. Par des voies qui nous autorisent d’informer. Donc voilà on veut vraiment avoir un partenariat dynamique.
MOMAR CISSE