En prélude à la Journée mondiale sans tabac célébrée aujourd’hui sous le thème : « Protéger les enfants contre l’ingérence de l’industrie du tabac», le Programme National de Lutte contre le Tabac (PNLT) a tenu une rencontre d’orientation avec les journalistes. Il a été noté que 67% de la vente des nouveaux produits du tabac se fait en ligne à travers les réseaux sociaux pour atteindre les jeunes et 7 ans est l’âge d’initiation à ce produit nocif pour la santé.
L’industrie du tabac cible délibérément les enfants et les adolescents avec des publicités attrayantes, des produits aromatisés et des stratégies de marketing sophistiquées. Ces efforts visent à capturer de nouveaux consommateurs dès un âge précoce, en dépit des graves risques pour la santé associée au tabagisme. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), près de 90% des fumeurs réguliers ont commencé à fumer avant l’âge de 18 ans, soulignant ainsi l’importance critique de protéger nos enfants des influences néfastes de l’industrie du tabac.
Au Sénégal, l’Enquête Globale sur le Tabagisme chez les Jeunes (GYTS) en 2020 a révélé que 9.2% des élèves utilisent des produits du tabac sous toutes ses formes soit 11.6% des garçons et 6.9% des filles, 7,1% des élèves soit 9,8% des garçons et 4,5% des filles fument actuellement du tabac.
L’âge moyen d’initiation à la cigarette est de 7 ans et 13,0% des élèves étaient exposés à la fumée de tabac à la maison. Pire, 67% de la vente des nouveaux produits du tabac se fait en ligne à travers les réseaux sociaux pour atteindre les jeunes. Selon le coordinateur du PNLT, Dr Oumar Bà, les efforts consentis dans la lutte ont été anéantis par la nouvelle stratégie marketing de l’industrie du tabac avec la prolifération des produits du tabac nouveaux et émergents qui sont des produits qui s’adressent directement à la jeune génération. «Il est impératif de prendre des mesures concertées pour protéger la santé et le bien-être de cette génération et celle future en luttant contre l’initiation à ces produits du tabac», dit-il.
Et de poursuivre: «Les nouveaux produits du tabac font référence à une gamme de produits qui ont émergé sur le marché ces dernières années en réponse à l’évolution des tendances de consommation et des réglementations anti-tabac ». Il a été noté dans une enquête menée par le PNLT que les produits du tabac nouveaux et émergents sont présents sur le marché sénégalais et qu’au même titre que le tabac classique, ils contiennent des produits dangereux pour la santé. « Les produits du tabac peuvent être classés en trois grandes catégories à savoir ceux du tabac chauffés qui sont, comme tous les produits du tabac, intrinsèquement toxiques et contiennent des substances cancérigènes. Ils doivent donc être traités comme tous les autres produits du tabac lorsqu’il s’agit de définir les politiques. Les inhalateurs électroniques avec ou sans nicotine appelés couramment cigarettes électroniques, sont des dispositifs qui chauffent un liquide pour produire un aérosol. Les cigarettes électroniques sont particulièrement dangereuses quand elles sont utilisées par les enfants et les adolescents. La nicotine est hautement dépendogène et le cerveau des jeunes continue à se développer jusqu’à 25 ans environ. Les sachets de nicotine ou nicotine souches sont une forme de délivrance de la nicotine aux fumeurs sous forme de sachet placé dans la bouche », explique-t-il.
Dr Oumar Bâ indique qu’en effet, la publicité pour ces dispositifs, leur commercialisation et leur promotion se sont rapidement développées par des canaux qui font un large usage d’Internet et des réseaux sociaux. « Une grande partie du marketing autour de ces produits suscite des préoccupations concernant les allégations sanitaires trompeuses, les allégations mensongères quant à leur efficacité pour le sevrage tabagique et les stratégies ciblant les jeunes (en particulier l’utilisation des arômes) », regrette-t-il.
Le PNLT veut la mise en place d’un centre national de lutte Antitabac (CNLAT)
« La plupart des fumeurs veulent arrêter de fumer quand ils prennent conscience des dangers du tabac. L’aide d’un professionnel et la prise de substituts nicotiniques peuvent plus que doubler les chances de succès pour le sevrage tabagique », soutient le coordinateur du programme national de lutte contre le tabac qui encourage le sevrage tabagique. Il renseigne que dans l’accompagnement des fumeurs dans le processus de sevrage tabagique, le numéro vert du Ministère de la Santé et de l’Action sociale logé au Service National de l’Education et de l’Information Sanitaire et Sociale (SNEISS) a fortement contribué à sensibiliser, à conseiller et à orienter les fumeurs et non-fumeurs dans le besoin d’informations. D’après les statistiques, 80% des appels portent sur le tabagisme. « En 2023, Le Programme National de Lutte contre le Tabac a renforcé les capacités des médecins, des infirmiers, des paramédicaux, des sages-femmes et des étudiants de l’ENDSS sur le sevrage tabagique et les nouveaux produits du tabac. Ces derniers, dans leurs localités respectives, pourront aider les fumeurs au sevrage tabagique.
Dans les grands projets du PNLT, s’y trouve le projet d’un Centre National de Lutte Antitabac (CNLAT) qui abritera le Programme et le centre de sevrage tabagique destiné aux fumeurs pour recevoir une aide efficace et permanente », informe-t-il. En ce sens, il fait noter qu’il existe aussi un projet de plateforme de sevrage tabagique en ligne qui offre une approche flexible, accessible et personnalisée pour aider les fumeurs, en fournissant une gamme variée de ressources et un environnement de soutien social en ligne de manière anonyme.
NGOYA NDIAYE