Âgée de 16 ans, M. D. B. S. a tenté de faire croire au juge des flagrants délits de Dakar qu’elle a été victime d’un enlèvement suivi de viol de la part d’un inconnu. Malgré cela, le petit ami de l’adolescente qui a comparu hier, pour détournement de mineure, encourt six mois de prison ferme.
M. D. B. S. est déterminée à sortir son petit ami, Abdou Aziz T. du pétrin. Placé en détention provisoire pour détournement de mineure, ce dernier a été jugé hier, à la barre du tribunal d’instance de Dakar. Les faits remontent au 31 mars dernier. Âgée de 16 ans et demeurant à Ouakam, M. D. B. S. avait demandé à son père l’autorisation de se rendre à la mosquée pour, dit-elle, participer aux prières surérogatoires recommandées au cours du mois de ramadan. Ce que son papa a accepté. Au lieu de rejoindre le lieu saint, l’adolescente est partie chez son amant, Abdou Aziz T. qui lui a proposé une petite balade sur la corniche. Sur ces entrefaites les deux amoureux ont entretenu un rapport sexuel en plein air près de la mosquée de la Divinité de Ouakam. Pendant ce temps, Alioune B. S. était à la recherche de sa fille. Ce n’est qu’à 00h35mn qu’une de ses filles a reçu l’appel de Abdou Aziz T. Au bout du fil, ce dernier a notifié à son interlocutrice que sa petite amie a été victime d’un rapt suivi de viol. Un argument que Alioune B. S. avait du mal à croire. Le père de famille a immédiatement saisi la gendarmerie de Ouakam d’une plainte.
En garde à vue, Abdou Aziz a varié dans ses déclarations, indiquant qu’il a couché avec sa copine sous la menace d’un inconnu qui avait besoin de son sperme. Devant le prétoire, le jeune homme de 19 ans a inventé une autre histoire. Il a raconté : « La nuit des faits, M. D. B. S. est venue chez moi à 21h. Sur ces entrefaites je lui ai proposé une promenade sur la corniche. Une fois sur les lieux à 23h, un gars de teint de clair qui s’est fait passer pour un policier, nous a réclamé nos pièces d’identité. Quand ma petite amie lui a signifié qu’elle ne disposait pas dudit document, le gars nous a sommé de s’envoyer en l’air sous la menace d’une arme. Au départ, j’ai refusé, car je considère ma victime comme une sœur. Mais, le gars a fait baisser mon pantalon de force. Paniqué, je suis montée sur ma copine et j’ai simulé un rapport sexuel ». Poursuivant son récit, le prévenu a expliqué que le faux policier a ensuite embarqué la victime dans son véhicule, avant de la violer. « Quand elle est revenue, j’ai piqué une crise », affirme-t-il. M. D. B. S a confirmé les dires de son petit ami. « Nous avons fait un mois de relation. Mais, nous n’avons jamais fait l’amour », a-t-elle assuré.
« La jellaba de ma fille était couverte de sang… »
De son côté, Alioune B. S. est persuadé que sa fille a été agressée sexuellement par le prévenu. « La jellaba de ma fille était couverte de sang », s’est-il indigné. « Le prévenu a dit que le ravisseur est passé devant la gendarmerie de Ouakam. Il s’était même agrippé à sa voiture. On a exploité les images des caméras de surveillance installées aux alentours de la brigade, mais nous n’avons rien vu », a lâché le civilement responsable de la victime. Prenant la parole, le conseil de la partie civile a admis que les deux amoureux ont tenu une version un peu alambiquée. Toutefois, l’avocat a estimé que le délit de détournement de mineure est largement constitué. Il a réclamé 3 millions francs, à titre de dommages et intérêts. Après avoir démontré la constance des faits, la parquetière a sollicité six mois ferme. Pour Me Boubacar Dramé, le prévenu a été attrait de façon arbitraire. Car aucun âge n’avait été donné à la jeune fille. Le juge a rejeté la demande de liberté provisoire du prévenu et fixé son délibéré au 4 mai prochain.