Son ouverture au dialogue fait débat. Lors de son discours à la nation du 3 avril, Macky a joué sur une nuance politique comme pour dire qu’il « serait prêt à dialoguer. » Ressuscitant le concept « coexistence pacifique. » Cette démarche du Chef de l’Etat est passée à la loupe par des analystes politiques. Pour eux, il faut de la sincérité.
Il était attendu sur la question du troisième mandat lors de son adresse à la nation le 3 avril. Macky Sall s’est penché sur des questions relatives à l’emploi des jeunes, le Bus transit rapid entre autres. Un discours d’environs 15 mn dans lequel il a posé le curseur sur le dialogue en ces termes : « La fête de l’indépendance, qui marque notre liberté retrouvée (…) Chacun de nous en porte la responsabilité. (…) qui inspire le dialogue et la concertation, pour surmonter nos différences, afin de rester la nation sénégalaise qui nous rassemble et nous ressemble ; une nation de coexistence pacifique, où le sort de chacun dépend de celui de son prochain ; parce que nous sommes une seule et même famille. Dans cet esprit, je reste ouvert au dialogue et à la concertation, avec toutes les forces vives de la nation, dans le respect de l’Etat de droit et des Institutions de la République, pour un Sénégal uni, un Sénégal de paix, de stabilité et de cohésion nationale. »
Selon l’analyste Moïse Soudieck Dione, c’est « une ouverture aux conséquences hypothétiques » quant ’à renouer le fil de la discussion avec l’opposition tant il est vrai que la confrontation entre les tenants du pouvoir et l’opposition est marquée par une tension et une certaine violence. « Je pense que pour apaiser cette tension le Président doit davantage ouvrir les perspectives et décrisper la situation judicaire avec les nombreuses arrestations mais également dire clairement qu’il ne présentera pas parce que la Constitution du pays ne la lui permet pas du tout qui dispose en son art 27 que « nul ne peut faire deux mandat de 5 ans. »
A en croire l’analyste Mamadou Sy Albert, le Président de la République savait donc qu’il était attendu à ce rendez- vous historique avec son peuple. « Il a certainement mesuré l’ampleur sociale et politique de cette attente diffuse, les énormes espérances mais également les craintes de franges importantes de son peuple et des partenaires techniques et financiers du Sénégal au regard de la montée en puissance des périls endogènes et exogènes », dit-il. Selon ce dernier, les convergences politiques peuvent dès lors servir de bases de rapprochement pour trouver des consensus politiques salutaires.
Dans ce sillage du nouveau réalisme politique, « le Président de la République, Macky Sall a ouvert un chapitre en faveur du dialogue avec les acteurs politiques et de la société civile. Il restera à définir le cadre du futur dialogue politique, son format et son object à court, moyen et long terme. Il revient à tous les acteurs politiques et de la société civile de saisir l’opportunité de l’appel pour amorcer le dialogue », a insisté l’analyste. Il fera savoir que la majorité présidentielle et l’opposition devront prendre leurs responsabilités. Le temps du dialogue et de l’action a sonné. Une Présidentielle de 2024 apaisée, libre, démocratique et transparente passera nécessairement par le dépassement des clivages.
Pour Assane Samb analyste politique, avec les nombreuses arrestations, les procès intentés contre des leaders de l’opposition, le contexte est peu favorable et rien n’est encore mis en place pour asseoir les conditions de ce dialogue-là. Toutefois, argue Assane, « on peut tenter d’y aller avec des médiations. Mais il faut de la volonté politique plus qu’une simple communication. Il faut aller vers la mise en place de condition pour cela. Il faut être sincère, de la détermination et arrondir les points de vue et apaiser la tension et trouver des consensus forts car le Sénégal doit aller à la présentielle. Il est difficile certes mais pas impossible », reconnait Assane Samb.
MOMAR CISSE
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