Alors que des manifestations contre la France ont régulièrement lieu au Burkina depuis qu’il a pris le pouvoir en septembre, le capitaine Traoré a affirmé que son souhait de voir partir les forces spéciales françaises de Ouagadougou n’avait pas d’incidence sur les relations diplomatiques avec Paris. « La fin des accords diplomatiques, non ! », a-t-il déclaré dans un entretien télévisé accordé à des journalistes burkinabè. « Il n’y a pas de rupture des relations diplomatiques ou de haine contre un Etat particulier », a-t-il ajouté. Selon lui, il y a simplement eu rupture à la demande du Burkina d’un accord militaire sur la présence des forces spéciales françaises à Ouagadougou. « C’est juste un processus qui a été enclenché et ça n’a rien à voir avec la diplomatie ».
« L’ambassade de France est là (à Ouagadougou) les ressortissants sont là, on a notre ambassade là-bas (à Paris) donc, diplomatiquement, rien n’a été touché », a-t-il remarqué, sans évoquer les relations tendues avec l’ambassadeur de France rappelé à Paris « pour consultations ». Il a par ailleurs démenti la présence de mercenaires russes de la société Wagner au Burkina, en proie à la violence jihadiste depuis 2015 et où les violences se sont multipliées ces derniers mois. « On a entendu partout que Wagner est à Ouagadougou, j’ai même demandé à certains +ah bon, ils sont où?+ », a-t-il dit. « Nous avons nos Wagner, ce sont les VDP (Volontaires pour la défense de la patrie, supplétifs civils de l’armée) que nous recrutons. Ce sont eux nos Wagner », a-t-il souligné.
Selon lui, le rapprochement du Burkina avec la Russie est vu « forcément de façon politique, mais nous, nous sommes là pour une mission, c’est la sécurité, c’est la mission première ». « Nous voulons vraiment scruter d’autres horizons, parce que nous voulons des partenariats gagnant-gagnant », a-t-il dit, ajoutant: « Nous ne voulons pas de partenariats pas clairs, un peu flous ou déséquilibrés ».
Il a affirmé que « tout ce que le peuple veut, c’est sa souveraineté, vivre dignement ». « Ça ne veut pas dire quitter un pays, pour un autre ». Les partenariats recherchés par le capitaine Traoré sont en particulier d’ordre militaire et « si on ne peut pas nous permettre d’acquérir des équipements militaires dans tel pays, on va aller dans d’autres pays pour l’acquérir ». Il faut qu’on « nous permette de pouvoir nous équiper et faire la guerre, parce qu’on ne va pas s’asseoir et regarder notre peuple mourir, ça jamais ! ». Mais si un pays vient « pour nous coloniser, nous dominer, nous ne serons pas d’accord ».
Le Burkina Faso, théâtre de deux coups d’Etat militaires en 2022, est pris depuis 2015 dans la spirale de la violence jihadiste apparue au Mali quelques années auparavant et qui s’est étendue au-delà de ses frontières. Les attaques des groupes liés à Al-Qaïda et à l’Etat islamique y ont fait des milliers de morts et quelque deux millions de déplacés. Ces groupes occupent environ 40% du territoire burkinabè.
Le capitaine Ibrahim Traoré, président de transition issu d’un coup d’Etat militaire le 30 septembre 2022 – le deuxième en huit mois – s’est donné pour objectif « la reconquête du territoire occupé par ces hordes de terroristes ». Il a écarté vendredi toute négociation avec les jihadistes. « On attaque des civils désarmés, qui sont assis tranquillement chez eux, ou qui voyagent (…) on les arrête et on les assassine. Comment peut-on négocier avec des gens qui font ça ? » Selon lui, « le Burkina est un pays souverain, un pays laïc et ces valeurs ne se négocient pas ».