Le substitut du procureur a requis six mois d’emprisonnement ferme et une amende de 100.000 francs contre l’activiste, Bah Diakhaté et l’imam Amet Tidiane Ndao qui ont maintenu toutes leurs accusations contre le Premier ministre, Ousmane Sonko et le chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye lors de leur procès hier, dans la salle 1 du palais de justice de Dakar, prise d’assaut par les militants des deux camps. Attrait pour offense à une personne exerçant la prérogative du président de la République et diffusion de fausses nouvelles, le duo sera édifié le 3 juin prochain.
Après quatre jours d’emprisonnement, le militant de l’Alliance pour la République (Apr), Bah Diakhaté et l’imam Amet Tidiane Ndao ont comparu hier, à l’audience des flagrants délits de Dakar. Visés pour offense à une personne exerçant la prérogative du président de la République et diffusion de fausses nouvelles, les prévenus ont assumé l’intégralité de leurs propos tenus à l’encontre du Premier ministre, Ousmane Sonko qu’il accuse de promouvoir l’homosexualité.
Bah Diakhaté a d’abord écarté la vidéo incriminée qui date de 2022, en convoquant la loi d’amnistie adoptée par l’Assemblée nationale sénégalaise le 6 mars 2024. Concernant ses propos prononcés dans la vidéo de 2024, il les a réitérés à la barre. « Je confirme que son discours lors de la visite du leader de la France insoumise, Mélenchon, ne fait qu’encourager l’homosexualité. Également, j’ai dit que sa carrière politique est difficilement détachable de ceux qui font la promotion de l’homosexualité. Il a été défendu par Me Juan Branco qui fait la promotion des LGBT. Le colonel Abdourahim Kébé, 5e vice-président de son parti, a été sanctionné par l’armée pour acte contre nature. Ce qui ne rime pas avec casus belli », a soutenu Bah Diakhaté qui a fourni le rapport de l’armée dans l’affaire du colonel Abdourahim Kébé. Aussi, l’activiste a estimé que le leader du parti Pastef a menti dans sa déclaration de patrimoine faite en 2016. Car il a vendu une de ses maisons à 100 millions de francs à une dame devant notaire en 2018. Un bien qui ne figure pas dans sa déclaration de patrimoine. Toujours dans ses déclarations, Bah Diakhaté n’a pas épargné l’actuel chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye qui aurait lui-aussi cédé un immeuble au ministre des Finances, Cheikh Diba en 2018.
Pour prouver ses dires, le comparant a produit les deux actes de vente. Malgré cela, le parquet a mis en doute ses accusations. « Je ne donne aucun crédit à ces actes. Je ne sais pas dans quelles conditions ils ont été obtenus », a fait observer le Ministère public. Répondant à une interpellation d’un avocat de la défense, Bah Diakhaté a déclaré qu’il a donné des informations à travers sa vidéo incriminée. « Ma réaction était politique. Elle avait pour cible ceux qui tiraient sur le régime de Macky sall. Je n’ai offensé personne », a-t-il martelé.
Les prévenus se renvoient la balle
Cependant, Bah Diakhaté a nié avoir imputé à Ousmane Sonko un acte contre nature comme le prétend son co-prévenu dans un audio de 7 minutes. « Je n’ai jamais dit qu’il a couché avec un certain Ndiaga Seck », a-t-il réfuté. « Je ne peux rien contre un gaillard qui fait face à la lune et affirme ne l’avoir pas vu », a rétorqué Amet Tidiane Ndao. Dans la foulée, Amet Tidiane Ndao a affirmé que Bah Diakhaté et Mame Mactar Guèye Jamra ont déclaré que les premières personnalités reçues par Ousmane Sonko et le président de la République, Bassirou Diomaye Faye sont des homosexuels. Mieux, la jeune masseuse, Adji Raby Sarr a allégué que Sonko a entretenu des rapports sexuels avec elle par derrière. « Compte tenu de tout cela, j’ai émis un commentaire, disant qu’on a l’impression qu’Ousmane Sonko est favorable à l’homosexualité. Je n’ai jamais eu l’intention de ternir son image ou de l’offenser », a avancé le religieux qui renseigne qu’il a exhorté le leader du parti Pastef à transmettre de bonnes valeurs aux jeunes qui l’adulent.
Dans ses observations, le substitut du procureur a considéré que les prévenus ont outrepassé leur liberté constitutionnelle d’opinion et d’expression. Ils ont commis de l’offense envers le Premier ministre, Ousmane Sonko en lui prêtant des accointances avérées avec la communauté Lgbt. Sur ce, le parquet a demandé la condamnation des prévenus à six mois d’emprisonnement ferme et à une amende de 100.000 francs. De la même manière, le maître des poursuites a requis la destruction des vidéos et de l’audio et leur retrait dans les plateformes.
Au nombre de huit, les avocats de la défense ont plaidé la relaxe. « La seule logique à chercher dans cette affaire est la volonté de tuer dans l’œuf la liberté d’expression », a pesté Me Adama fall. « Ousmane Sonko n’est pas délégataire des prérogatives du chef de l’État. Il a un pouvoir de contre signature que lui procure la Constitution et non le chef de l’État », a relevé Me Ousmane Thiam. À l’issue des débats, le juge a décidé de statuer sur le sort des prévenus le 3 juin prochain.
KADY FATY