Le Président de la République a présidé, ce dimanche, la cérémonie du 80e anniversaire de la commémoration du massacre de Thiaroye. Dans son discours, Bassirou Diomaye Faye a qualifié le massacre de Thiaroye « d’acte prémédité », sollicité une collaboration franche des autorités françaises pour la manifestation de la vérité et annoncé des mesures fortes pour réapproprier définitivement l’histoire de cet événement marquant tout en rendant un vibrant hommage aux tirailleurs sénégalais.
C’est peut-être pour la première fois que le Sénégal commémore l’histoire du massacre de Thiaroye de cette manière. Sous la présence de certains de ses homologues africains et du ministre des affaires étrangères de la France, Bassirou Diomaye Faye a livré un discours aux allures d’une résurrection de la mémoire des tirailleurs sénégalais. En effet, le chef de l’État a exprimé, d’emblée, son admiration et son respect à l’endroit des tirailleurs qui, selon lui, ont bravé tous les risques pour libérer la puissance coloniale française. Il estime, ainsi, qu’ils ne méritent pas d’être oubliés et doivent être célébrés comme des « héros » ayant participé à la libération de la France dans le sang.
C’est pour cette raison que la journée du 1er décembre, date à laquelle le massacre a eu lieu, est célébrée cette année, d’après lui. « Toutes ces raisons ont renforcé notre conviction de commémorer l’anniversaire du massacre de Thiaroye pour, d’une part, rendre hommage aux victimes et graver leur mémoire dans notre conscience collective et, d’autre part, jeter les bases de la restauration de la vérité historique en mettant fin à l’omerta sur cet épisode tragique voulu et entretenu par l’autorité coloniale », a-t-il déclaré.
Poursuivant, Bassirou Diomaye Faye précise que cette commémoration n’est pas une porte ouverte pour susciter le ressentiment ou attiser la haine contre la France, mais elle relève plutôt du devoir de mémoire contre l’oubli et pour la manifestation de la vérité des faits. D’ailleurs, en parlant de la France, le Président de la République l’appelle à fournir toutes les archives qu’elle garde afin que la lumière soit faite sur cette affaire. Pour lui, ces archives permettront de savoir le nombre exact de tirailleurs sénégalais exécutés, d’avoir une lecture plus fidèle de l’état d’esprit des tirailleurs rapatriés, du montant qui est dû à chacun et d’établir leur identité et leurs origines. Ainsi, en guise de réapproprier l’histoire du massacre de Thiaroye, le chef de l’État a annoncé avoir pris plusieurs mesures qu’il compte partager avec 16 pays africains. Il s’agit, entre autres, de l’érection d’un mémorial en l’honneur des tirailleurs qui sera ouvert à toutes les nations dont ils étaient originaires, la mise en place d’un centre de documentation et de recherche dédié aux tirailleurs, l’attribution du nom de l’histoire de Thiaroye 44 à des rues et places publiques, l’entrée dans le programme scolaire de l’histoire des tirailleurs sénégalais et enfin la fixation du 1er décembre comme journée des tirailleurs. S’agissant du centre de recherche et de documentation, le Président de la République précise qu’il recueillera des archives, témoignages et récits issus de cet événement tragique.
El HADJI MODY DIOP