Dans son rapport 2022 sur les droits humains rendu public avant-hier, lundi 20 mars, le département d’État américain peint un tableau sombre du respect des droits des personnes au Sénégal. Il note des entraves aux libertés individuelles, des morts lors des manifestations, des arrestations politiques ou détentions arbitraires, des manquements liés à la justice. Selon le document, la corruption continue de prendre par ailleurs de l’ampleur à cause de l’impunité.
Le tableau n’est pas reluisant s’agissant du respect des droits humains au Sénégal. Dans son rapport annuel 2022 sur la question rendu public avant-hier, le département d’Etat américain a listé plusieurs manquements évoquant des « détentions illégales ou arbitraires », des tortures, des traitements ou peines cruels. Il a noté que lors des manifestations du 17 juin 2022 ayant suivi la confirmation du rejet de la liste des candidats nationaux de l’opposition aux élections législatives par la commission électorale, quatre personnes ont perdu la vie. « La police a arrêté 130 manifestants. Parmi les problèmes importants en matière de droits de l’homme, on peut citer des rapports crédibles faisant état d’arrestations illégales ou arbitraires ; torture ou peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants infligés par le gouvernement ou en son nom; conditions de détention difficiles et dangereuses pour la vie ; prisonniers ou détenus politiques ; problèmes graves liés à l’indépendance du pouvoir judiciaire…. », rapporte le document. La même source d’ajouter que de véritables dérives ont été commises par le gouvernement ou ses agents à travers parfois un usage excessif de la force ainsi que des traitements cruels et dégradants dans les prisons et les lieux de détention.
A propos de l’indépendance du pouvoir judiciaire, les services américains soulignent que « des juges ont fait l’objet de pression du gouvernement sur des affaires de corruption et d’autres questions impliquant des fonctionnaires de haut niveau ou des partisans du gouvernement ». Toutefois, le rapport mentionne que le pouvoir judiciaire est apparemment indépendant, mais « le Président de la République contrôle les nominations au Conseil constitutionnel, à la Cour d’appel et au Conseil d’État, et lui et le ministre de la Justice coprésident le Conseil supérieur de la magistrature ». Tout en ajoutant que ce dernier Conseil reste l’organe responsable de la gestion des carrières des magistrats.
Le département américain pointe également du doigt la corruption au Sénégal qui ne cesse de prendre des proportions à cause de la non-application de la législation. «Les fonctionnaires se livrent fréquemment à des pratiques de corruption en toute impunité. De nombreux rapports font état de la corruption du gouvernement», indiquent les services d’Antony Blinken. Et d’ajouter: «Les rapports de corruption allaient de la recherche de rente par les bureaucrates impliqués dans les approbations publiques, en particulier dans les industries extractives, aux marchés publics opaques, en passant parla corruption au sein du système judiciaire et de la police». Le rapport sur les droits humains du département d’Etat américain a également épinglé le Sénégal sur l’absence d’enquêtes et d’obligations de rendre des comptes en ce qui concerne la violation fondée sur le genre.