L’inquiétude a étreint jeudi le Royaume-Uni, les médecins de la reine Elizabeth II se disant « préoccupés » par son état de santé, alors que sa famille se rassemblait au château de Balmoral en Ecosse où elle se trouve. Les médecins « ont recommandé qu’elle soit placée sous surveillance médicale » a indiqué le palais de Buckingham jeudi.
La monarque à la longévité record et à l’immense popularité, dont le Royaume-Uni a fêté en juin les 70 ans de règne, a vu sa santé se dégrader depuis une nuit à l’hôpital il y a près d’un an, pour des raisons jamais précisées. Elle n’apparaissait plus que rarement en public, ses services évoquant des problèmes de mobilité épisodiques, et déléguait de plus en plus de fonctions à ses héritiers directs, Charles et William. « Après une nouvelle évaluation ce matin, les médecins de la reine sont préoccupés pour la santé de Sa Majesté et ont recommandé qu’elle reste sous surveillance médicale. La reine continue à se sentir à l’aise et reste à Balmoral », a annoncé le palais dans un bref communiqué.
Sa famille a été informée de son état de santé, a rapporté l’agence Press Association. Son héritier Charles, 73 ans, est arrivé avec sa femme Camilla à Balmoral, où la reine passe tous les ans la fin de l’été. Son petit-fils William, deuxième dans l’ordre de succession, était attendu sur place.
Lors de sa dernière apparition en public, la reine a officialisé mardi la nomination de Liz Truss au poste de Première ministre, son 15e chef de gouvernement en 70 ans de règne. Elle avait décidé de rester à Balmoral au lieu de rentrer à Londres où se passe d’habitude la transition entre les Premiers ministres, en raison de ses problèmes de santé.
Des images diffusées par le palais ont montré la souveraine souriante et s’appuyant sur une canne, serrant la main de la nouvelle dirigeante. « Le pays tout entier sera profondément préoccupé par les nouvelles en provenance du palais de Buckingham de ce midi », a tweeté Liz Truss. « Mes pensées – et celles de tous les habitants du Royaume-Uni – vont à Sa Majesté la reine et à sa famille ».
De nombreux responsables politiques ont adressé leurs vœux de rétablissement à la souveraine. La cheffe du gouvernement s’exprimait au Parlement avant que le palais ne fasse état de la dégradation de l’état de santé de la souveraine. Elle a quitté la chambre des Communes après avoir reçu une note. Mercredi soir, le palais avait annoncé que la reine avait reporté une réunion en ligne, ses médecins lui ayant conseillé de se reposer. Déjà en mai, son fils Charles avait prononcé à sa place pour la première fois le discours du trône au Parlement, l’une de ses fonctions constitutionnelles essentielles.
Début juin, les Britanniques avaient célébré pendant quatre jours les 70 ans de règne d’Elizabeth II, qui est le monarque le plus âgé du monde en exercice. Elle est restée quasi absente de ce jubilé de platine, ne se montrant qu’à deux brèves reprises au balcon du palais de Buckingham devant des dizaines de milliers de personnes. Quelques semaines plus tard en revanche, elle s’est montrée plusieurs fois pour des apparitions publiques en Ecosse, apparaissant souriante et avec une canne lors d’un défilé des forces armées à Édimbourg fin juin. Le déclin de la santé de la reine, arrivée sur le trône le 6 février 1952, à 25 ans, après la mort de son père George VI, a relancé des questions sur l’avenir de la monarchie.
L’institution a été ébranlée par une série de scandales ces derniers mois : accusations d’agressions sexuelles aux Etats-Unis contre son fils Andrew, qui y a mis fin en déboursant des millions de dollars, ainsi que des allégations de racisme visant la famille royale, de la part de son petit-fils Harry et de son épouse Meghan Markle, désormais installés en Californie et en froid avec le reste de la famille.
L’après-Elizabeth II s’annonce plus compliqué avec Charles, à la popularité bien plus faible. Les Britanniques lui préfèrent le prince William et son épouse Kate.