À l’occasion de la 30e Journée mondiale de la liberté de la presse, Reporters sans frontières (RSF) appelle lundi à la création d’un poste de représentant spécial auprès du Secrétaire général de l’ONU pour la sécurité des journalistes. Selon le dernier classement de l’organisation, la liberté d’informer est entravée dans près des trois-quarts des pays du monde. Les précisions de Pauline Adès-Mevel, porte-parole de RSF.
Ils s’appelaient David Beriain et Roberto Fraile. Fin avril, ces deux reporters espagnols, habitués aux terrains de guerre, ont été exécutés au Burkina Faso alors qu’ils préparaient un documentaire sur le braconnage. Leurs noms sont venus s’ajouter à la longue liste des journalistes tués dans l’exercice de leur métier. Selon l’Observatoire des journalistes assassinés de l’Unesco, 1 452 reporters sont morts au nom du droit du public à l’information depuis 1993.
Pour cette Journée mondiale de la liberté de la presse, lundi 3 mai, Reporters sans frontières (RSF) appelle à la création d’un poste de représentant spécial de l’ONU pour la sécurité des journalistes, alors que les menaces à leur encontre se multiplient. Ces dernières années ont été marquées par une augmentation des emprisonnements, enlèvements et violences physiques, dans un contexte où se généralise une rhétorique hostile aux médias.
Selon le dernier classement de la liberté de la presse de RSF, le journalisme est sévèrement entravé ou restreint dans pas moins de 132 pays, soit dans près des trois quarts des pays étudiés. Menaces sur leur sécurité, obstacles à la liberté d’informer, propagation de « fake news »… Quels sont les défis auxquels sont confrontés les professionnels des médias dans cette période marquée par des restrictions sanitaires liées à l’épidémie de Covid-19 ? Éléments de réponse avec Pauline Adès-Mevel, porte-parole de RSF.
La lutte contre l’impunité passe notamment par les instances internationales et des condamnations publiques de ces crimes, car la sauvegarde de la sécurité des journalistes est une nécessité impérieuse pour garantir au public l’accès à une information libre, indépendante, pluraliste et fiable. Cela vaut en temps de paix comme en temps de guerre, mais aussi en temps de pandémie.
En Afrique, on a vu de nombreux journalistes arrêtés, des lois liberticides votées… Le Covid-19 a vraiment été un miroir des immenses difficultés auxquelles sont confrontés les journalistes, notamment en Afrique sub-saharienne, où la moitié des pays apparaissent dans la zone rouge ou noire de notre classement.
Autre donnée importante : la zone blanche, qui indique une situation d’exercice du journalisme très satisfaisante, est de plus en plus mince. L’Allemagne n’en fait plus partie. Aujourd’hui, seuls 7 % des pays étudiés sont dans une bonne situation concernant la liberté de la presse. Mais il y a aussi des évolutions positives, comme le Burundi qui a gagné 13 places dans notre classement. Une manière pour nous de les encourager dans cette voie vers une meilleure liberté d’informer.
On voit aussi que les journalistes d’investigation ne sont plus à l’abri des pressions, avec des convocations de journalistes par les services de renseignement en 2019 puis par l’IGPN, la police des polices, en 2020, et un risque de remise en cause du secret des sources. La situation est donc loin d’être idéale. Il faut que la France remonte dans le classement et retrouve un rang comparable à celui d’autres démocraties.