On en parlait depuis quelques mois. C’est maintenant acté. Le bracelet électronique va désormais entrer dans nos mœurs. Ils sont mille à avoir été déjà réceptionnés. Autres mille sont attendus. Comme quoi, de nombreux sénégalais vont bénéficier de ce bracelet qui sera ainsi une alternative aux mandats de dépôts. Ainsi, certains parmi ceux qui auront maille à pâtir avec la Justice devront en porte en attendant leurs procès. Ce qui ne veut nullement dire qu’ils seront exemptés de peine en cas de condamnation pénale définitive.
Un bon moyen pour désengorger les prisons archipleines, éviter les situations carcérales douloureuses pour certains qui sont notamment porteurs de maladies, par exemple. Un moyen alternatif efficace observé dans certains pays notamment développés mais dont la mise en œuvre exige certaines installations techniques de surveillance électronique et la formations de certains personnels. Bien sûr, le Sénégal a assez eu de temps pour cela. Reste maintenant les implications socio-culturelles d’une telle démarche.
En effet, sans chercher à le rejeter, parce que nous sommes des partisans des moyens alternatifs à l’emprisonnement, nous sommes dans l’obligation de reconnaître que le contexte culturel et social du Sénégal est peu favorable à cette démarche. Il va de soi que porter un tel bracelet, difficilement dissimulable, sera un lourd fardeau pour les suspects et autres prévenus du fait d’un entourage curieux, jaloux et radoteur. Le fait de porter ce bracelet sera l’occasion certaine de moqueries, de stigmatisations et même de créations de nouveaux termes pour caractériser ces gens et leurs familles. Car, il va de soi que du fait de notre sociabilité de dépendance à l’autre, on est scruté, jugé, évalué, pesé, mesuré, contrôlé par autrui, à longueur de journée.
Et tout ce que tu fais de bien ou de mal est l’objet de toutes sortes de ragots. Impossible de s’en échapper. Toutefois, malgré tout cela, le bracelet est meilleur que la prison. Même si c’est une prison à ciel ouvert et que certains pourraient refuser de le porter pour les raisons invoquées supra.
Assane Samb