Dans le cadre de son initiative « Conversations », l’institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (CICODEV) a réuni l’association des journalistes en santé, population et développement (AJSPD) et les experts de soins de santé primaires. Il a été noté que l’État doit mettre plus de fonds dans la santé pour soulager les ménages.
Les soins de santé primaires font référence à un large éventail de services de santé fournis par des professionnels de la santé et constituent les premiers soins dont ont besoin les communautés. Selon le directeur exécutif de CICODEV-Afrique, Amadou Kanouté, ils constituent toutes les maladies qui sont à la base et qui touchent la majorité de la population. « On peut citer les maladies non transmissibles, le diabète, l’hypertension, les maladies du cœur, mais aussi les services comme la vaccination », dit-il.
Et de poursuivre: »L’État n’y accorde pas trop d’importance avec seulement 15% du financement de l’État, sinon les 55% sont supportés par les ménages et cela pose problème. Nous avons un système qui n’est plus équitable ». Il rappelle que les 15% vont dans la coordination et dans la planification et les 55% sont payés par les ménages.
« Quelque 25% sont les partenaires techniques et financiers et c’est dans des programmes comme le Sida, le paludisme, la tuberculose, entre autres. Alors on est en train de transférer une responsabilité régalienne ou à des partenaires techniques et financiers aux ménages.
L’esprit de la rencontre d’Alma-Ata tenue en 1991 était une participation des ménages, pas leur financement », précise-t-il. Et d’ajouter » Il faut renverser la tendance et les nouvelles autorités ont pris conscience de cela et nous en réjouissons. D’autant plus que vous ne pouvez pas aujourd’hui parler de couverture sanitaire universelle sans tenir compte justement des déterminants de la santé comme les MNT, le diabète et l’alimentation ». Il évoque d’autres aspects comme l’environnement, l’accès à l’eau, à l’assainissement, la sédentarité, la prévention dans le budget affecté aux soins de santé primaire avec seulement quelques 1,2 milliards F cfa affectés à la prévention, la couverture sanitaire universelle. » Ce sont des déterminants de la santé et Il nous faut donc mettre beaucoup plus dans la prévention, l’un des principes des soins de santé primaire », indique-t-il.
Il trouve paradoxal de laisser les populations de pays sous-développés ou pauvres de gérer leur santé. « A ce rythme, nous ne pouvons pas avoir un capital humain qui est capable de contribuer et le dividende démographique n’est pas quelque chose que nous pouvons vraiment exploiter », regrette-t-il. Ce qui lui fait dire que si la population est malade, impossible de tirer profit d’eux. « Les pays qui se sont développés comme la Chine, il a fallu nourrir leur population d’une bonne alimentation pour avoir une bonne santé. C’est la base du capital humain », estime-t-il.
Pour y faire face, il suggère d’inverser la tendance. Que l’État décide de mettre beaucoup plus d’argent pour que les gens puissent se soigner, accéder aux soins de santé et qu’ils ne soient plus un fardeau pour les ménages. Parce qu’autrement, les ménages vont retarder l’action aux soins en disant de toute façon si je vais à ‘hôpital, si je vais à la case de santé, au poste de santé, on me demandera de payer et je n’ai pas l’argent », se désole a-t-il0. De son avis, il urge de lever la barrière financière.
Revenant sur l’initiative des rencontres « Conversation », le directeur exécutif de CICODEV-Afrique, Amadou Kanouté souligne que l’idée des conversations est de trouver des relais avertis qui savent où aller chercher l’information dès qu’on parle de santé et les mettre face à des experts sur les soins de santé primaire. » Cela permettra d’avoir un journalisme efficace, informé, qui parle de faits probants et d’évidence pour pouvoir écrire », laisse-t-il entendre.