La tension est tombée après des journées de confrontations en terre ferme entre pêcheurs de Cayar, Mboro et Saint-Louis ayant occasionné des dégâts matériels importants, des blessés et même un mort. Des informations font savoir que les parties rivales continuent de se regarder en chiens de faïence en mer, avec même des actes de sabotage. Suffisant alors pour le réseau des Conseils locaux de la pêche artisanale (Clpa) de monter au créneau pour alerter sur la situation.
Ça craint fort en mer du côté de la Commission de prévention des conflits du réseau des Conseils locaux de la pêche artisanale (Clpa). Les responsables de cette structure ont fait face à la presse, samedi au quai de pêche de Rufisque, pour alerter sur la prolongation du conflit entre pêcheurs de Cayar, Mboro et Guet Ndar. «D’après les remontées d’informations que nous avons, la situation risque de s’aggraver entre les localités concernées. Ils sont en train de se provoquer et de se livrer à des actes répréhensibles en mer. Il parait même, toujours selon nos informations, que les pêcheurs vont en mer depuis quelques jours avec des armes», a indiqué Pierre Mboup, président de la Commission de prévention des conflits.
«Tous ceux qui devaient se lever pour assurer la médiation quand ce conflit a éclaté se sont levés et des pas importants ont été franchis. Le gouvernement a fait ce qu’il devait faire et tout avait commencé à rentrer dans l’ordre sur terre, mais ceux qui vont en mer ont ravivé le problème. On ne peut pas voir toutes ces choses qui se sont passées dernièrement et qu’on veuille ouvrir un autre front», a-t-il déploré, exhortant les autorités à prendre les devants. «La bagarre en mer, c’est une catastrophe, car il n’y aura personne pour vous départager», a-t-il insisté.
A l’origine de ces appréhensions qui pourraient faire remonter la tension après des journées d’accalmie, le saccage du filet d’une pirogue par des pêcheurs de Guet Ndar. «A terre tout se passe dans le calme et les pêcheurs ont commencé à repartir en mer, mais pas plus tard qu’hier, on nous a signalé que le conflit a été déplacé en mer. Une pirogue chaine tournante de Cayar qui était partie en mer nous a signalé que son filet a été saccagé par des pêcheurs saint-louisiens», a noté Ibrahima Mar, membre de la commission et président du Clpa de Rufisque. «On nous signale que des pêcheurs, en partant en mer, sont armés de coupe-coupe, bâtons, pierres et tout ce qu’ils peuvent pour les utiliser en cas de bagarre», a-t-il poursuivi dans son alerte.
Massamba Thiaw, ancien pêcheur et membre du Clpa de Yoff, a dans son message appelé à la retenue et à la compréhension. «On a dépassé une épreuve dernièrement, il ne faudrait pas que l’on sombre à nouveau dans des lendemains qui risquent d’être tragiques. Le secteur de la pêche n’a pas besoin de cela», a-t-il dit, se félicitant des efforts qui ont été déployés par le ministre de la Pêche dans cette crise entre Cayar et Mboro. Mboup, Thiaw et Mar ont appelé l’Etat à prendre ses responsabilités pour résoudre le plus tôt possible ce problème avant qu’il ne dégénère. «Quitte à arrêter les fauteurs de troubles en mer», a insisté en ce sens M. Mboup, redoutant, en parfaite «connaissance de cause», les conséquences d’une bataille en mer qui ne serait que «forcément tragique».
Il faut savoir que 40 pêcheurs issus de Cayar et de Mboro vont comparaître vendredi devant le Tribunal de Thiès, pour être édifiés sur leur sort. Ce procès fait suite aux violents affrontements regrettables du 2 avril 2023, ayant opposé en mer des membres de la communauté des pêcheurs de la Grande-Côte à hauteur de Khondio, à Mboro Ndeund Kat, un autre village de pêcheurs, et ayant endommagé des «pirogues» qui ont été brûlées, ayant occasionné plusieurs blessés des deux côtés.
Des maisons de pêcheurs guet-ndariens ont été saccagées, des pirogues et des filets de pêche ont été brûlés sur la plage de Cayar… Plus tard, il y a eu un mort. Il faut noter que les pêcheurs de Cayar et de Mboro se regardent en chiens de faïence. Un conflit latent qui avait refait surface en 2005, occasionnant même une perte en vie humaine.
Une victime tuée par balle au cours d’une bataille rangée. Le Comité local de pêche de Cayar alerte les autorités sur le danger que représente la pêche avec les filets mono-filaments, interdite par le code mais qui connaît une résistance.