Condamnés pour des actes terroristes dans le passé, ils ont été interpellés à la demande de l’Italie le 28 avril. Macron s’est entretenu avec Mario Draghi.
Nouveau rebondissement inattendu dans l’antiterrorisme européen. Sept anciens membres des Brigades rouges ont été interpellés sur le territoire français mercredi 28 avril, à la demande de l’Italie. Ces individus avaient été condamnés pour des actes de terrorisme dans les années 1970-1980, dans le pays transalpin. Trois autres personnes sont, quant à elles, recherchées, après qu’Emmanuel Macron en a fait la demande, indique l’Élysée. L’exécutif précise que la décision de transmettre au parquet ces dix noms, sur « des demandes italiennes qui portaient à l’origine sur 200 individus », « a été prise par le président et s’inscrit strictement dans la « doctrine Mitterrand » », datant de 1985, d’accorder l’asile aux ex-brigadistes sauf pour les crimes de sang. L’établissement de cette liste est le fruit d’un « important travail préparatoire bilatéral, de plusieurs mois, qui a conduit à retenir les crimes les plus graves », a précisé la présidence française. Le secrétaire d’État italien à l’Intérieur, Carlo Sibilia, a aussitôt salué sur Twitter un « résultat historique ».
L’extradition d’activistes d’extrême gauche venus se réfugier en France après les « années de plomb », marquées par des attentats et des violences des Brigades rouges surtout entre 1968 et 1982, est une demande de l’Italie depuis des années, à laquelle la France n’avait quasiment jamais accédé. Depuis 1981, seuls deux décrets d’extradition ont été signés, sous Jacques Chirac : celui de Paolo Persichetti en 1995, extradé en Italie en 2002, et celui de Cesare Battisti, en 2004. En 2008, Nicolas Sarkozy avait décidé de ne pas appliquer le décret d’extradition de l’ex-membre des Brigades rouges Marina Petrella, condamnée à perpétuité en Italie, en raison de son état de santé. La plus connue des activistes recherchés fait partie des sept personnes interpellées mercredi 28 avril, selon la police italienne.
Parmi les personnes interpellées figurent Giorgio Petriostefani, Narciso Manenti, Roberta Capelli, Enzo Calvitti, Giovanni Alimonti et Sergio Tornaghi. Les trois personnes encore recherchées sont Maurizio Di Marzio, Ermenegildo Marginelli et Raffaele Ventura. « C’est une trahison innommable de la France.
Ce dossier avait resurgi au moment du retour en Italie de Cesare Battisti, capturé en janvier 2019 en Bolivie et extradé, après près de quarante ans de cavale en France puis au Brésil. Le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini, avait alors affirmé que la France abritait depuis des décennies des « assassins ayant tué des innocents » et réclamé le retour en Italie d’« une quinzaine » de « terroristes italiens », « qui ont été condamnés mais ont la belle vie en France ».