Les résultats sont connus pour la présidentielle française. Le président sortant Emmanuel Macron gagne largement avec un score de 58% ou presque contre un peu de plus de 42% pour sa rivale Marine Le Pen du Front National.
Bien sûr, l’extrême droite a encore réussi une percée importante, un score, certainement. Ce qui, en soit, est aussi une victoire pour elle. C’est pour cela d’ailleurs que les législatives de juin seront âprement disputées et la campagne a presque démarré. Et une cohabitation n’est pas impossible. C’est d’ailleurs tout le sens de l’appel de Jean-Luc Mélenchon. En tout état de cause, avec Macron, c’est la victoire de la continuité. Bien sûr, ses proches promettent un changement dans la méthode et le fond de l’action. Surtout dans des domaines comme l’écologie et la justice sociale. On verra ce que ça va donner. Mais, nous ne sommes pas sûr que Macron va renaître. Il incarne une certaine ligne de gouvernement qui est cependant beaucoup plus tolérante pour les immigrés. Sur le voile et les signes religieux distinctifs, il avait clairement fait montre de discernement et de clairvoyance.
Sur l’Afrique cependant, la continuité qui sera certainement de mise ne va pas arranger grand-chose. Les relations tendues avec un État comme le Mali et l’ambiguïté de la politique française en Afrique ne vont pas disparaître de sitôt étant entendu que du point de vue géopolitique, c’est la guerre en Ukraine qui focalise davantage l’attention aujourd’hui. D’ailleurs, l’Afrique n’a pas beaucoup pris de place dans les débats et les programmes. Et c’est curieusement Le Pen qui fait une déclaration qui fait plaisir aux sénégalais « corrigeant », intelligemment, la bêtise de Zemmour, l’autre leader de l’extrême droite qui est resté amer.
Pourtant, dans ses relations avec la France, l’Afrique rêve, toujours, de relations réinventées basées sur le « win-win » (gagnant-gagnant) et le respect réciproque des souverainetés et des intérêts des États. La françafrique dont Macron lui même déclarait la mort à la suite d’autres Chefs d’Etat français avant lui, subsiste, résiste et survit malgré les critiques. Le sommet innové en 2021 avec la jeunesse africaine n’a pas apporté un changement de fond dans la politique française.
C’est plus tôt du côté africain que le désir d’affranchissement ne cesse de se faire ressentir surtout avec sa jeunesse. Car, 60 ans après les indépendances, les pays africains notamment du sud du Sahara ont du mal à assoir, par eux-mêmes, leurs propres politiques notamment de développement. La tutelle de la France est encore une réalité et d’autres États frappent aux portes également attirés par la richesse du sous-sol africain.
Alors, notre espoir est que les dirigeants qui arrivent à la tête de la France regardent autrement l’Afrique et travaillent à assoir des relations plus saines et moins ambiguës au profit de tous.
Assane Samb