Abdoulaye Sow est le nouveau président de la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Dakar. Il a été élu, le 27 novembre 2019, à l’unanimité. C’est un homme très à l’aise et qui, apparemment, a une maitrise totale des dossiers de l’Etat et de l’Institution consulaire qui s’est adressé à nous par un jeu de question-réponse auquel il s’est soumis avec une dialectique exquise et une courtoisie avenante. Dût quiconque en être contrarié ou offusqué, Abdoulaye Sow, un self-made man parti de rien, est un homme compétent. En un temps record, il a redonné à la Chambre de Commerce et d’Agriculture de Dakar- dont il a hérité -, son lustre d’antan avec une remise sur une orbite de performance saluée par l’Institution consulaire. Sa feuille de route a été accueillie à l’applaudimètre : « Relancer ka CCIAD pour préparer une Chambre nationale de commerce d’industrie et des services forte et une Chambre d’agriculture opérationnelle. » Dans cet entretien, on découvre un homme, un leader plein de hauteur et de personnalité, un homme mesuré et altier. C’est un homme de mesure. Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, qu’on l’adore ou qu’on l’abhorre, Abdoulaye Sow, qui dirige la CCIAD depuis bientôt 10 mois, a permis à la Chambre consulaire de retrouver une stabilité institutionnelle. Il a su impulser une nouvelle dynamique à la CCIAD, qui désormais joue pleinement son rôle de Chambre leader au service du développement des entreprises. Sow donne ainsi la preuve que la compétence ne se proclame pas, mais s’exprime par le respect moral d’une obligation de résultats et de compte rendu. Entretien exclusif !
Quel est votre bilan, un peu près de 10 mois après votre élection à la tête de la CCIAD ?
Nous avons fait notre passation de service le 10 décembre 2019. Après cela, nous avons fait l’état des lieux au niveau des différents départements et services de la CCIAD pour consolider les acquis afin de repartir sur de nouvelles bases au plan organisationnel. Nous avons rencontré le personnel, pour rétablir la paix sociale au sein de la famille consulaire. Pour faire ce travail, nous avons réuni l’ensemble des délégués du personnel, l’ensemble des cadres pour les entendre, les écouter afin de pouvoir faire des propositions qui peuvent nous permettre d’aller de l’avant. Après ce travail de pacification, nous avons décliné notre feuille de route que nous avons présentée à l’assemblée de la chambre de commerce qui l’a adoptée. Ce qui nous a permis de retrouver une stabilité institutionnelle et, d’impulser une nouvelle dynamique à nos activités afin de faire jouer à la CCIAD pleinement son rôle de chambre leader au service du développement des entreprises.
Quelles sont les orientations que la CCIAD souhaite engager, notamment avec le secteur privé ?
Nous avons décidé de prendre en charge les principales préoccupations des acteurs économiques sur la base d’une actualisation participative. C’est en ce sens que nous avons décidé de rencontrer tous les présidents des organisations patronales du privé. Nous avons décidé, avec le bureau de la chambre de commerce, de revoir ces présidents pour les entendre encore une fois sur notre feuille de route. Nous voulons rassembler le secteur privé pour parler d’une seule voix. Nous devons débattre des problèmes au niveau de la Chambre de commerce pour ensuite les poser au niveau du gouvernement. Dernièrement, nous avons rencontré le président du Meds (Mbagnick Diop) avec le bureau. S’il plaît à Dieu, on va rendre visite à l’Unacois ce jeudi et ainsi de suite. Tout ça entre dans le cadre de notre feuille de route. Ce sont des chantiers que le bureau de la chambre de commerce ne peut pas tout seul réussir. Il faut quand même fédérer les gens pour qu’on puisse parler d’une seule voix. C’est pourquoi on a recruté un conseiller dédié, rien que pour rassembler les gens, pour les parler et poser les problèmes afin que tout le monde se sente concerné. Ce conseiller a rôle est de rassembler les points de vue des uns et des autres afin d’y trouver des solutions. Toujours dans notre feuille de route, il y a des projets et des programmes. Nous aurons besoin des conseils des chefs d’entreprise pour intégrer leurs préoccupations dans nos programmes.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez à la CCIAD ?
D’abord, nous sommes confrontés à des problèmes de renouvellements qui datent de 2010. J’ai constaté qu’il y a beaucoup de commissions qui ne marchent pas. Il y a aussi des gens qu’on convoque mais ne viennent pas. C’est ce qui nous a amené à approcher des organisations patronales pour leur demander de nous envoyer des personnes ressources. J’ai reçu l’ensemble des courriers du patronat et on va les dispatcher dans les différentes commissions afin de faire redémarrer cette machine.
Quel est le budget de la Chambre ?
L’assemblée générale a voté le budget le 9 juillet dernier et ça s’élève à 1,8 milliard. Pour ce budget, l’innovation est de faire des réunions d’évaluation budgétaire. Ça n’a jamais été le cas, mais j’ai associé tout le monde pour son élaboration. Ça nous a pris un peu de temps. Je pensais le faire pour 45 jours mais à la fin de ces consultations, il y a la pandémie de la covid-19 qui a retardé le vote du budget au mois de juillet. A propos de la pandémie de Covid-19, la CCIAD a contribué à hauteur de 11 millions Fcfa. Nous avons sensibilisé et équipé notre personnel pour le protéger de la maladie. La chambre composée de trois sections (industrie, commerce et agricole) qui ont contribué à l’orientation budgétaire sous la conduite du trésorier de la Chambre et son adjoint. Mais je précise qu’au moment de voter le budget, on ne pouvait pas convoquer l’assemblée en cette période de Covid, mais on l’a fait. On a profité aussi de cette pandémie pour rencontrer le Ministre du commerce et le Ministre des finances. Il ne restait qu’à convoquer l’assemblée le 9 juillet dernier.
Que faites-vous pour venir en aide aux PME et PMI ?
Nous avons constaté qu’il y a beaucoup de problème dans le secteur des Pme/Pmi. La Chambre a organisé des sessions de formation en direction du secteur privé mais plus particulièrement des Pme/Pmi qui ont des difficultés au niveau de l’import et l’export. Nous allons les intégrer dans des projets et leur trouver des financements. Ce qui est sûr et certain, la CCIAD mettra à la disposition des Pme/Pmi tout ce dont elle dispose.
Quels sont les grands projets de la CCIAD ?
Vous constatez que la Chambre de commerce est très fréquentée et très prisée. Beaucoup de gens veulent être formés à la Chambre de commerce. Nous avons un projet de créer une Ecole de commerce qui sera érigé sur la Rue Jules Ferry. Il s’agit d’un bâtiment de 8 à 9 niveaux. Le terrain nous appartient et nous avons parlé avec des structures financières pour financer le projet. Mais notre objectif premier est de réaliser et de construire notre propre siège. La Chambre de commerce de Dakar va se doter d’un nouveau siège qui sera érigé près de la Station Total derrière l’embarcadère. Pour Le site qui bâti sur une superficie de 7800 m2 nous a été offert par le président de la République, Macky Sall. Il s’agit d’un immeuble à deux tours avec un coût global de 37 milliards Fcfa. Il y a 4 composantes. L’immeuble n°1 va abriter la Chambre et les organisations patronales. En bas, il aura des centres pour abriter par exemple une banque etc. L’autre immeuble sera composé d’un hôtel de 18 niveaux et entre les deux tours il y aura une clinique. Nous envisageons d’ériger un parking de 1.000 places. Nous sommes en discussion avec des partenaires pour ce projet. Mais il faut noter que nous avons le feu vert du président pour ce projet fédérateur.
Le mot de la fin ?
Je ne peux pas terminer l’entretien sans parler de feu Mansour Kama. La dernière fois qu’on a parlé du projet des deux tours, il nous a encouragés avant de nous donner des pistes. La Chambre de commerce a besoin d’être accompagnée. C’est la raison pour laquelle nous réclamons qu’on nous donne la possibilité de gérer les parkings au niveau de l’Aibd. Nous voulons aussi que l’on nous implique dans la gestion des sociétés de pesage. On demande aussi d’être impliqué dans la gestion de l’autoroute à péage.