Les familles des victimes ont, comme à l’accoutumée, fait le déplacement au cimetière des naufragés du Joola à Mbao pour commémorer le tragique épisode qui a coûté la vie à près de 2000 personnes en 2002 dans les eaux gambiennes. Au-delà des prières et des recueillements, des appels ont fusé pour dire «plus jamais ça».
Comme à Ziguinchor et au cimetière Saint-Lazare de Dakar, Mbao a vécu lundi, la 20ème commémoration du naufrage du bateau Le Joola. Veuves, orphelins, proches et autres ont répondu à l’appel en prenant d’assaut les quelques 145 tombes anonymes pour se recueillir et prier pour le repos éternel des nombreux disparus suite au naufrage. Ouvert par un récital du Coran, l’événement s’est poursuivi par les allocutions de membres d’associations de victimes, de Léandre Coly, au nom des rescapés (six étaient présents), et d’autres volontaires qui ont voulu dire leurs vérités sur ce triste épisode. Pour Bachir Diouf, membre du Comité d’initiative pour l’érection du mémorial du bateau Le Joola, les nombreuses promesses faites à l’endroit des familles des victimes auraient été matérialisées depuis longtemps si on était dans un pays sérieux. Il est revenu sur l’impérieuse nécessité pour eux du renflouement de l’épave du bateau, ainsi que de la finalisation du Mémorial.
Selon lui encore, le naufrage devait être le point de départ pour de nouveaux comportements, mais aussi la mise en place de nouvelles réglementations de la part des autorités pour ne pas revivre un Joola bis. Des récits qui ont de nouveau mis du piquant aux plaies béantes qui refusent toujours de cicatriser. Les visages se sont assombris, les voix aggravées et des sanglots sporadiques échappaient de l’assistance. Le seul mot qui vaille, c’est le refus de l’oubli et du manque de considération pour une tragédie d’une ampleur inédite. L’archevêque de Dakar, Monseigneur Benjamin Ndiaye, a porté son message d’espoir, mais aussi d’introspection pour un meilleur vivre-ensemble. «Notre pays souffre d’incurie. Faisons notre examen de conscience.
Le développement doit être organisé, ce n’est pas dans la pagaille que nous pourrons avancer», a insisté l’homme d’église, appelant au changement de comportement pour que pareille tragédie ne se produise plus jamais dans le pays. Sur les revendications des familles des victimes, Mgr Ndiaye a promis l’accompagnement de l’Eglise. «Toutes les démarches faites pour que la lumière soit faite ont leur légitimité. Il est légitime qu’il y ait des signes qui montrent le drame ; nous allons vous accompagner», a-t-il promis, indiquant en outre que tout ce qui participe à atténuer la souffrance des familles des victimes doit être matérialisé.