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Des investitures, des avant-premières
Des investitures, des avant-premières

Des investitures, des avant-premières’’ Quand les hommes politiques singent les lutteurs

Nous aimons tous la lutte, un sport traditionnel qui ne laisse personne indifférent. Que l’on soit intellectuel, cadre ou pas, on est séduit par ces combats tellement ancrés dans notre subconscient collectif au point que les réflexes, méthodes et autres habitudes des lutteurs et du monde de ce combat influent d’une façon importante dans la manière de vivre et de faire des sénégalais. Et vice versa. Les lutteurs étant les produits de la société.

Ce n’est pas pour rien d’ailleurs que le Président Abdou Diouf disait apprécier particulièrement le lutteur Abdou Rahmane Ndiaye ‘’Fallang’’ et escalait les murs pour voir ses combats quand il était jeune.

C’est pourquoi, aujourd’hui, on observant le comportement de nos hommes politiques, nous ne sommes pas loin de croire qu’ils singent les lutteurs considérant les compétitions électorales comme de vrais combats de gladiateurs. Et il n’y a rien de mal à cela, tant que dans nous restons dans le domaine ‘’sportif’’, c’est-à-dire du fair-play et que le meilleur gagne. Mais, dès que la violence ou les appels à la violence s’en mêlent, cela devient dangereux.

Après avoir suivi certains propos du Président Macky Sall sur le fait qu’il ne se laisse pas intimider, qu’il est en somme courageux, qu’il a la force avec lui, on est tenté de se demander si l’on entend pas Balla Gaye, Modou Lô, B52, Eumeu Sène ou un autre. Idem avec les Sonko, les Barthémémy Dias, qui, auparavant, dans leurs rencontres avec la presse, sont dans la logique des ‘’avant-premières’’ de lutte avec un ton et des propos de guerriers de la savane, prêts à en découdre avec toute personne qui se mettrait sur leur chemin.

Barth’ a d’ailleurs poussé le bouchon trop loin en soutenant d’ailleurs qu’il ne répondra plus à une convocation de la Justice. Les sénégalais sont ainsi plongés dans des combats de gladiateurs où chacun se dit avoir la force et n’a pas peur de l’adversaire. Dans un contexte où tout est cher et que le niveau de vie est au plus bas, l’incurie et parfois l’irresponsabilité d’hommes politiques énervent et par moment, fait sourire.

On se demande, à bien des égards, pourquoi une telle nouvelle façon de faire de la politique ? Le Président Senghor, en 1978 par exemple, avait donné le ton en utilisant largement l’humour dans la campagne présidentielle contre le Président Wade. Tous les sénégalais un peu plus âgés, s’en souviennent avec délice. C’est très agréable d’avoir assisté à cela. Quelle élégance. Et le Président Wade, devenu Président, a conservé cet humour. Même en disant ‘’wakhet’’ (je me dédis), c’était sur le ton de la plaisanterie même si on a retourné tout cela contre lui.

Et bien plus tard, des candidats à la présidentielle, y compris ceux qui savaient qu’ils n’avaient aucune chance comme Wane, ont utilisé le même ton. Et d’autres comme Me Babacar Niang du PLP, sont restés sérieux dans le discours en privilégiant la force des idées et des propositions novatrices.

C’est tout cela que nous avons perdu. Il n’y a plus pratiquement d’école du parti, d’idéologie, d’éthique et de valeurs en politiques qui soutendent les engagements. Nous sommes dans l’affairisme politique, la business-politique où ce qui important est d’être élu et de profiter des avantages subséquents. De ce fait, tous les camps se valent pratiquement en développant les mêmes réflexes d’autoconservation. Et on ne badine pas quand l’adversaire piétine nos plates-bandes.

Or, personne n’a le droit de brûler ce pays et d’hypothéquer des décennies de travail, de construction et de cohésion sociale. Si nous nous amusons à le faire, le regret sera tellement amer qu’il sera difficile de retourner en arrière et qu’il faudra des décennies encore pour retrouver la stabilité.

Et dans ce tohu-bohu, nous sommes tous coupables. Car, à la différence des combats de lutte qui prennent fin quand l’arbitre siffle, ici, en politique, les crises post-électorales ont plongé tous les pays voisins par exemple dans l’instabilité chronique.

Comme quoi, nous avons le devoir d’œuvrer à maintenir ‘’cette exception sénégalaise’’ durement éprouvée aujourd’hui.


Assane Samb

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