Dix ans de travaux forcés, c’est la lourde peine qui a été requise contre Fallou Diouf alias Ardo et Modou Ndour, attraits devant la chambre criminelle de Dakar hier mardi, pour association de malfaiteurs, trafic de drogue et blanchiment de capitaux. Les deux amis seront fixés sur leur sort le 15 septembre prochain.
Premier à être appréhendé à Liberté 6, le 27 décembre 2018, Modou Ndour a été surpris en train de livrer un paquet contenant 1 kg de chanvre indien à un certain M. Niass. Conduit manu militari au commissariat du Plateau, le dealer présumé soutient qu’il agissait pour le compte de son ami d’enfance, Fallou Diouf alias Ardo. Mieux, il ajoute qu’il ignorait le contenu du sachet.
Sans désemparer, les enquêteurs se rendent dans la chambre du sieur Diouf, à Grand-Yoff. Après perquisition, ils y découvrent 33 paquets de 1kg de l’herbe qui tue, soigneusement cachés dans une caisse. Pendant ce temps, Ardo est allé se terrer à Diourbel. Arrêté quelque temps après, celui-ci s’inscrit en faux contre les déclarations de son coaccusé. « Je n’ai pas mis les pieds à Dakar depuis cinq mois. J’avais confié ma chambre à Modou Ndour. La drogue ne m’appartient pas », nie-t-il, alors que les réquisitions faites au niveau de la Sonatel avaient révélé qu’il était à Liberté 6, le jour de l’arrestation de son compère.
Inculpés pour des faits d’association de malfaiteurs, blanchiment de capitaux et trafic de drogue, les accusés se renvoient encore la balle devant la chambre criminelle de Dakar. Condamné, dans le passé, à deux mois de prison, pour détention de chanvre indien, Fallou Diouf explique : « Modou Ndour m’accuse à tort. J’avais un problème avec son oncle. Il n’a fait que rapporter ce que ce dernier lui a dicté. J’étais parti à Diourbel pour me soigner. Je suis commerçant. Je vendais du foin, des portables. Je disposais aussi d’un multiservices. »
Quid du chef de blanchiment de capitaux ? Le père de famille de quatre enfants argue qu’il a construit sa maison depuis belle lurette. « C’est une maison en zinc, composée de six pièces. Je n’ai ni camion ni dépôt de pharmacie », conteste-t-il.
Entendue à titre de témoin, la dame N. R. Diop affirme : « Je suis la bailleresse de Fallou Diouf. Il m’avait dit qu’il vendait des tissus et de la friperie aux marchés Hlm5 et Colobane. Il était à Dakar les 17 et 18 décembre 2018. Mais, il ne m’a jamais dit qu’il a confié sa chambre à Modou Ndour. J’ai vu celui-ci entrer dans la pièce à deux reprises et en ressortir avec un sac à dos. »
Dans son réquisitoire, le substitut du procureur a requis l’acquittement pour l’infraction de blanchiment de capitaux et sollicité dix ans de travaux forcés pour les crimes d’association de malfaiteurs et de trafic de drogue.
Les conseils de la défense ont plaidé l’acquittement de leurs clients. Me Sakho, avocat de Fallou Diouf, a estimé que la procédure est viciée de bout en bout. « Les enquêteurs ont commis plusieurs infractions. Ils ont fracassé la porte de la chambre. C’est une violation flagrante des droits de la défense et des règles de procédure », martèle la robe noire.
L’affaire est mise en délibéré pour jugement être rendu le 15 septembre prochain.