Ousmane Sonko sera inéligible – pour 5 ans au moins – dès que la décision de justice le condamnant à une peine de 6 mois avec sursis dans l’affaire Mame Mbaye Niang aura valeur d’autorité de la chose jugée. Les Sénégalais seront bientôt édifiés à ce propos, car la décision de la Cour suprême, saisie en dernier ressort « sera disponible incessamment », croient savoir des sources de Rewmi. Si elle confirme la peine corsée en appel, le leader de Pastef ne pourrait alors présenter sa candidature à la présidentielle (de février prochain ?).
A contrario, si la peine est infirmée, Sonko pourrait encore espérer conserver ses chances d’éligibilité. Mais, elles ne seront pas pour autant intactes. Au contraire, autrement inquiétante est la menace qui plane sur la tête du maire de Ziguinchor – un mandat qu’il risque également de perdre – du fait de sa condamnation pour « corruption de la jeunesse ». Sur le plan juridique donc, le leader de Pastef est cerné et, bien cerné par la loi électorale dont les dispositions lui interdisent toute participation à un scrutin national ou même local. Mais, si Ousmane Sonko reste et peut demeurer un« survivant », c’est que sur le plan politique, il garde encore bien des cartes en mains, par son propre fait et par les faits politiques en cours. Déjà, les retombées du dialogue politique pourraient merveilleusement conspirer en sa faveur.
La loi étant générale et impersonnelle, une réhabilitation de Karim Wade et Khalifa Sall, passant par la modification des articles L 28 et suivants du Code électoral, effacerait de facto l’incapacité qui confinerait Ousmane Sonko au rang de spectateur anonyme de la présidentielle. En outre, et c’est là où le combat des parlementaires de la coalition Yewwi Askan Wi semble manquer d’entrain, une loi pénale plus douce (née d’une proposition des députés de cette coalition) aurait un effet rétroactif fortement bénéfique pour leur ancienne tête de liste nationale. Seule ombre au tableau : il serait difficile de faire croire que force est restée à la loi (pénale comme électorale) que l’on manipulerait à bonne guise, pour régler une situation politique conjoncturelle. La quête d’une stabilité et d’une paix d’une durable en vaudrait-elle la chandelle ?
Le président Macky Sall a déjà répondu à cette question : « Je veux la paix mais, pas à n’importe quel prix » ! Cependant, s’il faut passer par l’Assemblée nationale, espace de dialogue par essence, pour rétablir l’ordre politique troublé à toucher le bon fonctionnement de l’économie d’un pays à la résilience balbutiante, autant sauter le pas. Macky Sall cherche une solution de sortie de crise, le groupe parlementaire YAW pourrait le servir. La nécessité (de stabilité surtout) fait loi dont la pertinence est d’ailleurs déterminée par le contexte !
Elhadji Mansour Ndiaye