IBK n’a pas démissionné

Le Président malien Ibrahima Boubacar Keïta a fait une déclaration pour annoncer son départ du pouvoir. Une vraie fausse démission que, pourtant, on a voulu présenter comme telle.

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En clair, le souci des militaires est justement de mettre une forme sur leur coup de force en demandant à leur prisonnier, de faire une déclaration publique de démission. Quelle perte de temps!

IBK n’a pas démissionné. Un prisonnier ne fait pas de choix libre. Or, l’acte de démission est un ace libre et volontaire. Il ne se prend pas sous la contrainte.

Or, les militaires ont contraint leur Chef, à démissionner, contre son gré.

La preuve, jusqu’ici, malgré les manifestations du M5, le mouvement du 5 juin, le Président de la République n’a jamais émis aucun souhait de quitter le pouvoir. C’est d’ailleurs pour cela que l’Armée est intervenue. Pour l’obliger à partir. Et on parle de démission. De qui se moque-t-on ?

Ce qui s’est passé est un coup d’Etat. Ni plus ni moins. C’est-à-dire l’action concertée de militaires qui, parce qu’ils sont détenteurs d’armes, renversent l’ordre constitutionnel et se mettent en marge de la loi. Les putschistes maliens sont des hors-la-loi. Et ils doivent être traités comme tels.

Ils ne peuvent pas prendre comme prétexte des manifestations de rue pour renverser le Président démocratiquement élu. Qui leur donne ce pouvoir, cette légitimité ? La constitution malienne ? Pas du tout.

Alors, il n’est pas question, pour l’Union africaine, la CEDEAO, les Nations-unies et la communauté internationale, de laisser passer cette forfaiture. Une de plus pour un peuple qui a trop souffert.

En déclarant, tout de go, qu’ils ont pris leur responsabilité et qu’ils n’ont pas droit à l’erreur, les militaires sous-entendent que les problèmes au Mali, c’est Ibk et que son éviction allait les résoudre.

Quelle méprise ! Certes, tout n’a pas été rose. Bien au contraire car la crise sécuritaire prenait le dessus sur tout le reste avec la mort quotidienne de militaires et de civils.

Mais, tout le monde sait qu’il n’y a pas de solution miracle ni au Mali ni dans les Etats voisins qui subissent les mêmes assauts de djihadistes.

Si les uns et les autres étaient de bonne foi, ils auraient écouté la CEDEAO dans sa médiation.

Car, aujourd’hui, les fondamentalistes vont se frotter les mains. Car, une de leurs aspirations est justement de semer le chaos dans le pays. Et on n’est pas loin de ce scénario.

Ainsi, les organisations internationales ne vont pas lever les sanctions tant que l’ordre constitutionnel ne sera pas rétabli. Et enclavé et isolé, le Mali ne pourra pas, seul, s’en sortir.

Cette double quarantaine de la Covid-19 et des pays voisins va obliger les putschistes, apprentis de l’exercice du pouvoir, à se raviser. Il n’y a pas une autre solution.

Personne n’entrera dans le jeu de ‘’période de transition’’ et de ‘’nouvelles élections’’. C’est révolu, tout cela.

Alors, il est temps que les Nations-Unies avec l’appui de l’Union africaine et de la CEDEAO, organisent une rencontre internationale sur le Mali qui paie le prix fort du chaos libyen dont il n’est pas du tout le responsable.

Car, aucun malien ne pourra  venir à bout des contradictions énormes qui gangrènent ce pays. Il faudra la bonne foi de tous les acteurs et une réelle volonté politique. Et surtout du temps et de la patience.

Rien ne peut se faire dans la violence. Or, un coup d’Etat, c’est de la violence.

Certes, on ne peut pas empêcher un peuple mécontent de manifester, mais il faudra se résoudre à accepter que la seule sanction valable contre un Président qui déçoit, est la carte d’électeur. Les autres subterfuges ne sont rien d’autres que de fausses solutions qui vont davantage enfoncer le pays dans la crise. Et c’est exactement ce qui se passe au Mali. Le pays s’enfonce davantage.

Assane Samb

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