Nouveau style musical, Ndongo Lô, Fonds Covid: En privé avec Yves Niang

L’artiste chanteur Yves Niang « is back ».  De retour après une pause sanctionnée d’études et de recherches musicales à l’étranger, l’enfant de Pikine évolue désormais dans un nouveau registre musical : l’afro-Mbalax. Dans cet entretien avec Rewmi Quotidien, Cheikh Ibra Niang à l’état civil alias Yves évoque les raisons de son absence, parle de ses projets, de sa relation avec Ndongo Lô, entre autres.

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Yves Niang on constate que vous aviez complétement disparu de la scène. Que s’est-il passé et que devenez-vous ?

Disons que j’étais dans mes projets. Un artiste se doit toujours de continuer à faire de nouvelles choses, d’innover afin de faire plaisir à son public. A vrai dire, j’étais parti me renforcer musicalement. J’ai d’ailleurs appris une nouvelle forme de musique que je suis en train de jouer maintenant. Il faut dire que je suis allé en Europe pour aller découvrir de nouvelles formes de musique, de nouvelles cultures, de nouveaux métiers. J’ai pris part à des festivals pour y apprendre de nouvelles choses et c’est la raison pour laquelle je me suis fait rare. Et avec ma nouvelle façon de faire, les gens qui n’avaient plus de mes nouvelles sauront que je ne me suis pas absenté pour rien. Mais plutôt, j’étais parti m’enrichir musicalement.

Visiblement, vous ne faites plus du « Mbalax ». Qu’est-ce qui vous a poussé à changer de registre ?

J’ai appris à faire de la musique traditionnelle, du ‘’Simb’’, du ‘’kassak’’, du ‘’mbapaate’’, entre autres. Mais tout cela ne suffit pas à un artiste. S’il veut être un artiste international, il faut qu’il aille dans les pays comme le Nigeria, le Burkina Faso, aux Etats-Unis, à Londres, entre autres, pour voir leurs tempos et apprendre et s’y inspirer. Si vraiment l’artiste veut faire carrière et veut vendre sa musique sur le plan international. Et pour pouvoir participer aux festivals, gagner des prix, il faut faire des recherches. Le ‘’Mbalax’’ est diffèrent des autres musiques. Faire seulement le ‘’Mbalax’’ ne t’ouvre pas de portes. Il faut changer son style pour élargir son public. Je suis polyvalent et avec ma voix, je peux chanter n’importe quel type de musique et je me suis dit pourquoi ne pas l’exploiter en faisant de l’afro-mbalakh.

Vous dites avoir voyagé pour aller vous renforcer. Ce voyage a-t-il porté ses fruits ?

Oui bien sûr ! Il y a eu beaucoup de changements. La preuve ? Quand j’ai sorti mon single « Feul Feulalé » je suis venu avec un nouveau type de style. Il n’y a pas eu beaucoup d’instruments. La nouvelle génération a beaucoup aimé ce morceau. Je l’entendais partout sur les réseaux sociaux et c’était plaisant et ça m’a permis d’avoir un nouveau public jeune. Et dans mon dernier clip « Thiass Thiass», j’ai innové, j’ai même ramené des danseuses étrangères pour le clip .Tout cela peut m’ouvrir de nouvelles portes comme par exemple le fait qu’un producteur me voie et soit intéressé et veuilles m’amener à l’étranger pour un festival. Vous savez l’avantage des tournées, c’est que tu peux rencontrer d’autres artistes avec lesquels tu peux faire des duos et c’est avantageux.

Vous étiez très proche de Ndongo Lô. Comment est-ce que vous vivez son absence ?

Oui, il me manque beaucoup et c’est une chose que je n’ai pas besoin de dire. Nous sommes partis de rien pour en arriver là, nous avons tout partagé ensemble et cela pendant 9 longues années.

Quels sont vos rapports avec les autres artistes de la banlieue ?

J’ai de très bons rapports avec eux. D’ailleurs, nous sommes très proches et nous nous entraidons beaucoup. Et avec pas mal d’artistes, nous avons fait un morceau sur la Covid-19 afin de sensibiliser la population. C’était énorme et le Maire a même participé à ce projet et a apporté sa participation financière. Il faut rappeler que c’est moi-même qui ai fait le partage. Pareil pour le fond covid réservé aux artistes, c’est moi qui me suis occupé de tout. Et par la suite, j’ai créé ‘’le Collectif des artistes musiciens de Pikine’’ qui regroupe toutes les 16 communes d’arrondissement de la banlieue. Nous avons beaucoup de projets comme par exemple l’organisation de festivals, de compilations, des concerts et bien plus encore. Tous les artistes de la banlieue sont les bienvenues dans le collectif. Nous voulons former beaucoup de jeunes en organisant des ateliers de formations et bien d’autres activités.

Faites-vous partis des artistes qui ont bénéficié du fond Covid destiné à la culture?

J’ai reçu la même chose comme tout le monde c’est-à-dire 126.000 Franc CFA. Il y a eu des artistes qui avaient disparu de la scène depuis belle lurette et qui ont reçu. Ce qui m’intéressait ce n’était pas le fait que j’ai quelque chose ou non mais plutôt le fait que les autres reçoivent leur argent. Il y en a certains si je n’avais rien fait, il n’aurait rien reçu, parce que ces derniers ne disposaient ni de cartes de droits d’auteur, ni de cartes AMS. J’ai fait en sorte que tout le monde ait sa part et mon combat actuel c’est de les soutenir tous, être présent et faire en sorte qu’ils soient dans de bonnes conditions.

Comment vivez-vous la Covid-19 ? A-t-elle impacté sur votre travail ?

Je la vis comme tout le monde. C’est difficile mais nous faisons avec. C’est vrai que le Ministre a levé la restriction sur l’interdiction des spectacles mais le public pour la plupart n’ose pas venir assister aux soirées parce que ce genre de choses regroupe beaucoup de gens et tout. L’ambiance qui va avec… et quoi qu’on dise, la maladie est toujours là. C’est difficile quand on est artiste et que l’on reste 9 mois sans avoir de rentrées d’argent, c’est compliqué. Je pense que l’Etat doit trouver une nouvelle façon de venir en aide aux artistes, les assister pour qu’ils puissent au moins se faire de l’argent même quand il n’y a pas de spectacles. Et c’est la raison pour laquelle, je lance un appel à tous les artistes pour qu’ils fassent des recherches surtout du côté digital car c’est très important. En mettant nos musiques dans les plateformes le public peut aller les acheter là-bas et nous nous ferons des sous sans avoir à faire des spectacles ou quoi que ce soit.

Que faites-vous en dehors de la musique. Avez-vous d’autres activités ?

En dehors de la musique, je m’intéresse aussi au cinéma parce que c’est un art que j’ai toujours aimé. Sinon à part ça, je fais aussi du commerce. Avant de me lancer dans la chanson, j’étais à Ponty où je vendais des habits et des chaussures, autres choses, articles. Je vends des habits à mes fans, mon orchestre et je suis mon propre styliste. C’est bien beau de faire la musique mais il ne faut pas seulement se limiter à cela. Il faut toujours avoir une activité à côté pour pouvoir assurer ses arrières.

Pouvez-vous revenir sur une anecdote qui vous a beaucoup marqué ?

L’un des souvenirs qui m’a le plus marqué a un rapport avec mon clip «  Coumba Dioko ». Apres avoir fait le tournage du clip, je m’apprêtais à rentrer ; c’était vers les coups de 4 heures du matin. Quand je suis sorti du studio il y avait une pluie monstre. Ce jour-là, il y’avait beaucoup d’eau au point que j’en ai perdu mes chaussures. J’avais même trébuché. Je n’avais jamais vu une aussi grande pluie et finalement je suis rentré à pieds. Quand le clip est sorti, il a fait un tonnerre d’ailleurs ; on me demande toujours de le jouer à chaque fois que je fais un spectacle. J’ai subi tout cela pour ce morceau (rire).

Quels conseils donnerez-vous aux jeunes talents ?

Le conseil que je leur donne, c’est de bien bosser sur les textes. C’est bien beau l’ambiance et tout ce qui s’en suit mais le texte aussi est important. Quand un artiste écrit un bon texte même  20 années plus tard, les gens s’en souviendront et c’est ça qui est bien. Il faut écrire des textes censés.

Quels sont vos projets ?

J’ai pas mal de projets mais celui qui prime pour le moment, c’est la préparation de  la sortie de mon album international. Avec mon staff on y travaille, nous voulons de nouvelles sonorités différentes de celles que les gens ont l’habitude d’entendre. Le nom de l’album est assez particulier, il est significatif. Je l’ai intitulé : « Air Afrique. » L’idée est de prendre tous les airs de l’Afrique, les mélanger avec nos voix et vice versa. A part ça, avec ‘’Le Collectif des artistes musiciens de Pikine’’, nous sommes en train de préparer le lancement de nos activités.

ANNA THIAW

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