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PEOPLE! ELZO JAMDONG: Le hip-hop au service d’une vision sociale…

De ses premiers pas dans le rap au collège à la création du collectif Jamdong Community, en passant par une tournée nationale qui a marqué les esprits, Elzo Jamdong redéfinit les contours de l’artiste engagé au Sénégal. Héritier d’une famille de mélomanes où se côtoyaient musique cubaine et sonorités peules, il a su créer une signature musicale unique, puisant dans ses racines tout en embrassant la modernité du hip-hop. Avec son projet « Mën Na Nekk », qui a touché plus de 3,4 millions de personnes à travers le Sénégal, il prouve que la musique peut être bien plus qu’un divertissement. À l’occasion de la sortie de son nouvel album, celui qui rêve d’obtenir son premier disque d’or partage sa vision d’un art qui transcende les frontières entre création musicale et impact social. Entretien !

 

Parlons de vos débuts ! Comment s’est construite votre passion pour la musique et quel a été votre parcours jusqu’à aujourd’hui ?

Je suis né dans une famille de mélomanes. Mon père était un grand amateur de musique cubaine, tandis que ma mère écoutait beaucoup de musiques peules, notamment Baaba Maal. J’ai trois frères et deux sœurs, et chacun de nous avait ses propres goûts musicaux. Ce qui m’a fait aimer la musique hip-hop, c’est son aspect lyrique. Lorsque j’ai découvert le rap, c’est cet aspect qui m’a le plus attiré. Je me souviens qu’au collège, en apprenant à construire des vers et des phrases avec des rimes, j’ai formé mon premier groupe de rap en classe de quatrième. Depuis ce moment, je n’ai jamais cessé d’écrire. Au fil du temps, j’ai intégré plusieurs groupes de rap avant de rejoindre mon dernier collectif, Jamdong Community, que nous avons créé lorsque j’étais en France pour mes études, en 2010. En 2014, j’ai sorti un projet solo, et depuis 2015, ma carrière solo a véritablement commencé. Entre 2015 et aujourd’hui, j’ai eu l’occasion de sortir une mixtape, trois EP et trois albums.

Le nom « Jamdong » a-t-il une signification particulière ? Pouvez-vous nous raconter l’histoire derrière ce nom de scène ?

Jamdong est le nom du dernier crew auquel j’appartenais, et cela signifie « la Jamaïque » en patois jamaïcain. Nous étions un groupe d’amis passionnés par la culture reggae et dancehall, et nous organisions des soirées dancehall entre Dakar et d’autres lieux. C’est ainsi que nous avons décidé de nous appeler « Jamdong Community ». Lorsque nous avons commencé à faire de la musique, nous avons réalisé que presque tous les membres du groupe étaient déjà artistes. Nous avons donc choisi d’ajouter « Jamdong » à nos noms d’artistes, comme une sorte de nom de famille artistique. De mon côté, j’ai toujours aimé jouer avec les mots. J’ai réfléchi à une signification en wolof pour « Jamdong ». En wolof, « jam » signifie la paix et « dong » peut se traduire par seulement. J’ai donc commencé à prononcer mon nom comme « Elzo Jamdong », en le séparant en deux mots pour lui donner une nouvelle interprétation. Ce clin d’œil symbolise également le premier pilier du hip-hop : « Peace, Love, Unity, and Have Fun ». C’est ainsi qu’est né le concept Jamdong tel qu’il existe aujourd’hui.

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Comment décririez-vous votre évolution musicale ?

Je pense que la musique que j’entendais à la maison depuis mon enfance, ainsi que la culture hip-hop que j’ai adoptée très jeune, imprègnent profondément ma propre musique. Étant passionné de reggae et de hip-hop, et ayant grandi avec des parents amateurs de musique cubaine, de rumba congolaise et de musique française, j’ai développé un intérêt pour des sonorités variées provenant de différents horizons. Aujourd’hui, ce que je crée est clairement le résultat de ces influences musicales familiales.

Quelles sont vos principales sources d’inspiration lorsque vous créez de la musique ?

Mes inspirations sont aussi diverses que mes thèmes d’écriture. Par exemple, lorsque j’écris un texte à portée politique ou engagée, je puise dans ce qui se passe autour de moi : mon environnement, ma ville, mon pays, mais aussi à l’échelle mondiale. Cela peut venir de ce que j’observe sur les réseaux sociaux, dans des documentaires, ou même dans l’actualité. Quand il s’agit de parler d’amour ou d’amitié, je me tourne naturellement vers ma propre vie. Je m’inspire autant de mes expériences personnelles que de ce que je perçois dans celles des autres, même si cela ne m’affecte pas directement. Musicalement, je trouve également beaucoup d’inspiration dans ce que j’écoute : du rap, qu’il soit américain ou français, de la variété sénégalaise et africaine, ainsi que beaucoup de musiques rétro venues des quatre coins du monde. Je reste très ouvert et réceptif aux suggestions d’amis ou de connaissances, qui me font découvrir des morceaux issus de leurs pays et cultures respectifs.

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Quel impact souhaitez-vous avoir à travers votre musique, notamment au Sénégal et en Afrique ?

Je considère la musique comme une énergie qui accompagne les gens dans leur vie. Si mes chansons peuvent guider les plus jeunes à éviter mes erreurs, leur faire gagner du temps dans leurs apprentissages, les réconforter dans leur solitude ou les aider à surmonter les moments difficiles, alors ma mission est accomplie. Cependant, je ne cherche pas à forcer cet impact. Pour moi, la création artistique est d’abord personnelle. Je crée et partage mon art sans chercher à contrôler son influence il touchera naturellement les personnes qui y seront réceptives.

Pouvez-vous nous raconter l’origine du projet Mën Na Nekk et ce qui vous a motivé à le lancer ?

Le projet « Mën Na Nekk » est né d’un forum sur les métiers de la musique que nous avions intégré au Teaupla Festival en 2021. Lors de cet événement, mon équipe et moi avons présenté nos différents métiers liés à la culture et aux industries culturelles et créatives à un groupe de jeunes passionnés de culture, mais qui ignoraient les débouchés professionnels dans ce domaine. Après cette expérience, j’ai eu envie d’aller plus loin en partageant davantage mon parcours et mon expérience avec des personnes de différentes villes. En réfléchissant, je me suis dit que je pourrais reproduire cette initiative, mais sans me limiter uniquement au secteur culturel. L’idée était d’organiser plus de forums et de panels dans divers domaines, où nous pourrions partager nos expériences avec des jeunes. C’est ainsi qu’a germé l’idée d’une tournée dans les 14 régions du Sénégal, accompagnée de missions télé, de podcasts, et de rencontres. L’objectif était de mettre en lumière des success stories locales, des personnes qui, dans leur région, réussissent à entreprendre en exploitant les ressources et outils disponibles dans leur environnement.

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 La tournée a touché plus de 150 000 personnes sur le terrain et 3,4 millions en ligne. Comment avez-vous réussi à mobiliser autant de monde autour de ce projet ?

Si nous avons réussi à mobiliser autant de monde, c’est grâce à une équipe incroyablement dévouée et profondément investie, pour qui ce projet tenait vraiment à cœur. Nous étions une équipe de 20 personnes, parcourant le Sénégal ensemble, et chacun a donné le meilleur de lui-même pour atteindre ce résultat exceptionnel De la logistique à la production, en passant par les réseaux sociaux et l’aspect technique, chaque membre, chauffeurs, régisseurs, relais communautaires, community managers, DJ, équipe de production et maquilleuse s’est investi à 200% pour obtenir ces résultats extraordinaires dans notre tournée à travers le Sénégal.

D’ailleurs l’album sort dans un contexte de forte attente. Comment gérez-vous la pression liée à ces attentes élevées de vos fans ?

Je ne ressens aucune pression liée aux attentes des fans, même si je comprends leur impatience. Pour moi, l’art à une dimension spirituelle, c’est un échange profond entre l’artiste et son public. Je suis convaincu que toute création artistique arrive au moment opportun. Il ne faut ni précipiter ni ralentir le processus, les choses se manifestent naturellement quand elles doivent se manifester.

Quelles ont été les plus grandes leçons que vous avez tirées de vos échanges avec la jeunesse des 14 régions du Sénégal ?

 J’ai beaucoup appris de cette tournée ! Et ma plus grande leçon de cette tournée a été la découverte d’un bonheur authentique chez des personnes disposant de moyens limités, bien loin de ce que les citadins considèrent comme indispensable.

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Quels sont vos prochains défis et projets après la sortie de cet album ?

Mon prochain défi avec la sortie de cet album c’est d’avoir mon premier disque d’or et de faire de tel sorte que le film documentaire « Mën Na Nekk » qui est un film de 65mn que j’ai réalisé pendant la tournée et pendant la conception de cet album puisse accéder aux plus prestigieuses plateformes dédié au cinéma dans le monde.

ANNA THIAW


 

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