Solide est notre système politique et institutionnel. Comme un roc, il survit à tous les régimes. En effet, depuis que Léopold Sédar Senghor l’a institué en 1962 après la crise politique que le pays a traversée, rien n’a vraiment changé. C’est le présidentialisme pur et dur. Et là-dessus, il n’y a pas eu trop d’exception. Ni Diouf, ni Wade ni Macky n’y ont apporté de changements notoires.
Encore moins Diomaye et Sonko. Du moins, pour le moment. Ce système est marqué par la toute-puissance de l’Exécutif avec un Président de la République qui a des pouvoirs exorbitants avec, à ses côtés, un Premier ministre qui est souvent un ami ou un proche.
Cet exécutif a alors tendance à développer des réflexes autocritiques. Il reste réfractaire à la contestation et considère son opposition comme une bande de subversifs. En conséquence, il s’évertue à utiliser la Justice, grâce au lien de subordination du Parquet pour mater les opposants les plus durs en les arrêtant et en les harcelant.
La finalité de l’opération étant de les pousser à transhumer pour les domestiquer. C’est exactement ce qui s’est toujours passé et continue à se passer. Là-dessus, pas de rupture systémique. Wade a subi toutes sortes de harcèlements avant d’être élu quelques années après à la faveur de la première alternance. Quand Idrissa Seck s’est montré un peu trop audacieux, il l’a mis en prison.
Exactement comme Diouf faisait contre lui. Et Macky a subi sa colère avant de ne devoir son salut qu’à l’entregent de marabouts. Ce dernier a fait subir à Sonko la même chose. Et celui-ci, arrivé au pouvoir en duo avec Duomaye, s’acharne actuellement sur Barthélémy Dias après Bougane. Tout se passe comme si, chez nous, notre culture politique et sociale s’accommodaient mal des normes démocratiques d’acceptation de la contestation et de la critique. Une situation qui mérite une analyse approfondie pour comprendre les fondements d’une situation qui, depuis Senghor et Mamadou Dia, nous poursuit comme une malédiction.
Assane Samb