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RENCONTRE AVEC CHEIKH IBRA FAM : Le Baye Fall qui berce le monde…

Jeune artiste, votre invité people du jour impressionne par sa maturité. Open mind, esprit light et verbe enchanteur, son art musical est celui d’un parcours initiatique hérité du stylisme d’une maman aimante et de la rigueur quasi militaire d’un papa protecteur. Aussi de Freestyle à Cheikh Ibra Fam, la progression n’est pas une simple nomenclature, mais une affirmation identitaire faite de culte et de culture, issue d’une prise de conscience dont les effets irradieront la thématique musicale de ce citoyen du monde dont le micro bien ancré dans ses racines baye fall, se ramifie de ses pérégrinations éclectiques et des collaborations enrichissantes pour chatouiller nos oreilles mélomanes.

Bonne écoute !

Et si vous nous parliez de vous ?

C’est toujours difficile pour nous, artistes, de nous décrire avec des mots. Notre langage naturel, c’est la scène et c’est là qu’on se révèle vraiment. Ce que je peux vous dire, c’est que j’ai cette passion pour la musique qui m’habite mais au-delà de ça, ce qui me caractérise depuis toujours c’est ma curiosité. Même enfant, j’observais tout, je voulais tout comprendre, tout apprendre. En dehors de la scène, je suis quelqu’un de plutôt timide. J’ai cette particularité de ne pas aimer l’à peu près ou l’échec. Avant de me lancer dans quoi que ce soit, j’ai besoin de maîtriser mon sujet. C’est ce qui m’a amené à disparaître un moment de la scène sénégalaise pour aller étudier. Je suis parti au conservatoire de Milan, puis dans d’autres pays, parce que je sentais que j’avais encore des choses à apprendre. J’ai eu la chance de côtoyer de grands artistes ici au Sénégal et ces échanges m’ont beaucoup apporté. Si je devais me résumer en un mot, ce serait la curiosité. C’est vraiment ce qui me définit et j’essaie de rester humble c’est quelque chose que j’ai appris à travers le mouridisme et le bayfallisme.

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À quel moment avez-vous su que la musique serait votre voie ?

En fait, je n’ai pas commencé directement par la musique. Tout a débuté avec les xassaides dans un kourel. J’ai grandi dans un environnement artistique ma mère est styliste, mon père douanier à la retraite et j’étais constamment bercé par la musique. Du coup, quand j’ai voulu devenir chanteur, la transition s’est faite naturellement. Mais attention, je n’ai jamais abandonné le spirituel pour autant ! Les xassaides font toujours partie de ma vie, c’est ma foi. La différence, c’est que la musique me permet de toucher plus de monde. Aujourd’hui, je suis un messager qui représente le Sénégal partout où je vais. Ma mère m’a soutenu dès le début. On avait pour voisin Papis Ndiaye le claviériste de Thione Seck à l’époque puis de Wally Seck et avec ma mère, on est allés dans son studio pour enregistrer ma première chanson. J’avoue que j’ai eu peur de la faire écouter à mon père à cause des préjugés. Mais un jour, en famille dans sa voiture j’ai discrètement mis le son. Il a adoré, sans savoir que c’était moi ! Quand je lui ai avoué que c’était ma voix, il a été tellement fier qu’il m’a promis son soutien total. C’est grâce à lui que j’ai pu partir étudier en Italie. C’est vraiment à partir de ce moment-là que ma carrière a décollé.

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Pourquoi avez-vous choisi le pseudonyme « Freestyle » pour vos débuts ?

Quand on débute, on tâtonne forcément. On se cherche, on expérimente, parfois on fait des choix sans être totalement convaincu. Ce n’est pas qu’on manque d’authenticité, c’est juste qu’un artiste mûrit avec le temps. À l’époque,  Freestyle  me correspondait parfaitement. J’étais ce gars toujours drôle à la maison, celui qui faisait rire ses amis, ses voisins. Les gens disaient de moi que j’étais quelqu’un de « free », toujours à l’aise avec tout le monde. Et c’est resté comme ça partout où je vais, je porte cette fierté avec moi. Cette fierté, c’est celle d’être africain, de connaître mes racines, de savoir qui je suis vraiment. Quand j’ai lancé ma carrière, on m’a suggéré de prendre  Freestyle comme nom de scène. Ça collait bien avec mon style musical de l’époque.

Que vous a apporté votre passage dans l’Orchestra Baobab ?

Mon passage avec l’Orchestra Baobab m’a amené où je suis aujourd’hui. Au Sénégal, on ne se rend pas toujours compte de la puissance de notre musique africaine. Mais quand j’ai fait le tour du monde avec l’orchestre, j’ai eu un déclic. Je voyais des gens qui ne comprenaient ni le wolof, ni le diola, ni le mandingue, mais qui dansaient et vibraient sur notre musique. C’est là que j’ai réalisé la richesse immense qu’on a en tant qu’artistes africains. J’étais encore Freestyle à l’époque, avec déjà 3 albums à mon actif. Je venais aussi de signer avec un label français. Après discussions, on a décidé de changer mon nom d’artiste. Je ne me sentais plus Freestyle, mais Cheikh Ibra Fam. C’était une vraie prise de conscience : sur scène, partout dans le monde, je ne représente que l’Afrique, que le Sénégal. Alors qu’avant, Freestyle sonnait américain. J’ai énormément appris avec eux. Et quand Issa Cissokho, l’un des plus grands saxophonistes de l’orchestre, est décédé, j’ai commencé à jouer du saxophone en sa mémoire.

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Votre style musical aujourd’hui vous le définissez Comment ?

Je dirais que c’est de la world music, de l’afropop. Même quand j’apporte du moderne, il y a toujours ce côté traditionnel qui reste. J’arrive à moderniser notre musique traditionnelle de façon à ce que même quelqu’un qui ne comprend pas notre langue puisse s’y retrouver. C’est ça qui est génial créer une musique dans laquelle les gens se reconnaissent, peu importe d’où ils viennent. On parle souvent du mbalakh, mais on a tellement d’autres rythmes que peu d’artistes explorent vraiment.

Vous dites à travers votre art  avoir pour mission  de créer des liens entre chacun d’entre nous. Comment voyez-vous le rôle de l’artiste dans la société sénégalaise ?

Je pense que la musique a atteint un point où elle peut délivrer des messages que seul l’artiste est capable de faire passer. Dans la joie et la distraction, on peut glisser des messages profonds qui touchent vraiment les gens. La musique a une force, une puissance incroyable. En tant qu’artiste, il faut savoir qu’on a le pouvoir de changer les choses. Moi, j’ai compris qu’avec ma musique je peux amener un peu de paix partout où je vais. La musique peut t’aider à sortir des difficultés, te donner des solutions. Elle a des vertus presque mystiques j’ai envie de dire. C’est important pour moi, surtout en tant qu’artiste sénégalais, de savoir que la musique va bien au-delà du simple divertissement elle sensibilise aussi. Le monde est à un point où on doit sensibiliser, aborder des sujets qui nous concernent vraiment plutôt que de chanter futile. Bien sûr, on peut chanter l’amour, mais on peut aussi éveiller les consciences. C’est ça notre responsabilité.

Que pouvez-vous nous dire sur votre prochain album « Adouna »,  Pourquoi « Xam Xam » et Quel est le message derrière ?

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« Adouna » c’est mon deuxième album international. J’ai eu la chance de signer avec un label basé aux États-Unis, et si tout se passe bien, l’album sortira en octobre, inchallah. Une fois tous les morceaux terminés on a pris le temps de réfléchir. Après plusieurs discussions, on s’est rendu compte que si on additionne l’essence de tous mes albums, on obtient Adouna. Parce que dans « Adouna »  qui veut dire le monde, il y a tout. Le premier titre de l’album s’appelle « Xam Xam » et ce n’est pas un hasard. Dans la vie, si tu es sur cette terre sans connaissances, ta présence perd son sens. C’est grâce au savoir qu’on apprend à mieux vivre, à gérer les hauts et les bas. Le message du morceau, c’est ça : seule la connaissance peut t’aider à avancer. Je profite aussi de l’occasion pour annoncer à tous ceux qui me suivent que j’ai une date importante le 23 Juillet : je vais jouer au Kennedy Center, dans le cadre du plus grand festival de jazz au monde. J’y représenterai le Sénégal !

Quelle a été votre collaboration la plus enrichissante ?

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Je dirais que toutes mes collaborations sont marquantes. Je suis un artiste qui cherche toujours à positiver dans la vie .Par exemple, j’ai fait un featuring avec une chanteuse très connue dans le milieu du reggae en France. Cette collaboration m’a beaucoup apporté  elle m’a ouvert des portes dans le milieu du reggae, notamment auprès d’un public qui n’écoutait que ce genre musical. Grâce à ce morceau, j’ai même pu participer à l’un des plus grands festivals de reggae à Bordeaux. Je ne suis pas un artiste qui multiplie les collaborations. Quand je fais un featuring, c’est vraiment parce que je ressens un vrai feeling avec l’artiste, pas pour le buzz ou parce que la personne est connue. Je le fais par conviction ! J’ai aussi eu la chance de collaborer avec Cheikh Ndiguel Lo, Baye Fall comme moi. Sa musique porte beaucoup d’enseignements. Ce featuring m’a profondément marqué, au point que ce morceau est devenu celui avec lequel je termine toutes mes prestations en festival. Mais la collaboration qui m’a le plus touché reste celle avec Balla Sidibé de l’Orchestra Baobab. Il était le cerveau, le cœur du groupe. Notre morceau ensemble est tombé en pleine période de Covid. Malheureusement, il est décédé peu de temps après. Quand on y pense, avec ses 50 ans de carrière, c’est le dernier morceau qu’il a chanté avant de partir. C’est quelque chose qui me marquera à vie.


ANNA THIAW 

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