La tuberculose continue de sévir dans la banlieue dakaroise. 125 cas ont été détectés au centre de santé de Baye Talla Diop ex Dominique au premier semestre à Pikine et 320 au centre de santé de Guédiawaye. Une information donnée à l’occasion de la caravane de l’association des journalistes en santé, population et développement (AJSPD).
Pour l’élimination de la tuberculose, les acteurs font face à la promiscuité dans la banlieue. Selon le point focal chargé du traitement de la tuberculose, Ndèye Maty Diagne Sy au centre de santé Baye Talla Diop ex Dominique de Pikine, pour l’année dernière, 514 cas ont été enregistrés. « Pour cette année, 125 malades ont été enregistrés et 200 malades suivent leur traitement dans notre structure », dit-elle. Et de poursuivre : « Cela augmente car il y a la promiscuité et nous voulons dépister et traiter tous les cas. Nous voulons qu’ils viennent plus encore pour en finir avec cette pathologie ». Elle renseigne que l’humidité est un facteur favorisant car ce sont les rayons solaires qui tuent le microbe. «Il y a des patients qui te disent qu’ils n’ont pas de fenêtre chez eux. Certains vivent avec leur maladie sans être dépistés », regrette-t-elle. Pour y faire face, ces acteurs font des caravanes de sensibilisation, des visites à domicile entre autres. « Il y a des perdus de vue, on les appelle et les relance. Ils pensent souvent qu’ils sont bien guéris alors que ce n’est pas cela. Nous appelons leurs accompagnants », souligne-t-elle. Sur les facteurs favorisants, elle liste la cigarette et l’alcool, ainsi que les échecs comme stress. « Il y a des multi-résistants contaminés directement. La maladie touche beaucoup plus les hommes que les femmes. Trois enfants tuberculeux ont été enregistrés au premier semestre et ils sont contaminés par les grandes personnes », fait-elle savoir.
Toux intenses, fatigue, les malades viennent tardivement dans les structures sanitaires
Trouvé au centre de santé Baye Talla Diop de Pikine, Sidy Fall partage son vécu avec sa maladie. « J’ai attrapé la maladie l’année dernière et je n’arrêtais pas à tousser. Au retour de la prière de la Tabaski je ne pouvais pas monter les escaliers. Par la suite, je suis allé à l’hôpital et j’ai fait des radios. J’étais très fatigué quand je venais en consultation », témoigne-t-il. Et d’ajouter : «J’avais une baisse de poids. Les professionnels de la santé m’ont donné des recommandations à savoir arrêter de fumer car on partageait ensemble nos produits de tabac. J’ai été contaminé par ce fait et j’ai pris les responsabilités ». Pour éviter de contaminer sa famille, Sidy Fall dormait seul pour préserver ses proches. « J’ai suivi à la lettre leurs recommandations pour y faire face. Je toussais beaucoup c’est pourquoi je m’isolais. J’ai fait une rechute et je suivais mes traitements. Je suis resté plus de 4 mois avant d’entamer le traitement. Cet échec est lié à mon travail car je suis à Soumbedioune et nous sommes nombreux là-bas. Ceux qui fument nous en enfument aussi », explique-t-il.
Même constat pour Macky Diallo, venu de Kolda. Ce dernier ressentait du froid. « J’avais mal au niveau de ma poitrine, je toussais beaucoup. Après des analyses, on m’a détecté la tuberculose. Cela m’a beaucoup affecté je sentais des lourdeurs au niveau de mon corps », confesse-t-il. Et de renchérir : « La maison où j’étais, n’était pas aéré. Il n’y avait pas de lumière ni de soleil dans la maison. Avec le traitement, maintenant je me sens mieux ».
320 cas détectés au centre de santé de Guédiawaye
Au centre de santé de Guédiawaye, 320 cas de tuberculose ont été détectés. Selon Héléne Dacko Dia, ces cas sont repartis par tranche toutes formes confondues. « 45 cas extra-pulmonaire non contagieux, 28 rechutes et 12 enfants », renseigne-t-elle. Elle invite à sensibiliser pour faire face à cette pathologie qui se guérit. « Les malades se font dépistés très tard. Nous attendons 780 cas car ceux qui sont contaminés viennent tardivement avec un manque d’appétit, une fatigue intense entre autres. Chez les enfants, la détection se fait très tard », regrette-t-elle. Pour le superviseur communautaire du programme de lutte contre la tuberculose au niveau du district sanitaire de Guédiawaye, Abdoulaye Diouf, la situation de la tuberculose au niveau de Guédiawaye est vraiment alarmante. « Nous avons noté de vraies avancées, des innovations même au niveau du dépistage et du traitement des cas de tuberculose. Nous faisons partie des zones de forte densité, de tension sur la tuberculose, comme on l’appelle une zone de forte charge. Donc, Guédiawaye fait partie des zones où la tuberculose sévit et demeure en fléau », dit-il. Il laisse entendre que la tuberculose de l’enfant reste un défi avec les difficultés dans la détection. « Nous avons un appareil d’hygiène expert au niveau du labo. Mais, il faut également renforcer la prise en charge dans ce sens parce que vraiment, la demande est très forte », préconise-t-il. Il renseigne que le traitement varie de 9 à 20 mois. «Mais si c’est la tuberculose simple, c’est 6 mois de traitement. Le protocole de tuberculose multi-résistante est plus compliqué. La prise en charge nécessite un bon suivi, surtout assister psychologiquement le patient parce que ce sont des médicaments qui amènent beaucoup d’effets secondaires, il faudra prendre en charge ces effets secondaires », prescrit-il.
NGOYA NDIAYE