En détention depuis le 19 février dernier, Kapel T. a été jugé hier, par le tribunal des flagrants délits de Dakar pour avoir injecté 2.000 euros en faux billets dans une agence de transfert d’argent, sise à Grand-Yoff. Déclaré coupable de mise en circulation de signes monétaires contrefaits et d’escroquerie, le peintre, né en 1988 à Sédhiou, a écopé de deux ans de prison, dont six mois ferme et d’un dédommagement d’1,7 million francs. Son ami, Dosseh S. A., visé pour les mêmes faits, a été, lui, relaxé au bénéfice au doute.
Les faits remontent à deux mois. Accompagné de son ami, Dosseh S. A, Capel T. s’est présenté dans une agence de transfert d’argent, sise à Grand-Yoff une matinée de dimanche pour commettre de l’escroquerie. Le peintre a ainsi remis 2.000 euros en faux billets à la caissière qui lui a versé en retour 1,2 million francs. Quand les deux faussaires supposés sont partis, cette dernière a été rejointe par sa patronne. Ayant des doutes sur l’authenticité des billets, Fatoumata S. les ai présentés à sa banque, laquelle a confirmé leur caractère faux. Deux mois plus tard, Dosseh S. A., un habitué des lieux, est revenu à l’agence. Il a été alors interpellé, puis mis à la disposition des enquêteurs. Auditionné, le ressortissant togolais impute la paternité des faux billets à son compère qui, à son tour, a refusé d’assumer sa responsabilité. Inculpé et mis sous mandat de dépôt le 19 février 2025, le duo a comparu hier, à l’audience des flagrants délits de Dakar pour mise en circulation de faux billets et escroquerie. Mais, il a adopté la même posture. D’un ton posé, Dosseh a déclaré que c’est son co-prévenu qui lui a demandé de l’accompagner dans une agence qui travaille le dimanche. Ainsi, il est parti avec lui dans la multiservices de la partie civile où il avait l’habitude d’effectuer des retraits d’argent. « Il m’a dit qu’il devait partir en Casamance avec son grand-frère qui revenait de la France. Après l’opération de change, il m’a payé une canette de bière, avant de m’offrir 20.000 francs », a indiqué le menuisier, né en 1989 au Togo. Kapel a soutenu que c’est plutôt le contraire. « Le jour des faits, je m’apprêtais à aller à Guédiawaye. Sur ces entrefaites mon co-prévenu m’a appelé au téléphone, avant de me donner rendez-vous à l’arrêt du Brt. Quand je l’ai rejoint, il m’a donné 2 mille euros. Après avoir compté l’argent, on est partis ensemble faire le change à l’agence de la partie civile. C’est lui-même qui a demandé à la caissière le taux de change. Après l’opération, il m’a offert 50.000 francs », a raconté le peintre, domicilié aux Hlm-Grand-Yoff. La caissière a confirmé que c’est Kapel qui lui a donné les faux billets, avant de revenir sur ses pas pour lui réclamer un reliquat de 100.000 francs disant que le taux de change d’un euro c’est 650 francs au lieu de 600 francs. « Je lui ai fait savoir que c’était bel et bien 600 francs à l’époque. Car le taux avait baissé », a soufflé le témoin. Sa patronne a réclamé 1,7 million francs, à titre de dommages et intérêts. « Il est constant que c’est Kapel qui avait par devers lui l’argent. C’est également lui qui a remis les fonds à la caissière. Pour se décharger, il a imputé la proprieté des billets à son co-prévenu. Il n’y a rien qui conforte que c’est ce dernier qui lui a remis l’argent. Nous ne pouvons pas donner crédit à ses déclarations. Il avait l’intention de brader les fonds. Cest pourquoi il a accepté les 600 francs », a fait observer le représentant du Ministère public qui a requis deux ans, dont un ferme contre Kapel. « C’est un phénomène qui est récurrent. Ne serait-ce que pour aujourd’hui, on a trois affaires de faux monnayage à juger. Il est de la responsabilité de la justice de mettre fin à ces faits qui portent atteinte à l’économie et à la crédibilité de notre monnaie », s’est indigné le parquetier. S’agissant de Dosseh S. A., il s’est rapporté à la sagesse du tribunal. Le conseil de ce dernier a plaidé la relaxe pure et simple. Son confrère qui assurait la défense de Kapel, a plaidé le doute. D’après lui, rien n’atteste que ce sont les billets présentés par les prévenus qui ont été amenés à Ecobank, puis à la Bceao pour vérification. Rendant sa décision, le juge a retenu la culpabilité de Kapel T. qui a écopé de deux ans, dont six mois ferme. Il doit allouer 1,7 million francs à la partie civile. Rekaxé au bénéfice du doute, Dosseh S. A. a retrouvé la liberté après cinq jours de détention préventive.