Avec le soutien du père de son enfant, Saliou D., Oumou A., 25 ans, s’est débarrassée de sa grossesse de sept semaines en prenant des médicaments. En détention depuis le 16 octobre dernier, le couple a écopé hier, de six mois de prison.
Serveuse de son état, Oumou A. a découvert sa grossesse de sept semaines à quelques jours de son voyage en France. Lorsque le gynécologue lui a annoncé la nouvelle, la jeune femme est tombée sous le choc. Elle a immédiatement appelé le père de son enfant, Saliou D. pour lui faire part de sa décision d’avorter. Pour sauver son ménage, l’homme marié a donné carte blanche à sa maîtresse. Sur ces entrefaites Oumou est allée chercher sur internet un médicament destiné à l’avortement. Elle a ensuite communiqué le nom à son amant, lequel s’est procuré les pilules par l’intermédiaire d’un conducteur de « tiak-tiak ». Quelques heures après avoir avalé les comprimés, Oumou a commencé à avoir des saignements. Avec l’intervention d’une copine, elle a été acheminée dans une clinique où elle a séjourné aux soins intensifs pendant trois jours. Dénoncés, les deux amoureux qui travaillaient dans le même restaurant, ont été interpellés par la police. Restaurateur, âgé de 38 ans, Saliou D. a reconnu avoir aidé son amante à interrompre sa grossesse non désirée. Pour ce qui est des comprimés, l’époux infidèle a informé que le livreur les a acquis au marché noir de « Keur Serigne Bi ». Inculpés pour avortement et complicité dudit chef, les prévenus ont été privés de liberté le 16 octobre dernier. À la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar ce mercredi 25 octobre, Saliou a rejeté la faute sur sa petite amie. A l’en croire cette dernière ne lui a pas dit que les pilules étaient destinées à l’avortement. Une thèse corroborée par Oumou A., laquelle a endossé toute la responsabilité de cette sordide affaire d’avortement. Oumou a expliqué que c’est une amie qui lui a conseillé de faire une échographie lorsqu’elle a constaté quelques modifications morphologiques chez elle. « À la vue du résultat, j’ai immédiatement pris la décision d’avorter. Parce que j’ai reçu une invitation pour partir en France », a-t-elle lâché. De l’avis de la parquetière, Saliou a agi en toute connaissance de cause. Il savait que sa co-prévenue n’avait pas d’ambition louable au moment où elle lui exigeait d’acheter les médicaments. Pour la répression, la déléguée du procureur a requis trois mois ferme contre le couple. Mes Moussa Konaté et Iba Mar Diop ont plaidé la relaxe pour Saliou D., déclarant que la preuve de la complicité n’a pas été rapportée. Étant du même avis que la représentante du Ministère public, le juge a déclaré les deux prévenus coupables, avant de leur infliger une peine d’avertissement de six mois assortis du sursis.