Le Sénégal, pays de la diversité culturelle et de la mode, a récemment été secoué par une décision controversée : l’interdiction de l’entrée des friperies sur son territoire. Cette mesure, annoncée par le ministre Serigne Gueye Diop, vise à protéger l’industrie textile locale et à promouvoir la production nationale. Cependant, elle suscite de vives réactions parmi les commerçants de friperies, en particulier au marché de Colobane à Dakar, où ces boutiques ont prospéré pendant des années. Cet article se penche sur les implications de cette décision et recueille les avis des acteurs concernés.
La friperie, qui consiste à vendre des vêtements d’occasion importés, a gagné en popularité au Sénégal. Les friperies offrent une alternative abordable pour de nombreux Sénégalais, permettant un accès à des vêtements variés et de qualité à des prix compétitifs. Pour beaucoup, elles sont devenues un moyen de subsistance, soutenant des milliers de familles à travers le pays.
Le ministre Serigne Gueye Diop a justifié cette interdiction par la nécessité de protéger l’industrie textile nationale, qui peine à rivaliser avec les prix bas des vêtements importés. Selon lui, cette mesure encourage la consommation des produits locaux et favorise la création d’emplois dans le secteur textile. Les commerçants de friperies au marché de Colobane expriment leur inquiétude face à cette décision. Beaucoup d’entre eux dépendent entièrement de la vente de vêtements d’occasion pour subvenir aux besoins de leur famille. Mamadou khouma Diop , un vendeur de friperie depuis plus de dix ans, déclare : « Cette interdiction est une menace pour notre subsistance. Nous avons investi nos économies dans ce commerce. Si cela continue, je ne sais pas comment nourrir mes enfants “ .
Les commerçants soulignent également un sentiment d’injustice par rapport à la décision du gouvernement. Moussa Sene , un autre commerçant , explique : « Nous avons toujours payé nos taxes et respecter les réglementations. Pourquoi maintenant, alors que nous avons contribué à l’économie locale ? “ Face à cette situation, certains commerçants proposent des alternatives. Ils suggèrent plutôt que le gouvernement mette en place des réglementations pour améliorer la qualité des produits importés, tout en soutenant les producteurs locaux. Tapha Gueye un autre vendeur, affirme : « Au lieu d’interdire les friperies, le gouvernement pourrait encourager le développement d’une mode locale qui s’inspire de nos traditions. Nous pourrions travailler ensemble “ .
Du côté des consommateurs, l’interdiction des friperies soulève également des préoccupations. Pour beaucoup, ces boutiques représentent une source essentielle de vêtements abordables. Aïda Seye , une cliente régulière, déclare : « Les friperies me permettent d’acheter des vêtements de marque à des prix raisonnables. Si elles ferment, cela signifie que je devrai dépenser beaucoup plus pour des vêtements neufs “ .
L’interdiction de l’entrée des friperies au Sénégal, bien que motivée par des préoccupations légitimes pour l’industrie textile locale, soulève de nombreuses questions et inquiétudes parmi les commerçants, les consommateurs et les acteurs politiques. Le marché de Colobane, symbole de la vitalité économique et culturelle de Dakar, se retrouve au cœur d’un débat complexe sur la mode, l’économie et la justice sociale. Pour l’avenir, un dialogue constructif entre le gouvernement et les acteurs concernés semble essentiel pour trouver des solutions qui bénéficient à toutes les parties.
La mode au Sénégal doit continuer à évoluer, mais pas au détriment des moyens de subsistance de milliers de familles.
Fatou Ba
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