Comment comprendre qu’un ministre de la République puisse aujourd’hui appeler à la loi du talion — « œil pour œil, insulte pour insulte » — dans un pays régi par des lois, censées justement garantir l’ordre, la justice et la civilité dans l’espace public ?
Une telle posture questionne le rapport entre le pouvoir et sa responsabilité dans l’encadrement des passions politiques. Ceux qui gouvernent sont attendus non pas pour prolonger les confrontations d’hier, mais pour créer les conditions d’une vie apaisée où nul n’a besoin d’insulter ou de se défendre par l’invective.
Le « gatsa-gatsa », qui pouvait se comprendre dans le cadre d’une opposition se sentant opprimée, peut-il devenir une norme de gouvernance sans risquer d’ébranler les fondements d’un pays connu pour sa culture du dialogue, du compromis et du vivre-ensemble pacifique ?
N’assiste-t-on pas, sous l’effet de l’ivresse du pouvoir et de l’illusion d’une majorité triomphante, à une légitimation croissante de comportements que l’on aurait autrefois qualifiés de déviants ou d’irresponsables ?
Avec Pastef, la question se pose aujourd’hui : fanatisme politique, culte de la personnalité et partisanerie outrancière ne sont-ils pas en train de prendre le pas sur l’intérêt général, les principes républicains et le vivre-ensemble ?
La République peut-elle survivre durablement si la parole publique elle-même contribue à éroder les règles minimales de la civilité démocratique ?
Dr Cheikh Tidiane Mbaye Sociologue, CEO du cabinet l’œil du sociologue
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