Depuis leur séparation, Mia Guissé et No Face se livrent à une guerre froide à travers chansons et réseaux sociaux, incapables d’apaiser leurs blessures. Au cœur de cette rupture conflictuelle, leur fille Aminata, devenue témoin silencieuse d’une «impossible» co-parentalité.
Mia Guissé et No Face, jadis fusionnels sur scène comme dans la vie, n’en finissent plus de s’éloigner. Entre eux, leur fille, Aminata, devient aujourd’hui, malgré elle, le reflet d’une rupture qu’aucun des deux n’a su pacifier. La toile bruisse de leurs règlements de comptes, de cette guerre d’ego à leur insu. Derrière les sourires polis et les refrains envoûtants, se devinent les blessures affectives non digérées, celles qui déchirent les parents et finissent par emprisonner les enfants, souligne L’OBS.
Une co-parentalité en lambeaux
No Face publie une vidéo sur TikTok, les yeux embués, s’adressant directement à Aminata. «Je ne t’ai pas abandonnée, j’ai tout tenté pour te parler.» Un cri du cœur qui met le feu aux poudres. Mia réplique en coulisses. Le père de sa fille s’est éloigné de lui-même. Selon des proches, Mia aurait toujours favorisé les appels entre No Face et Aminata. Mais le rappeur n’aurait plus cherché à renouer le lien. La décision de justice, elle, est claire, la garde de l’enfant est attribuée à Mia Guissé. No Face doit verser une pension alimentaire. Mais au-delà des aspects juridiques, le drame se joue sur le terrain de l’affect. Sur les réseaux sociaux, les noms de Mia Guissé et No Face se hurlent comme un refrain désaccordé. Mais cette fois, il ne s’agit pas d’un clip viral… À chaque chanson de Mia, aux paroles acérées, No Face semble répondre par des vidéos éplorées. La musique comme exutoire. Les réseaux sociaux comme champ de bataille. Et au milieu, une enfant au centre d’un déballage public que personne n’avait vu venir. Ce qui aurait pu rester une cicatrice discrète est devenu un combat numérique. Derrière les likes et les partages, une famille se déchire, incapable de taire ses blessures affectives. La co-parentalité qu’on appelle de tous ses vœux semble ici, impossible
Mia : la renaissance, ou l’écho d’une prison trop étroite ?
Devenue artiste solo, Mia Guissé affiche un sourire neuf. Son premier single en solo, «Idda», raconte le deuil d’une relation. Mais derrière cette libération revendiquée, transparaît une douleur larvée. «J’ai vécu des choses immondes que je ne peux pas dire par égard à ma fille», lâche-t-elle, énigmatique, dans une interview à l’Observateur. Son style vestimentaire change, ses clips explosent de sensualité assumée. Elle clame sa liberté retrouvée. «Je n’ai rien à prouver. J’ai toujours aimé m’habiller comme je veux, ce n’était pas le cas avant», dira-t-elle à propos de ses détracteurs. Mais certains y voient une revanche voilée, une manière de répondre à son ex-mari sans le nommer. Chaque sourire semble cacher un flashback. Chaque hit, une cicatrice. No Face, de son côté, oscille entre silence et complainte publique. Sa carrière musicale, lui aussi, tente de se réinventer, avec des titres engagés, mais le poids du conflit familial semble le poursuivre comme une ombre.
Le poids des blessures affectives
«Ils ont mal divorcé», tranche le sociologue Abdou Khadre Sanogo. Pour lui, cette histoire illustre un mal profond, l’incapacité des couples à séparer le divorce conjugal du devoir parental. «L’enfant est toujours le cordon ombilical entre les parents, même après séparation. Or, ici, il y a des blessures non pansées. No Face, à mon sens, n’a pas digéré le sur-épanouissement de son ex-épouse. Mais Mia aussi, à travers ses chansons, lui renvoie ses frustrations en plein visage», analyse-t-il. Selon Sanogo, la co-parentalité nécessite un dépassement de soi que ni Mia ni No Face ne semblent prêts à opérer. «Quelqu’un entre les deux devait avoir un esprit de hauteur, cela aurait dû être l’époux. Ce n’est pas sur Internet qu’on règle ces choses. Malheureusement, dans notre société, on pense que divorce rime avec coups bas. Pourtant, même si on rate son mariage, on peut réussir son divorce, surtout quand il y a des enfants.»
Le sociologue pointe aussi les dangers d’une telle exposition. «Ce qu’ils oublient, c’est que dans dix ans, leur fille sera majeure. On lui rappellera chaque vidéo, chaque mot échangé dans la colère. En Afrique, le divorce est souvent vécu comme une guerre des nerfs. Mais au fond, ces attaques ne sont que la face visible d’une rancœur qui cache encore des sentiments non résolus.» Pour Sanogo, il n’est jamais trop tard pour bien faire. «Il faut apprendre à taire ses frustrations pour l’enfant. Quand on termine vraiment avec quelqu’un, on n’éprouve plus de rancune. La colère est une émotion qui, si elle n’est pas dépassée, se transmet à l’enfant. Ils ont utilisé Internet comme un ring, mais ils devraient en faire un espace de réconciliation silencieuse.»
Aujourd’hui, la question n’est plus de savoir qui a eu raison ou tort. Mais plutôt comment Mia et No Face pourront réécrire le reste de leur histoire parentale. Leur fille, Aminata, n’a pas choisi d’être au cœur de ce cyclone médiatique. Pourtant, c’est elle qui, à l’avenir, portera les stigmates de cette guerre d’ego non soldée. Le couple Maabo, ce duo qui faisait rêver les mélomanes, est devenu le triste symbole de ce que les réseaux sociaux peuvent amplifier, des rancœurs privées transformées en spectacle public.
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