Le Sénégal reste un pays attractif selon des experts. Car, autant d’investisseurs étrangers frappent à nos portes surtout avec la découverte du Pétrole et du gaz. Parmi les partenaires figure en bonne place la Chine et la France. Dès lors, le Pr Mounirou Ndiaye, chercheur et économiste à l’université de Thiès, il faut une reconfiguration du nos liens de coopération surtout avec la Chine et la France.
C’est le 25 Octobre 2005 que le Sénégal a officiellement repris sa coopération avec la Chine. Celle-ci avait été rompue le 09 Janvier 1996 par le président Abdou Diouf au profit de Taiwan. Selon les chiffres de la présidence du Sénégal, les investissements de l’empire du milieu s’élèvent aujourd’hui à 1.156 milliards de FCFA. Depuis l’accession du président Macky Sall au pouvoir en 2012, environ 900 milliards de FCFA ont été mobilisés pour le financement de nombreux projets dans plusieurs secteurs. Pour Mounirou Ndiaye, enseignant-chercheur à l’université de Thiès, qui se penchait sur : « le monde post covid19 : les exigences d’une nouvelle approche de développement », c’est un coopérant « bizarre », la Chine et invite les autorités à faire attention.
Loin de dire que « ce n’est pas une coopération gagnant-gagnant, » mais, « nous devons faire attention car cela prend une configuration qui ne nous arrange pas », dixit le chercheur. Il brandit l’argument selon lequel, « ces chinois viennent avec plus de 5 milles milliards de dollars de réserves de changes. C’est-à-dire que c’est de l’argent qu’ils (Ndlr : les chinois) ne touchent pas. Ils viennent avec cette manne financière pour ensuite nous la prêter. » Selon le Professeur Ndiaye, le Chine, qui nous saupoudrer cet argent là leur donne le prétexte de déverser leurs marchandises et tuer notre commerce et notre artisanat. « Il faut faire attention et il est nécessaire de revoir cette coopération. Les chinois viennent vous dire que nous allons vous construire une autoroute qui coute 417 milliards. On peut vous prêter de l’argent mais c’est notre entreprise qui construit. Mais rien ne nous dit que c’est cet argent qui a été financé. Il y a des zones d’ombres qui font qu’il faut prendre du recul pour redéfinir nos liens de coopération avec le géant de l’Asie et ces occidentaux », fait remarquer le chercheur.
Mettre fin à la France-Afrique
Le partenariat économique entre la France et l’Afrique, historiquement ancré dans le paysage économique de nombreux pays de la zone, se développe au rythme de la forte croissance des pays africains. Le continent enregistre depuis le début des années 2000 une croissance de l’accueil d’investissements directs étrangers dans le monde. La France participe à cette tendance générale, en diversifiant les pays destinataires et les secteurs visés. Elle jouit également d’un réseau de filiales compact et étendu qui génère de nombreux investissements à destination des pays d’implantation.
Le Sénégal n’échappe à ce statu quo du fait que notre pays accueille autant d’investisseurs français depuis des années. Ce qui ne plaît guère au Professeur Mounirou Ndiaye, de l’Université de Thiès par ailleurs Enseignant-chercheur. Pour lui, il faut y mettre un terme à la « France Afrique. » A l’en croire, cela doit finir car tout le monde comprend maintenant ce qui s’est passé. « Si quelqu’un vient chez toi soi-disant que tu es son esclave en t’exploitant sur le plan économique, avec cette question de capitalisme dégradant. Cette personne parvient à récupérer du gaz, du pétrole, de l’uranium, de l’or, du diamant, du cuivre etc. Et qu’elle amène chez lui gratuitement. C’est comme vendre du pain sans acheter du blé. C’est de la compétitivité. Et chez les occidentaux, cela dépend de l’accès assez facile, moins onéreux, très facile d’accès à la matière première. Donc il est impossible d’être indépendant et du jour au lendemain vouloir arrêter ce système. C’est ce qui a couté la vie à Patrice Lumumba, à Amical Cabral etc., Kadhafi récemment. »
Au Sénégal, le chercheur fera savoir qu’il y a eu des signaux, montrant que les gens ont compris. A preuve, « les récentes manifestations survenues partout dans le pays avec l’attaque de boutiques et de magasins français. Parce que c’est un signal fort et Jean Luc Mélenchon l’a dit aux français en ces termes : « les sénégalais vous ont parlé. Prochainement cela peut être pire. » Sur ce, il préconise un débat autour d’une table et négocier avec une coopération sémiotique où tout le monde va tirer son épingle du jeu. « C’est bien possible car depuis des années nous sommes en train de nous débattre pour que les choses changent et reconfigurer les liens de coopération », souligne Mounirou Ndiaye.
MOMAR CISSE