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DIAW DIOP DIDIN MUSICIEN
DIAW DIOP DIDIN MUSICIEN

DIAW DIOP DIDI MUSICIEN ‘’Quand on n’a pas de retour sur investissement, ça bloque la musique’’

Un artiste éclectique, rien de tel pour ouvrir une page réflexion sur l’industrie musicale. Et Diaw Diop, votre invité du jour, se prête bien volontiers  l’exo. Mots mesurés, idées ciselées, Didi parle comme il chante, c’est-à-dire, en réfléchissant. Et à revisiter son parcours, on voit qu’il a de qui et de quoi tenir. Un père qui, à travers une phrase valise, lui fait thésauriser les vertus de l’alliance études et art, un vécu qui forge une carapace de volontaire dans l’acte, Diaw Diop est un condensé de donneur universel. Micro l’artiste

Présentez-vous à nos lecteurs

Je m’appelle Diaw Diop Didi, je suis artiste, musicien, auteur, compositeur et lead vocal de Sen Melody Band. J’ai l’amour de la musique depuis tout petit et avec les études, j’ai eu la chance de fréquenter les clubs d’anglais, les chorales, entre autres. Par la suite, j’ai rejoint l’orchestre de l’université et j’ai monté le mien Sen Melody Band. Après l’obtention de mon Master 2, j’ai sorti mon tout premier titre « pro », Luthioum-Luthioum.

Diaw Diop, des études à la musique, comment s’est fait le pont?

La musique, c’est quelque chose que j’ai toujours aimée. Et mon père me disait souvent que « La musique c’est une passion, les études aussi ». Une phrase que j’ai toujours enfouie dans un coin de ma tête, en alliant les deux. Mais c’est carrément après les études que je me suis lancé. Ce n’était certes pas facile au début, mais je me suis battu pour y arriver. J’ai su faire la part des choses en quelque sorte.

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Qu’est-ce qui vous motive en tant qu’artiste ?

La passion dans un premier temps ! Mais au fil du temps j’ai appris et compris que seule la passion ne suffisait pas, les réalités du quotidien nous font prendre conscience que la vie est un éternel combat. Et tous ces paramètres réunis m’ont toujours motivé à aller de l’avant. Je suis de ceux qui pensent que le plus important c’est de vivre ses rêves de gamin. Je viens de très loin et là, je suis en train de faire mon petit bonhomme de chemin, je trace ma route. Comme pour reprendre la citation « Charité bien ordonnée commence par soi-même ». Quand j’y pense, je ne peux qu’être fier de moi aujourd’hui, je n’ai pas eu cette chance qu’ont eue les autres d’être dans des maisons de production, je me suis toujours produit tout seul. J’ai toujours fait avec les moyens du bord.

Début difficile au point de vouloir tout arrêter ?

Non jamais ! Je n’ai jamais pensé à décrocher, malgré toutes les difficultés. Le chemin était certes parsemé d’embûches, mais j’ai persévéré pour me faire cette place. Je suis coriace, quand je veux quelque chose, je me donne les moyens de l’obtenir, peu importe les difficultés. A chaque problème je trouve une solution.

« Parolier » quel est le secret de ce surnom?

Je fais toujours beaucoup de recherches en ce qui concerne la musique. Mon vécu me l’impose et m’a formé bien que nous n’ayons pas tous appris de la même manière. J’ai eu la chance de faire de la variété, de jouer sur plusieurs styles de musique. Que ce soit les textes ou autres, je mets toujours en avant l’aspect recherche. Je n’écris pas mes textes pour les écrire de façon simple j’essaye d’écrire comme l’artiste car la parole artistique dépend de la parole simple.

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Dites-nous en un peu plus sur votre style musical ?

Je fais de la world music, une musique que je définis comme n’ayant pas de frontière qui suit ses sensations, ses feelings. Quand un artiste est polyvalent et qu’il a la possibilité d’explorer d’autres univers, il ne doit pas se fixer de limites. Je fais de la variété, de la world music, je fais tous les styles de musique. Je ne fais que suivre mes sensations.

Dans vos chansons, vous abordez souvent le thème de l’amour, une raison particulière ?

Ce qu’il faudrait d’abord savoir, c’est que dans la vie, tout est amour ! C’est un thème qui revient certes souvent mais qui plaît toujours autant au public. Il y a le côté artistique, mais il y a aussi le côté business. Nous sommes des entrepreneurs et nous avons besoin de vendre et souvent les gens se retrouvent bien dans nos chansons. Sinon j’aborde aussi d’autres thèmes, mais le public a une certaine préférence pour les chansons d’amour.

Wiwi Wiri, votre tout nouveau single, est très apprécié sur les réseaux sociaux, vous attendiez-vous à un tel succès ?

En tant qu’artiste, on s’attend toujours à ce que son produit soit reconnu. Quand je bosse, je me dis que je dois tout donner et quand on se donne à fond pour quelque chose, on ne peut que s’attendre à un résultat positif.

Comment trouvez-vous l’industrie musicale sénégalaise ?

Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il y a une industrie de la musique ici, car tous les facteurs ne sont pas réunis. Tout d’abord, les artistes ont du mal à vendre leur musique et c’est un problème. Le public sénégalais n’a pas encore cette culture de streaming et de téléchargement. Ensuite de nos jours, la musique est tellement saturée que les artistes, en se produisant, font limite la promotion de leur produit. En tant qu’artiste, quand tu détiens ton produit et que tu veux qu’il soit découvert par le public, l’idéal c’est de le vendre, sauf qu’ici, ce n’est pas ce qui se fait et ça aussi c’est un autre problème. Il y a beaucoup de manquements dans notre industrie musicale et il faut une structuration.

Quand on n’a pas de retour sur investissement, ça bloque la musique et c’est ce qui pousse certains d’entre nous à se tourner vers d’autres activités ou à chanter les louanges d’une célébrité afin d’en tirer profit, d’où le terme « woyane ».

La musique nourrit-elle son homme ?

Oui bien sûr ! Et même au-delà de la musique, je suis dans d’autres activités qui me rapportent aussi tout comme ma musique. On peut se faire de l’argent avec les prestations live, les play-back, les streaming, malgré le fait que ça ne soit pas trop développé ici, entre autres…

 Mis à part OMG, peut-on s’attendre à des featuring avec d’autres artistes ?

Oui évidemment ! D’ailleurs je suis en train de bosser sur un nouveau projet où il y a pas mal d’artistes avec lesquels je suis en train de caler pour une collaboration, bien qu’au Sénégal, faire des collaborations reste difficile. Quand tu essaies de t’ouvrir en allant vers les autres il y a toujours ce petit blocage. En tant qu’artistes, nous devons nous unir afin de développer notre musique. Après tout, on partage le même public.

Vous avez maintenant votre propre studio, Jolof Melody, pensez-vous aider les jeunes qui souhaitent eux aussi faire de la musique?

Oui c’est d’ailleurs ce qui m’a motivé avec la création de ce studio, il y a toute une équipe derrière. Au-delà même de la musique nous faisons des vidéos et, actuellement, nous sommes en train de nous donner les moyens pour mettre sur pied un label. L’idée c’est de booster les autres. L’important pour moi c’est qu’il y ait,plus de talents, que la musique évolue et que la culture gagne. C’est cette chance que je n’ai pas eue à mes débuts. Jolof Melo ne sert pas qu’à me produire, c’est ouvert aux jeunes talents

Des projets en vue ?

Présentement, je suis en train de bosser sur mon album il devait sortir pour bientôt, mais avec la coupe du monde 2022, j’ai dû décaler un peu. Mis à part ça, il y a les spectacles. Comme l’occasion fait le larron, je sors un nouveau clip cette semaine, intitulé « Yaw Rek ». Et enfin un nouvel album à la fois national et international, un double album, on va dire.


ANNA THIAW

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