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Economie: Le Sénégal fait face à une situation "Alarmante" et des incertitudes monétaires
Economie: Le Sénégal fait face à une situation "Alarmante" et des incertitudes monétaires

Economie: Le Sénégal fait face à une situation « Alarmante » et des incertitudes monétaires

La sortie de la zone CFA reste une possibilité, mais devient un pari bien plus risqué sans un large soutien politique et social. Le pouvoir Faye-Sonko devra élargir sa base pour espérer mener à bien ce projet.

L’économie sénégalaise traverse une période critique. L’agence de notation Moody’s Investors Service a récemment abaissé la note de crédit à long terme en devises étrangères du Sénégal de B1 à B3, tout en modifiant la perspective de « stable » à « négative ». Cette décision fait suite aux révélations de la Cour des comptes sur l’état préoccupant des finances publiques sous la présidence de Macky Sall. Les agences de notation, telles que Moody’s, évaluent la solvabilité des États en attribuant des notes reflétant leur capacité à honorer leurs dettes. Une dégradation de la note signifie que les investisseurs perçoivent un risque accru de défaut de paiement.

Concrètement, une note de B3 place le Sénégal six crans en dessous de la catégorie « investissement », le classant parmi les émetteurs à haut risque. Cette situation entraîne généralement une augmentation des taux d’intérêt exigés par les créanciers, rendant le financement sur les marchés internationaux plus coûteux pour le pays.

Pour mesurer l’ampleur de cette dégradation, il est instructif de comparer la note actuelle à celles des années précédentes. Il y a 10 ans, en 2015, le Sénégal était généralement noté dans la catégorie Ba3, reflétant une qualité de crédit spéculative mais avec un risque modéré. Il y a cinq ans, en 2020, Moody’s a maintenu la note du Sénégal à Ba3, avec une perspective négative liée aux défis économiques, notamment ceux posés par la pandémie de Covid-19. Il y a un an, en septembre 2024, Moody’s a abaissé la note souveraine du Sénégal de Ba3 à B1, indiquant une détérioration de la situation économique et financière du pays.

La récente dégradation à B3 marque donc une chute significative de deux crans en moins d’un an, soulignant une détérioration rapide de la confiance des investisseurs. Cette dégradation de la note de crédit aura des répercussions majeures sur l’économie sénégalaise. L’accès au financement deviendra plus difficile, car le Sénégal devra faire face à des coûts d’emprunt plus élevés sur les marchés internationaux, ce qui pourrait limiter sa capacité à financer des projets d’infrastructure et des programmes sociaux essentiels. Les investissements étrangers risquent également de diminuer, une note plus basse pouvant dissuader les investisseurs étrangers, craignant une instabilité économique accrue et un risque de défaut de paiement.

À court terme, le gouvernement devra probablement adopter des mesures d’austérité pour tenter de stabiliser les finances publiques. À moyen et long terme, des réformes structurelles seront nécessaires pour restaurer la confiance des investisseurs et remettre l’économie sur une trajectoire de croissance durable. Cette situation mérite d’être analysée dans son contexte régional. Bien que le Sénégal maintienne une note de crédit supérieure à celle du Cameroun, du Nigeria et du Ghana, la rapidité de la détérioration de sa position inquiète particulièrement les marchés financiers. Cette préoccupation s’explique par le contraste marqué avec l’histoire récente du pays. Jusqu’en 2023, le Sénégal se distinguait comme l’une des économies les mieux notées d’Afrique de l’Ouest, dépassé uniquement par la Côte d’Ivoire.

La chute brutale de B1 à B3 en quelques mois révèle une détérioration sans précédent des finances publiques. Les investisseurs réagissent plus négativement à cette instabilité soudaine qu’à des situations chroniquement difficiles. Par exemple, le Cameroun et le Nigeria, malgré un endettement plus important, bénéficient paradoxalement d’une perception plus stable des marchés, qui ont depuis longtemps intégré leurs risques structurels. À l’inverse, la transformation du Sénégal en source d’inquiétude représente un changement radical qui déstabilise les anticipations des investisseurs.

Dans ce paysage régional contrasté, certains pays comme le Ghana et le Burkina Faso traversent des difficultés encore plus sévères. Le Ghana fait face à un défaut partiel sur sa dette et a dû engager un processus de restructuration, tandis que le Burkina Faso cumule difficultés économiques et instabilité politique. À l’opposé du spectre, la Côte d’Ivoire maintient sa position privilégiée, conservant un accès favorable aux marchés financiers grâce à sa stabilité et sa solvabilité perçue. La dégradation de la note de crédit du Sénégal constitue donc un signal d’alarme particulièrement préoccupant sur la gravité de sa situation économique. Il est impératif que des actions concrètes soient entreprises pour éviter une spirale descendante et assurer la stabilité économique du pays.

Le président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko ont fait de la sortie du franc CFA une priorité politique, arguant que cette monnaie constitue un frein à la souveraineté économique du Sénégal. Cette demande est en fait une exigence clairement exprimée par les jeunesses africaines depuis de nombreuses années. Toutefois, la situation actuelle complique fortement ce projet, pour plusieurs raisons.

D’abord, les finances publiques sont en crise. Avec un déficit budgétaire réévalué à 12,3% du PIB en 2023 et un ratio dette/PIB de 99,7%, le Sénégal est en situation de surendettement, ce qui limite sa capacité à gérer une transition monétaire sans risque de déstabilisation. La sortie du CFA nécessiterait la création de nouvelles réserves de change pour assurer la stabilité d’une nouvelle monnaie. Or, avec un endettement élevé et une notation B3, le Sénégal aurait plus de difficultés à emprunter en devises étrangères pour constituer ces réserves.

Ensuite, la confiance des investisseurs est en chute libre. La baisse de la note de Moody’s signifie que les créanciers estiment que le Sénégal est devenu plus risqué. Si le pays quittait la zone CFA maintenant, cela ajouterait une incertitude monétaire supplémentaire, ce qui pourrait dissuader davantage les investisseurs étrangers. Enfin, un risque de fuite des capitaux et d’inflation est à prévoir. Si le Sénégal quitte le franc CFA, il devra convaincre les investisseurs de faire confiance à la nouvelle monnaie. Mais avec un endettement élevé et un déficit budgétaire massif, cette confiance sera difficile mais pas impossible à obtenir. Une dépréciation rapide de la nouvelle monnaie est probable, ce qui augmenterait le coût des importations et pourrait provoquer une inflation forte, menaçant le pouvoir d’achat des Sénégalais.


Source: Seneplus 

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