FATOU SAMB, ce membre du réseau féministe ne va pas à quatre chemins pour s’insurger sur ce refus de légaliser l’avortement médicalisé. « Les femmes victimes d’avortement clandestin sont souvent issues de famine défavorisées. Aujourd’hui au Sénégal, l’avortement médicalisé est un délit. Celui clandestin est fait par des femmes qui n’ont pas de moyens et restent victimes de cette loi.
Aujourd’hui toutes les personnes qui ont les moyens de se faire avorter dans les cliniques, de voyager dans d’autres pays pour se faire avorter ne sont pas nombreuses », peste-t-elle. Et de poursuivre: «Et les femmes qui n’ont pas les moyens sont victimes d’inceste et de viol. Elles ne veulent pas supporter de grossesse et n’ont pas d’autres solutions. Ce sont nos sœurs, amies qui sont aujourd’hui exposées d’avortement clandestin. Elles restent victimes de cette loi.
Une femme victime de viol n’a pas demandé à être violée. Garder cette grossesse, les rappelle ce viol avec un traumatisme». Malheureusement pour cette féministe, elle ne peut pas recourir à l’avortement médicalisé et va faire celui clandestin pour se retrouver en prison. « D’autres attendent la naissance de l’enfant pour faire l’infanticide. Beaucoup de femmes reconnues coupables d’infanticide sont victimes d’inceste ou de viol. Elle ne va pas supporter cette grossesse et si la loi ne le reconnait, il va recourir à l’avortement clandestin », dit-elle.
A l’en croire, elle va mettre sa vie en danger, ce qui va porter affecter sa santé et risque la prison. «Nous en tant que féministe, c’est ce qui nous a révolté pour que l’Etat du Sénégal signe le protocole de Mapoto sans réserve depuis 20 ans. Depuis lors, on nous interdit de recourir à l’avortement médicalisé. Notre combat ne concerne pas la dépénalisation de l’avortement. Notre militantisme prend en compte nos réalités culturelles. Mais nous voulons une autorisation en cas de viol et d’inceste pour une personne en danger. Que quand sa santé, ne peut pas porter cette grossesse de l’accompagner pour éviter d’autres conséquences. Tout le monde doit être à nos côtés pour porter ce combat », lance-t-elle.
Mame Matar Guèye, président de l’ONG Jamra «Nous avons le droit de faire des lois qui tiennent compte de nos réalités socio-culturelles»
La position des religieux ne varient pas sur l’avortement médicalisé. Selon Mame Matar Guèye, dans n’importe quel pays du monde, les lois qui régissent une Nation ne tombent pas du ciel. « Elles se réfèrent sur les réalités socio-culturelles. Par exemple, le code civil français renforcé par la loi de Pascal qui était ministre de l’intérieur a déclaré Haram la polygamie.
Et beaucoup de nos compatriotes de la diaspora ont beaucoup de problèmes avec leur deuxième épouse. Mais nous ne pouvons rien les reprocher car ils sont chez eux. Cette loi a été en tenant compte de leurs réalités socio-culturelles. Sous le magistère de François Hollande le 17 mai 1993, la majorité parlementaire a estimé de prendre en compte les préoccupations de certaines communautés pour leur orientations sexuelle et ils ont voté la loi sur le mariage pour tous comme celui deux hommes. Donc pourquoi, nous au Sénégal, on n’a pas droit de faire des lois qui nous sont propres tenant compte de nos réalités socio-culturelles », argue-t-il.
Et de poursuivre: «On a droit alors de refuser cette loi sur l’avortement médicalisé. Il est interdit par le législateur. Si la grossesse peut affecter la santé de la femme et de la vie de la mère, on peut l’enlever et cela a été renforcé par le code de déontologie des médecins où ils disent eux-mêmes qu’ils interdisent toute interruption volontaire de grossesse sauf s’il n y a pas d’autres moyens pour protéger la vie de la mère. Et l’article 15 de la santé de la reproduction ne dit pas autre chose ».
En ce sens, Mame Matar Guèye tient à rappeler que l’église catholique est beaucoup plus radicale que l’islam. «Car nous nous considérons ce que les confréries qui relèvent de la jurisprudence malikite qu’au bout de la 42e nuit de la présence du fœtus de la mère, un ange vient pour insuffler une âme et le fœtus commence à avoir une vie humaine. L’église catholique dit que dès la conception la vie est engagée. Il est évident que personne n’a le droit d’abandonner à leur propre sort ces pauvres vies de violence sexuelle inouïe sous forme de viol ou d’inceste ». Il reste convaincu que ne voulant pas abandonner ces filles dans leur même sort, ne donne pas les raisons de fouler l’arsenal juridique et ce n’est pas une raison. « Il y a une alternative avec des orphelinats pour recueillir ses enfants », propose-t-il.
NGOYA NDIAYE
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