La pêche artisanale connaît des remous ces derniers jours. A preuve la tension qui sévit entre les pêcheurs guet Ndariens et ceux de Kayar. Des affrontements, qui ont fait des victimes. En effet, il est nécessaire de porter une attention particulière sur ce secteur névralgique et qui fait vivre autant de familles. La pêche industrielle restent selon les acteurs « un danger » permanent et qui détruit la ressource halieutique.
L’affaire atterrit à la justice
Au lendemain des vives entre les pêcheurs de Guet Ndar et ceux de Cayar, l’affaire a été portée devant les tribunaux. Cet incident dénoncé de part et d’autres suscite une crainte. Selon les « guet ndariens », « trop c’est trop » et ne vont plus accepter ce qui s’est passé car l’un d’eux a été tué. Selon Mbaye Sarr Tew, c’est fini cette cohabitation à l’amiable. « Nous n’allons plus accepter de vivre cela. Il y a des choses à dire mais c’est impossible de faire justice soi-même quelle que soit la nature du différend. Ils ont brulé tous nos matériels devant les caméras et un de nos membres. Ils ont tout cassé », regrette Tew. En à croire l’un des propriétaires d’embarcation, Lamine Niang a perdu la vie. Pour Sidath Tall, le défunt était dans sa pirogue. « Ils l’ont trouvé ici et lui ont tapé dessus. Ils ont brulé la pirogue et ce dernier est tombé. Il était là comme saisonnier. Mais nous n’allons pas laisser cette situation ainsi. Nous allons faire justice nous-même si les autorités restent muettes », met-il en garde. Des arrestations ont été notées, des deux côtés. Les mareyeurs de Mboro promettent de se déplacer en masse au tribunal pour soutenir trois d’entre eux en prison.
Un mal beaucoup plus profond
Mamadou Sarr est adjoint du Président du Clpa de Dakar Ouest, Yoff, Ngor et Ouakam. Par ailleurs, il est le coordonnateur de la coalition congre les usines de farine de poisson. Interpellé sur la raréfaction des produits halieutiques, de l’exploitation à outrance du produits etc. ce dernier indique que « cela a perduré et cela fait plusieurs jours avec les acteurs pour trouver des solutions. Il y a une digestion locale c’est-à-dire dans chaque zone il y a un type de pêche adapté. On s’organise pour gérer les ressources mais c’est l’état qui devait encadrer ces gestions communales. Et donc accord de cogestion avec les le Clpa mais il y a des manquements. Il est clairement indiqué que celui qui fait le mal ou qui emploie des engins pas adaptés à la situation ou bien dans telle localité cela cause de problèmes. Il existe des surveillants et des gens formés sur le comportement. « De temps en temps les agents assermentés sont absent et les gens continuent de faire comme bon leur semble et à faire des types de pêche pas autorisés. Mais quand il y a une infraction il faut saisir l’autorité aussi », regrette ce dernier. Le déficit d’agent reste problématique alors ce sont les pêcheurs qui s’organisent en tant que civil pour s’impliquer et « avoir une petite protection pour la préservation et le retour de la ressource au Sénégal. »Toutefois, il indexe le type de pêche pas adaptés et qui détruit les ressources. Ce qui n’est pas le cas en Mauritanie, en Guinée etc. où la ressource est abondante. Mamadou Sarr demande à l’état d’encadrer la pêche bien que les acteurs se sacrifient.
A ce titre, les acteurs veulent une meilleure gouvernance et refuser l’utilisation du mono-filament. D’ailleurs le manque de personnel qualifié pour la surveillance de la pêche est aussi un problème auquel il urge d’y trouver des solutions. Des volontaires qui sont là mais « ce sont des femmes. Un inspecteur qui reste à terre ne peut pas résoudre le problème. L’état devait avoir la surveillance en permanence en mer et que les agents se relayent. La DCSP par exemple ce sont des gens devant leur machine qui vous disent que nous n’avons pas assez de carburant. Nous avons notre responsabilité. »
« La surexploitation entraine la raréfaction de la ressource »
A cette question Mamadou Sarr semble dire que les responsabilités sont partagées. « Que ce soient les industriels, les locaux, c’est tout le monde. Nous voyons des pirogues de 21m avec une profondeur de 3 à 4 m. On nous parle de 21 milles pirogues mais je vous dis qu’il y a plus de 30 milles pirogues. Toute cette population de St louis vers d’autres zones c’est 1 million d’acteurs, mais c’est plus de 5 millions de pêcheurs y compris leurs familles. L’industriel aussi cause beaucoup de tort au pêcheurs », se désole-t-il. S’agissant des bateaux chinois, l’état est mis au banc des accusés. « Nous ne pouvons pas être au Sénégal et il nous est impossible d’avoir ces produits pour la consommation. Il y a des licences de pêche que l’état délivre et il faut qu’il arrête et donc laisser les sénégalais pêcher et survivre mais pas d’étrangers », déclare notre interlocuteur.
Un mal qui est là et qui détruit le secteur face à des acteurs qui semblent avoir perdu le nord.
MOMAR CISSE