Une affaire de blanchiment d’argent éclabousse l’homme d’affaires ivoirien Adama Bictogo, relative au marché des visas biométriques au Sénégal.
Ce n’est pas le premier déboire sénégalais pour l’Ivoirien Adama Bictogo. Son projet de construction d’université à Diamniadio a viré à la débâcle. Lancé en 2016, le chantier de ce qui doit devenir l’Université Amadou Makhtar Mbow de Diamniadio aurait dû être livré en 2017, pour la rentrée des classes estudiantine. Trois ans plus tard, les bâtiments ne sont encore qu’un quadrillage de piliers en béton, les travaux sont à l’arrêt et le projet, très contesté pour sa lenteur, a été retiré au groupement d’entreprises que menait Marylis BTP, entreprise dirigée par Adama Bictogo, également à la tête du groupe ivoirien Snedai. Macky Sall qui s’est saisi du dossier l’a « chassé » des terres de Diamniadio.
Le businessman ivoirien s’était rapproché de Macky Sall pour décrocher le marché des visas biométriques. Et a pu obtenir une compensation lorsque l’État a fait machine arrière début 2015. Selon une enquête de Confidentiel-Lettre Quotidienne, une affaire de blanchiment d’argent qui éclabousse l’homme d’affaires ivoirien, Adama Bictogo, Bictogo a été épinglé par la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) qui a demandé au Doyen des juges, la possibilité d’ouvrir une information judiciaire contre Adama Bictogo. D’après le rapport d’investigation transmis au parquet de Dakar, SNEDAI Sénégal, la société de Bictogo qui s’est occupée pendant un moment des visas d’entrées au Sénégal, a demandé et obtenu un prêt de 3, 5 milliards auprès d’Ecobank dans le cadre de ce projet que l’État du Sénégal lui avait confié.
Par courrier en date du 12 juin 2015, la Centif transmet à la justice sénégalaise le rapport et les pièces concernant des investigations menées contre Adama Bictogo et trois de ses collaborateurs. La Centif demande au Doyen des juges la saisine d’un juge d’instruction sur des faits susceptibles de constituer des infractions de blanchiment de capitaux.
Les décaissements prévus devraient s’effectuer par tirages successifs basés sur les demandes de l’emprunteur accompagnées de justificatifs de paiement. Pour les enquêteurs de la Centif, des retraits à hauteur de 1 milliard 499 millions ont été effectués par chèques, au profit de personnes membres et non membres de la société, sans justificatifs.
Fort de plusieurs éléments de preuve, la Centif indique dans ses conclusions qu’Adama Bictogo et trois de ses complices peuvent être poursuivis pour recel, abus de biens sociaux et complicité. En effet, les enquêteurs de l’organe soulignent que Bictogo et ses complices ont utilisé la technique de rupture de flux par recours d’argent en espèces et l’utilisation de comptes personnels pour recueillir des fonds de provenance illicite…
Georges Emmanuel Ndiaye