Né en 1982, Moustapha D. a été rejugé ce lundi 12 juin 2023, par la cour d’Appel de Dakar pour avoir détourné 25 millions francs dans une entreprise spécialisée dans la vente de matériel de plomberie. Cette accusation avait valu au prévenu six mois d’emprisonnement et la confiscation de sa maison en première instance.
L’affaire remonte en 2018. Après sept années d’ancienneté dans une entreprise spécialisée dans la distribution de matériel de plomberie, Moustapha D. s’est retrouvé au cœur d’un imbroglio judiciaire qui l’a conduit au gnouf. Responsable de la facturation, le commerçant aurait fait main basse sur 25 millions francs. Il résulte de l’accusation qu’il falsifiait les factures en minorant le prix des marchandises pour ensuite détourner la marge à son profit. Une fraude que le mis en cause aurait reconnue pendant sa garde à vue à la police. Pour atténuer sa responsabilité pénale, il aurait soutenu qu’il visait uniquement les factures des clients de Dakar qui payaient via Orange money. Jugé coupable d’abus de confiance en première instance, Moustapha D. a écopé d’une peine de deux ans, dont six mois ferme.
Le tribunal avait toutefois estimé le préjudice à 5 millions francs. Un montant que le prévenu devait allouer à son employeur, à titre de dédommagement. Mais, ce dernier a confisqué sa maison, sise à Diamniadio. S’estimant lésé, Moustapha D. a attaqué la décision du premier juge. Devant la cour d’Appel de Dakar ce lundi 13 juin 2023, il a constamment nié les faits, arguant que son employeur lui a collé ce procès, lorsqu’il a refusé une affectation. « Je ne gérais pas la caisse. Je ne détenais pas aussi les clés du dépôt. J’ai fait cinq années dans le magasin qui se situe au centre-ville de Dakar, avant d’atterrir dans le deuxième magasin. Mon employeur m’a imputé un trou de 25 millions francs, lorsque j’ai refusé une deuxième affectation dans l’usine, située au croisement Cambérène. C’est après ma démission qu’il a réalisé l’inventaire », a-t-il expliqué. Concernant sa maison, sise à Diamniadio, Moustapha D. a confessé avoir acquis le terrain bien avant son recrutement.
Pour la construction, il a indiqué l’avoir démarrée en 2016. « J’ai ouvert une boutique de mercerie au marché Hlm en 2003. Après ma condamnation, la partie civile a mis la pression à mon père pour obtenir les papiers de ma maison », a-t-il déploré. Prenant la parole, Me Emmanuel Padonou a souligné que le prévenu gagnait 100.000 francs par mois. Il était la personne la moins instruite dans l’entreprise. « Mais, on a réussi à le faire passer pour le gérant de la société. Vous n’avez aucun élément objectif qui peut accréditer cette thèse. On lui prend sa maison qui n’a pas été expertisée », a fustigé l’avocat de la défense qui a plaidé le renvoi des fins de la poursuite.
Après l’avocat de la partie civile qui a demandé la confirmation du jugement, le parquet a requis l’application de la loi pénale. La cour rendra sa décision le 10 juillet 2023.
KADY FATY