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A la demande l’Arocp, le cabinet Adoc a réalisé un audit technique indépendant du Projet d’appui structurel à la stratégie d’aménagement numérique du territoire (Passant) exécuté
par Sénégal numérique (Senum).
De graves dérives financières ont été relevées
dans l’exécution du Passant. C’est en tout cas ce qui ressort froidement de l’audit technique indépendant des marchés exécutés en 2021 dans
le domaine des infrastructures scolaires, sanitaires, bâtiments et édifices publics et hydrauliques. En effet, à la demande de l’Arcop, le cabinet Adoc a effectué un audit technique du
Passant.
Le marché, suivi de deux avenants, relève d’une offre spon‐ tanée de 50.000.838.369 Fcfa dont le bénéficiaire est la so‐ ciété espagnole Oliteyca Sl. Il a été financé par la Cbao et la Banco Santander. L’ordre de démarrage du marché de base avait été signé le 15 janvier 2019. En fouillant la gestion contractuelle du marché, les auditeurs signalent que « le projet souffre d’un important retard et est à l’arrêt ». En effet, disent‐ils, « les travaux, qui ne sont toujours pas achevés, ont accusé un retard de vingt‐deux mois ». Ensuite, renseignent les auditeurs, « concernant le suivi du projet, il a été constaté un manque de rigueur de la part de Senum, d’où le retard et les anomalies
relevées sur le chantier ».
Sur ce point, les auditeurs informent : « Nous avons réceptionné de la part de l’autorité
contractante un courrier de mise en demeure. Toutefois,nSenum n’a pas résilié le contrat
malgré l’arrêt des travaux ».
Dans sa réponse, Senum indique : «Après la mise en demeure, la Dcmp avait été saisie pour approbation. Toutefois, les pourparlers avaient été relancés pour donner une chance de survie au projet avant de se buter sur le non renouvellement de l’avenant à l’accord dencrédit par la Banque Santander ». Mais les auditeurs persistent
et signent : «: Aucun document n’a été mis à la disposition des auditeurs ».
Ce point évacué, les auditeurs ont soulevé un autre lièvre : «Les sous détails des prix unitaires n’ont pas été mis à notre disposition pour nous permettre de mieux apprécier les coûts que nous estimons sur‐ évalués ». Ils s’expliquent : «Selon notre connaissance desnprix des matériaux sur le mar‐ ché du Btp (Bâtiment et travaux publics), nous avons relevé que les prix pratiqués sont élevés. Les sous détails des prix unitaires n’ont pas été fournis. Pour rappel, le Pop est
facturé à 93.326.282 Fcfa l’unité et la fibre optique à 18.695 Fcfa le mètre linéaire ». Pour les auditeurs, «il est également né‐ cessaire qu’une étude plus approfondie soit diligentée dans l’optique d’apprécier le caractère raisonnable du coût du contrat ».
Du point de vue financier aussi, des dysfonctionnements nota‐ bles ont été soulevés.
«D’abord, les fonds concernant les frais de gestion et de super‐ vision sur la durée totale du projet ont été payés au début du projet pour un montant de
4.513.438.738 Fcfa sans aucune assurance sur leur utilisation conformément aux fins aux‐ quelles ils sont alloués », écrivent les auditeurs.
Ensuite, «malgré le retard important accumulé, les pénalités de retard de l’ordre de 5.000.083.836 Fcfa n’ont pas étébappliquées, en dépit des stipulations contractuelles qui les pré‐ voient ». De même, «des travaux ont été décomptés et payés à
hauteur de 69.058.496 Fcfa alors qu’ils ne sont pas prévus dans lendevis », selon les auditeurs.
Par ailleurs, les auditeurs ont fait une autre découverte. «Nous avons relevé que l’ordre de service de démarrage ainsi que factures de décomptes sont signés par Liteyca Sénégal alors que l’entreprise contrac‐ tante est Liteyca Sl qui est basée en Espagne. Un document dans lequel Liteyca Sl mandate Liteyca Sénégal n’a pas été mis à notre disposition, d’où une irrégularité ». Pire, «ni
une retenue de garantie n’a été opérée sur les factures des trois premiers décomptes ni une garantie n’a été soumise à cet effet, d’où une irrégularité importante », assènent encore les
auditeurs.
