Laurent Gbagbo, s’était présenté en personne au consulat ivoirien de Bruxelles pour demander un passeport ordinaire. Eu égard à l’ampleur des réactions et afin d’écarter tout amalgame né de la reprise parfois erronée de l’information dans les réseaux sociaux, nous revenons sur les faits, rien que sur les faits. Voici ce qui s’est passé.
Le 28 juillets, deux personnes se présentent dans le bureau de l’agent consulaire de l’ambassade de Côte d’Ivoire à Bruxelles pour une demande de passeport ordinaire. Dès la vue des premières pièces du dossier, l’agent consulaire exige la présence physique du requerrant. Les deux personnes en question sortent et reviennent avec le président Laurent Gbagbo en chair et en os. L’examen du dossier se poursuit quoique avec une anxiété visible chez l’agent consulaire qui ne s’attendait pas à se retrouver devant une telle personnalité. Le consul est avisé immédiatement et le président Laurent Gbagbo et ses deux accompagnants (ils étaient en fait quatre, deux sont restés en bas à la salle de réception et se dévoileront par la suite) sont conduits à la salle VIP du deuxième étage.
L’ambassadeur Abou Dosso, mis au courant, câble le ministère des Affaires étrangères et vint au devant de son encombrant hôte avec les formules d’usage. «Monsieur le président, nous nous occupons de votre dossier!». Seul hic, la plupart des pièces fournies n’étaient pas originales et quelques unes manquaient. «Certainement, je suis absent du pays depuis un certain temps », lâche le président Gbagbo après que le consul ait notifié à l’avocat de l’ancien président, Me Habiba Touré, la liste des pièces manquantes. L’ambassadeur invite alors le président Gbagbo à venir avec lui dans la salle d’enrôlement située au rez de chaussée. Le diplomate laisse le petit ascenseur au président Gbagbo et à Me Habiba Touré et prend les escaliers.
Avant de prendre l’ascenseur, le président Gbagbo lâche: ”monsieur l’ambassadeur, j’ai besoin du passeport pas seulement pour aller en Côte d’Ivoire mais pour me permettre aussi de circuler ” A partir de ce moment, les complications techniques s’invitent dans le dossier. La photo fait des caprices et offre un rendu de 28% de l’un des visages les plus célèbres de la Côte d’Ivoire alors qu’il fallait un minimum de 80% de netteté pour que le système valide. Plusieurs tentatives plus tard, la bonne photo sera prise.
Reste à prendre les empreintes digitales de Laurent Gbagbo, ce qui devait relever d’une formalité. C’est tout le contraire. Seule l’empreinte du pouce gauche est accepté. Les neuf autres doigts de l’ancien président ivoirien ne donnent pas de traces nettes. En pareil cas, le requerrant est obligé d’aller faire un certificat médical pour valider son dossier. Après moult essais, le président se résoudra à cette question alors que son conseil, Me Habiba Touré, était plutôt d’avis qu’il faille encore retenter la procédure. Le président Gbagbo laisse deux personnes sur place et s’en va. En promettant de ramener le dossier le lendemain avec le certificat du médecin conformément à la procédure administrative.
C’est en ce moment que le consulat découvrira les deux autres accompagnants qui ne s’étaient pas manifestés et étaient restés dans la salle d’attente grand public. Invités à venir les rejoindre dans la salle VIP, ils déclineront. Agacée après cette anomalie technique, Me Habiba Touré demandera alors un laisser-passé finalement soumis à l’ambassadeur. Autre difficulté, l’on ne peut obtenir un laisser-passer alors qu’une demande passeport est en cours. Voilà ce qui s’est passé le 28 juillet, jour même où Financial Afrik a fait un récit circonstancié de l’affaire. Si effectivement, il n’est pas reparti avec le précieux sésame, le président Gbagbo n’a pas non plus été laissé dans le hall de la chancellerie. Le lendemain du 29 juillet, c’est une avocate de l’ex président qui a effectué cette fois-ci seule le déplacement pour fournir le certificat médical en vu de compléter le dossier pour palier l’anomalie technique sur les empreintes du citoyen Koudou Laurent Gbagbo, né à Gagnoa, presque au même que le débarquement des alliés en Normandie.