Dans cette série d’entretiens avec des hommes de médias, nous avons donné la parole à Najib Sagna, journaliste qui a donné son point de vue sur une question cruciale aujourd’hui : quels doivent être les rapports entre les hommes politiques et les hommes de médias ?
« Ce qu’il faut dire c’est que ce sont des rapports qui sont souvent heurtées, entre, surtout nous les correspondants, il faut oser le dire ; donc souvent les politiques, quand tu fais ce qui ne les arrange pas, tu deviens leur adversaire et quand tu les aides tu deviens leur ami. Si tu travailles pour rendre leur image normale, là tu deviens un des leurs, mais quand toutefois que tu fais un papier qui est contre l’homme politique, il croit que tu es en fait contre lui. Et souvent dans ces rapports très heurtées, eux ils ont des rapports d’intérêt de même que nous aussi parfois » a d’emblée souligne l’homme de médias sur ces relations heurtées entre politique et presse.
« Si tu as besoin de l’homme politique, tu es obligé d’aller vers lui pour avoir ce que tu veux. En somme, nous pouvons dire que nous avons des rapports qui ne sont pas très clairs, n’est-ce pas, ça il faut le dire, on est ensemble quand ça les arrange et quand ça ne les arrange pas on n’est pas ensemble. Alors, quand ils ont besoin de toi, ils peuvent te faire les yeux doux, mais quand c’est fini, et quand ils sont élus c’est fini il n’y a plus de rapports » martèle-t-il.
Maintenant, « d’autres ont choisi d’être des amis des hommes politiques, et à leur risque et péril, parce qu’ils sont très mal vus par les autres confrères et ce n’est pas du tout bien. Je pense que nous ne pouvons pas être des adversaires des hommes politiques, je souhaite qu’on soit des amis parce que nous avons souvent besoin d’eux pour nous donner des nouvelles. Moi je ne crois pas à ceux qui disent qu’il ne faut pas être l’ami de l’homme politique. Non il faut être l’ami des hommes politiques pour régler des problèmes de société, individuels et autres. Parce que nous sommes des citoyens qui sont dans les mêmes localités, ça c’est une action » donne-t-il comme solution.
Cependant, « je trouve mal qu’on soit trop ami à un homme politique au point de l’aider à être au pouvoir tout simplement, je ne suis pas pour ça ; moi je pense qu’un homme politique a sa place et le journalisme, également, doit rester neutre dans le jeu politique pour pouvoir relayer correctement tout ce qui se passe dans sa localité. Donc on ne peut pas être trop ami avec un homme politique au point de l’aider ; si on le fait c’est parce qu’on est partisan, et moi je suis contre ceux qui sont partisans, qui sont dans des partis politiques et autres, ce n’est pas du tout normal. Quand on est journaliste, on doit être loin des hommes politiques afin de faire un travail qui est équidistant de tout ce qui est partisan. Chez nous journaliste on dit souvent que les hommes politiques ne sont pas des amis, quand ils ont besoin de toi ils te manipulent et quand c’est fini c’est comme ça, et donc pour être loin de la manipulation il faut être quelqu’un de très distant.
Le comportement du journaliste doit être distant d’un homme politique quand il s’agit de politique. Et quand il s’agit de rapports sociaux, de la même localité, vous pouvez avoir de bons rapports. Mais quand c’est le travail il faut être très distant de l’homme politique. Le journaliste doit se faire respecter parce qu’il y va de sa crédibilité. Par contre les hommes politiques ce sont des hommes politiques et ils peuvent aller ailleurs et rencontrer d’autres personnes » conseille-t-il.