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Ziguinchor: Les médecins de l'hôpital régional décrètent 48h de grève
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SÉNÉGAL: La rue reprend le pouvoir

Les blouses blanches sont en colère suite à une affaire où elle a été indexée, fortement par l’opinion publique et par les autorités de tutelle.  Au même moment, les journalistes se réjouissent de la dispense de peine du jeune confrère Pape Malick Thiam accusé d’outrage à agent dans l’exercice de ses fonctions.

Deux cas qui n’ont été cités que parce qu’étant les plus récents. Car, tous les corps de métiers pratiquement, ceux qui détiennent des fonctions, trouvent le moyen de discuter ou de mettre la pression sur les autorités de l’Etat afin de voir satisfaites leurs doléances. Et ce n’est pas tout. Chaque jour, les chaînes de télévision diffusent les images de citoyens en colère parce que leurs localités manquent d’un certain nombre de services, comme l’accès à l’eau, à la santé, à l’électricité, à l’éducation, etc.  Ces revendications collectives tout azimut rythment la vie des Sénégalais dans un tohu-bohu général qui fait que, parfois, on a du mal à savoir où se trouve la vérité.

Qu’à cela ne tienne, ce qui est important, c’est que, dans notre pays, la rue reprend le pouvoir. Les citoyens, y compris ceux des contrées les plus éloignées, ont pris conscience de leurs responsabilités et entendent revendiquer, mordicus, leurs droits.  La citoyenneté, au Sénégal, n’est pas un vain mot. Les revendications sont quotidiennes et touchent tous les secteurs, notamment ceux de la santé et de l’éducation.

Seuls certains corps comme les forces de défense et de sécurité et les magistrats n’y sont pas autorisés. Et même ces derniers, à travers leur association, posent des revendications. C’est dire à quel point il est difficile d’échapper à cette nouvelle tendance. Un phénomène qui, manifestement, a été largement favorisé par la liberté de la presse et le libre exercice des libertés publiques comme le droit à se syndiquer, à s’associer en général et à marcher.  Il s’y ajoute l’éclosion des réseaux sociaux et la naissance de la caste des lanceurs d’alerte parmi lesquels de nombreux jeunes chefs religieux.

C’est là, manifestement, une belle leçon de démocratie renvoyée au reste du monde. Un dynamisme qui n’est pas cependant sans risque.  En effet, beaucoup pensent que la justice doit se rendre sur la place publique et n’hésitent plus à activer leurs réseaux pour faire pression sur les magistrats afin d’avoir gain de cause. On l’a vu clairement avec l’affaire ‘’Sweet Beauty’’ où Sonko a reconnu que sans la mobilisation des Sénégalais, il serait en détention pendant longtemps.

La même démarche semble animer les blouses blanches qui, dans leur mobilisation suite à la mise sous mandat de dépôt de quatre de leurs collègues occultent complètement le fait que ces derniers peuvent aussi être auteurs d’actes répréhensibles comme la simple négligence.  Du coup, l’Etat est entre le marteau de la pression populaire suite au décès de Sokhna Adja et à l’enclume de la pression des blouses blanches. Si rien n’avait été fait, si des mesures conservatoires n’avaient pas été prises, l’opinion n’allait pas hésiter à s’en prendre aux autorités. Et c’est leur réaction qui leur vaut la révolte du personnel médical.

C’est dire à quel point il est nécessaire de trouver un juste équilibre dans une société comme la nôtre en mutation permanente. Il s’agit de permettre à l’Etat d’exercer ses fonctions régaliennes et aux citoyens de continuer à user de tous leurs droits et surtout à manifester quand elles estiment qu’ils sont bafoués.

Mieux, c’est l’exercice des deux formes de pouvoir (par l’Etat et par les citoyens) dans un équilibre parfait qui est l’idéal pour créer les conditions d’une harmonie sociale. Car, sans la toute-puissance de l’Etat, il y aurait anarchie. Et on ne peut pas permettre à tout un chacun de faire ce qu’il veut dans une parfaite impunité.  Toutefois, sans la pression c’est-à-dire le contrôle direct de l’exercice de ce pouvoir par les citoyens, il y aurait abus.


Assane Samb

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