Le Président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a accordé un entretien exclusif à France 24, ce vendredi 26 septembre, abordant sans détour la relation avec la France, la crise des finances publiques, et les exigences de transparence de son administration.
Dans un entretien exclusif accordé à France 24 à New York, le Président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye a souligné que « faire la lumière compète sur le chapitre de Thiaroye 1944 permettra d’apaiser d’avantage la relation entre les deux pays. » Malgré tout, Faye parle d’une relation plus « sereine » avec la France et le « courage politique » de Macron: « Il faut saluer qu’il ait fait un pas de plus que ces prédécesseurs en reconnaissant qu’il s’agissait d’un massacre, » souligne t-il.
« Tant que nous serons à la recherche d’un pan de cette histoire qui nous échappe, nous n’arriverons jamais à en faire le deuil, » a déclaré le président du Sénégal sur le Massacre de Thiaroye en marge de l’Assemblée Générale des Nations Unies. En Novembre 2024, le Président Macron avait adressé une lettre au Président Sénégalais, reconnaissant le massacre commis par des troupes coloniales et gendarmes français à l’encontre de tirailleurs africains le 1er décembre 1944, au camp militaire de Thiaroye dans la colonie du Sénégal.
Malgré tout, Faye souligne des « efforts à faire » concernant la collaboration entre les deux pays pour l’accès aux archives françaises sur ce massacre, dont certaines sont encore classées secret défense. Pour Faye, les « tenants et aboutissants » de ce massacre doivent être « éclairés car « nous ne pouvons pas, au motif de vouloir préserver la sensibilité des uns et des autres, fermer les yeux sur cette page sombre de notre histoire commune. »
Concernant les réparations, Faye souligne que l’aspect financier n’est pas le plus important. La question est plutôt de « rendre justice aux personnes qui se sont battues pour la libération de la France et qui réclamaient, comme leurs homologues français, des pécules et qui ont été tuées pour ça. » Dans ce cadre, « les excuses sont importantes, » rappelle-t-il.
Faye déplore aussi « l’impression d’absence, d’une impuissance des Nations Unies » face aux conflits actuels. Dans ce cadre, il réitère que l’ONU doit être plus dynamique mais également plus inclusive. « L’Afrique ne peut pas être absente, » déclare-t-il. Rappelant les évènements à Gaza, Faye dénonce l’organisation actuelle des Nations Unies, où une « résolution votée par 145 pays a finalement été bloquée par un pays: les Etats-Unis. » « Voilà pourquoi l’Afrique réclame fortement une présence aux Nations Unies, à savoir au moins deux sièges dans le Conseil de Sécurité, » explique-t-il, soulignant que l’Amérique Latine en réclame autant. « Comment peut-on ignorer l’Afrique avec tout ce qu’elle représente au point de vue démographique ? » demande t-il.
Lors d’un entretien accordé à France 24, le président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, a mis la pression sur le Fonds monétaire international (FMI), qui tarde à relancer un nouveau programme pour le pays après que le gouvernement ait dévoilé l’existence d’une dette cachée.
Le chef de l’État a rappelé ses précédentes alertes sur les pratiques opaques de l’ancien gouvernement, il y a six ans, et a mis le FMI face à ses responsabilités. Il a expliqué :“En 2018, j’avais écrit une lettre qui avait été portée par le seul député que nous avions à l’époque, l’actuel Premier ministre Ousmane Sonko, qui a été remise au FMI alertant sur le dépassement sur les ressources extérieures. A l’époque, le montant n’était “que” de 236 milliards. Le FMI non seulement ne nous avait pas répondu, mais n’avait pas fait les diligences normales pour mettre un garrot sur ces pratiques. Six ans plus tard, je suis devenu président de la République et j’ai demandé l’application de la loi portant code de transparence dans les finances publiques. Nous avons fait tout ce que nous devions faire, pas pour le FMI, mais pour la crédibilité de notre pays. Le FMI est libre de faire les démarches additionnelles qui le rassurent, nous continuerons notre travail, mais voulons que le FMI presse le pas, pour que nous sachions sur quel pied danser. Et que les partenaires qui attendent le signal du FMI sachent aussi à quoi s’en tenir.”
Bassirou Diomaye Faye a ainsi souligné l’importance pour le Sénégal de respecter ses obligations de transparence financière et d’obtenir rapidement des réponses du FMI afin de sécuriser ses partenariats internationaux.
Le chef de l’État a évoqué aussi la reddition des comptes. « Je fais toujours la différence entre faire la justice et rendre la justice. Rendre la justice suppose respecter la présomption d’innocence de chacun, respecter ses droits à une défense libre et lui assurer un procès juste et équitable. C’est ce à quoi nous nous en tenons au Sénégal, quel que soit le citoyen concerné. Ce sont les règles de procédures et le droit sénégalais qui vont s’appliquer », a fait savoir le chef de l’État.
Malgré les accusations de falsification de la dette publique du Sénégal, Diomaye Faye souhaite respecter le principe de la présomption d’innocence. « Il ne saurait y avoir de présomption de culpabilité sur personne. Chacun est maintenant libre d’exprimer ses opinions, mais quand la justice va se prononcer, quel que soit le cas, elle le fera de manière sereine, sur la base de preuves matérielles qui seront versées devant un juge indépendant et libre », ajoute-t-il.
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