Dans le contexte de changement climatique, les phénomènes naturels ne cessent d’augmenter. Pour avoir des données exactes, l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (ANACIM) en collaboration avec le ministère de la santé et de l’action sociale a mis en place le bulletin climat et santé pour améliorer la planification des autorités. Le climatologue, Mory Touré l’a fait savoir lors de la réunion du Countdown qui se tient à Nairobi.
Les phénomènes naturels comme la pluie extrême, la chaleur et la poussière ont un impact sur la santé des populations. Pour y faire face, le Sénégal a commencé à travailler sur cette question pour rendre opérationnel cette recherche sur le climat et la santé. Ainsi, l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (ANACIM) collabore avec le ministère de la santé et de l’action sociale depuis 2020. Selon le climatologue, Mory Touré de l’ANACIM, un bulletin climat-santé a été mis en place. « Il permet de voir les impacts de la santé dus aux phénomènes climatiques, notamment les vagues de chaleur. Nous l’avons commencé depuis 2020 et jusqu’à présent, il est opérationnel », dit-il. Et de poursuivre : « Maintenant, notre rôle est de voir les impacts et de les quantifier. Nous avons trouvé que quand on a de la chaleur, au Sénégal, particulièrement à Matam, en utilisant effectivement les données sanitaires et celles climatiques. Il nous faut trois jours au moins pour avoir des urgences au niveau des hôpitaux ». De son avis, ces résultats vont permettre aux autorités sanitaires d’améliorer leur planification en matière de santé dans un contexte de changement climatique conduisant à mettre en place un modèle d’impact où l’on pourra dire dans l’avenir, voilà la contribution du climat dans les impacts sanitaires. « C’est un modèle qu’on peut généraliser sur tout le Sénégal, mais aussi conçu en utilisant de l’intelligence artificielle, ce qui est du nouveau », explique-t-il. Il rappelle qu’auparavant, les gens essayaient de tester cela dans d’autres pays, mais utilisaient d’autres méthodes traditionnelles. Revenant sur le choix de Matam, il indique que cette région fait partie des plus chaudes avec la population la plus vulnérable du Sénégal. «Nous comptons effectivement généraliser cette étude au niveau national avec d’autres districts, mais également au niveau de l’Afrique de l’Ouest », souligne-t-il. Et de renchérir : « Quand on veut faire des études statistiques, on n’utilise pas de courtes séries de données. En climat, nous avons de longues séries de données. Depuis 1800 jusqu’à présent, nous en avons. Mais en ce qui concerne la santé, ce n’est pas le cas. Raison pour laquelle, les acteurs sont en train de mettre en place des systèmes qui vont les permettre de digitaliser leurs données ».
En ce sens, il fait noter que le Sénégal fait partie des champions. «Depuis 2019, les données sont digitalisées dans leur base de données, au niveau national et ministériel, de même qu’au niveau des districts dans les registres », renseigne-t-il. Mory Touré reconnait que le système sanitaire n’était pas bien numérisé. « Actuellement, le Sénégal a commencé à travailler dans ce sens. Mais, si on avait effectivement des données sanitaires, numérisées, depuis une longue période, et avec une période vraiment courte, cela va nous permettre effectivement de faire beaucoup de choses et de regarder beaucoup de phénomènes entre ces deux secteurs », dit-il. Il se réjouit de la digitalisation des données. «On a commencé et on espère que cela va continuer. Car cela fait partie de la politique du ministre de la santé et de l’action sociale. Il s’agit de voir entre le domaine de la santé et sa relation avec les autres secteurs, dont l’environnement », conclut-il.
NGOYA NDIAYE (envoyée spéciale à Nairobi)