Le défi, après la collecte et le rapportage des données sanitaires reste son analyse par les agents. Selon le chef de la division du système d’information sanitaire et sociale au ministère de la santé et de l’action sociale, Dr Tidiane Gadiaga, il urge d’amener les agents à les utiliser pour une prise de décision. Il prend part à la réunion du Countdown 2030 qui se tient à Nairobi organisée par African Population and Health Research Center (APHRC).
Après la levée de la rétention des données, les autorités sanitaires font face à son analyse par les agents. Selon le chef de la division du système d’information sanitaire et sociale au ministère de la santé et de l’action sociale, Dr Tidiane Gadiaga, il y a deux niveaux de collecte des données à savoir celles de routine et celles non routines à travers des enquêtes. « Mais au niveau des structures sanitaires, ce sont les données de routine qui sont collectées à travers différents processus avec les registres où les prestataires enregistrent l’ensemble des données sanitaires », dit-il. Et de poursuivre : « Ensuite, de façon périodique, que ce soit par mois ou par semaine, ils font un rapportage physique. Maintenant, l’ensemble de ces données doivent être rapportées dans une plateforme qu’on appelle la plateforme DHIS2. Donc, toutes les structures sanitaires du pays ont un compte DHIS2». Il renseigne que chaque mois, ils font un rapportage dans cette plateforme DHIS2 permettant aux différents groupes d’avoir accès aux données sanitaires du pays. « Les agents sont aptes à cette collecte parce qu’à chaque fois qu’ils sont mis dans un poste de santé ou dans une structure sanitaire, il y a un responsable de district qui doit s’assurer à son renforcement de capacité. C’est-à-dire à son orientation sur le rapportage, mais également sur comment renseigner la plateforme DHIS2 », fait-il noter. En ce sens, il fait savoir que maintenant, le défi, n’est pas uniquement le collecte et le rapportage, mais plutôt comment amener les agents à pouvoir analyser eux-mêmes les données et à les utiliser pour une prise de décision. Dr Tidiane Gadiaga reconnait que le Sénégal est confronté à un problème dans le cadre de la gestion des données avec la rétention observée par les partenaires sociaux à l’occasion de grèves. «Depuis septembre 2022, il y a eu quelques épisodes de rétention de données au niveau du pays, de septembre 2022 jusqu’en décembre 2024. C’est au mois de janvier 2025 qu’il y a eu la levée de la rétention. Maintenant, cette rétention de données va naturellement jouer sur la qualité parce que le système est obligé de travailler sur des données qui sont incomplètes. C’est-à-dire qu’il y a plusieurs structures qui malheureusement ne transmettent pas leurs données dans la plateforme DHIS2. Ce qui fait qu’avec des données incomplètes, l’analyse et l’utilisation des données qui devaient se passer correctement devient quasi impossible », martèle-t-il.
« En matière de santé publique, toutes les interventions doivent se baser sur des données factuelles et de qualité »
Sur l’importance d’avoir de bonnes données de qualité, le médecin spécialiste en santé publique indique qu’en matière de santé publique, toutes les interventions doivent se baser sur des données factuelles et de qualité. « Quand vous voulez faire une intervention de santé publique dans le cadre de la politique de santé publique également du pays, vous devez avoir des données de qualité qui devront vous permettre d’analyser au niveau de vos zones respectives », tient-il à préciser. De son avis, pour faire une bonne politique de santé publique et des interventions pertinentes, il va falloir disposer des données de qualité. «Actuellement, depuis janvier 2025, suite à la levée de la rétention des données sanitaires par les partenaires sociaux, on peut dire que l’ensemble des districts ont commencé à saisir les données dans la plateforme des DHIS2. Il reste actuellement peut-être certains districts qui sont toujours à la traîne, mais le niveau de complétude a quitté moins de 30% avec la rétention pour aller jusqu’à 80% », se réjouit-il. Il souligne que l’analyse et l’utilisation des données est le meilleur indicateur pour une autorité sanitaire de décider sur là où elle doit faire une intervention. « Il n’y a que les données qui pourront vous dire que, par rapport à l’intervention que vous allez mettre en œuvre, il va falloir intervenir sur telle zone pour être efficient dans le cadre de la gestion des ressources. Ce sont les données qui pourront permettre à l’autorité de bien gérer ses ressources, de les investir là où il va falloir le faire et d’être beaucoup plus efficient », explique-t-il. Il laisse entendre que la direction de la planification de la recherche et des statistiques travaille avec toutes les directions et entités du ministère et même en dehors du ministère. «C’est une division qui pourrait avoir beaucoup plus d’autonomie si son ancrage était beaucoup plus élevé pour sa transversalité », estime-t-il.
Ngoya Ndiaye, envoyée spéciale à Nairobi