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Entre bradage du foncier et déclassement de forêts : Le Sénégal fait face à une urbanisation galopante, une atteinte à l’environnement

Au Sénégal, les populations assistent, impuissantes, à l’agression continue des poumons verts avec ses corollaires de maladies comme l’asthme, entre autres. Sans occulter l’avancée du désert du Sahara qui fait exploser les thermomètres rendant la vie difficile dans certaines parties du pays. La bande des filaos de Guédiawaye dont le déclassement est justifiée par la création d’infrastructures et la forêt classée de Thiès où devrait être bâtie une nouvelle ville, ne sont qu’une infirme partie des déclassements inouïs des régimes successifs portant un sacré coup à l’environnement dans un monde, pourtant de plus en plus menacé par un réchauffement climatique.

L’arrêt des travaux sur le littoral, y compris la bande des filaos de Guédiawaye, décidé ces dernières semaines par le régime du président de la République, Bassirou Diomaye Faye, rappelle l’ampleur de l’occupation de zones initialement destinées à la préservation de l’environnement. Les interdictions de construire à Mbour 4 dans la ville de Thiès, constituent elles aussi,  une preuve de l’accaparement foncier.

A Thiès, c’est une forêt qui a été déclassée par décret n°2023-266 du 3 février 2023 par l’ancien président de la République, Macky Sall, pour la création d’une ville dotée d’infrastructures modernes de dernières générations. Dr Abdoulaye Baldé, ci-devant directeur de l’Agence de promotion des grands investissements de l’Etat (Apix), avait annoncé, au temps, la déclassification de la forêt classée de Sébikotane, pour reloger les impactés de la seconde phase du Train express régional (Ter) qui va de Diamniadio à l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd) de Diass. «Un espace a été trouvé dans la forêt classée de Sébikotane où 65 hectares ont déjà été déclassés, sur la base d’un décret», avait-t-il confié.

Les autres présidents n’ont pas fait mieux que Macky Sall. Juste après son élection, a rappelé Sud Quotidien dans son édition du 21 mars 2019, Me Abdoulaye Wade a déclassé plusieurs forêts dans la région de Saint-Louis. Il s’agit, entre autres, de la déclassification par décret n°2000-255 du 28 mars 2000 de 11 hectares de la forêt de Leybar, classée le 2 juillet 1934 sous le numéro 1538.

Le même décret a permis de déclassifier partiellement, dans le parc forestier de Richard-Toll, une superficie de 20 hectares, classée sous le numéro 2880 du 12 avril 1954 et 1 hectare pour la construction d’une station d’épuration des eaux usées par la Sénégalaise des Eaux (SDE). Toujours à Richard-Toll, ledit décret a permis, sur les 378,5 hectares classés le 28 juin 1932 sous le numéro 1587, de déclasser 10 hectares pour la restructuration du quartier Khouma.

Abdou Diouf, quant à lui, a délaissé une forêt classée à Thiès de son étendue pour installer les ciments du Sahel.  Sur une superficie de 11.600 hectares classés sous le numéro 1943 en date du 28 août 1934, un étendu de 500 hectares avait été cédé à l’entreprise, par décret n°2000-254 du 15 mars 2000. Sans occulter les hectares de Khelcom attribués à la communauté mouride.

D’ailleurs, Khelcom, avec ses 45.000 ha attribués à feu Serigne Saliou Mbacké, le 5e Khalife général des Mourides, est considérée comme la plus importante, en termes de (grande) superficie, déclassification de forêt au Sénégal. Ce qui avait suscité la colère des bailleurs de fonds, européens en particulier, et de militants écologistes qui dénonçaient son déclassement. Même si des voix s’élèvent pour souligner qu’elle n’était pas classée au moment de son attribution à Serigne Saliou Mbacké.


Ces déclassements ne sont pas sans conséquences. A Dakar, par exemple, Action pour la justice environnementale (Aje) dénonce l’octroi d’une partie de la bande des filaos de Guédiawaye à des usagers, déplorant ainsi une dégradation de l’environnement.  Mieux, la bande des filaos est un moyen de lutte contre l’avancée de la mer.  Dakar étouffe aussi à cause d’une urbanisation galopante qui a comme conséquence une bétonisation de la capitale qui est en phase de perdre ses poumons verts.

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